dimanche 5 avril 2015

LES OPPOSANTS POLITIQUES AFRICAINS EN MANQUE DE "BREVET DE GOUVERNABILITE"


Les peuples africains recherchent, attendent, se plaignent, détestent leurs opposants. Cette relation complexe est le fruit d'une chaîne de déceptions et de désirs non satisfaits. Ces opposants issus des rangs de l’opposition ou du système en place n'ont pas su à mon humble avis dans la grande majorité sceller « la rencontre d’un homme avec son peuple » à travers un programme politique crédible, clair et reconnu. Ces opposants se présentent souvent comme les meilleurs défenseurs de la démocratie, parfois jusqu’à la caricature. Sauf que la conduite de la conquête du pouvoir, nous fournit comme élément d'analyse, un "panier à crabes en activité", composés d’experts en impuissance collective. Si être opposant se résume à une grotesque guerre des égos, ou à l’étalage des ambitions, cela est dangereux pour cette même démocratie qu'ils prétendent vouloir protéger. Quand l'ambition tient lieu de projet politique, plus rien n'a de sens (certains opposants confondent l’ambition d’être président et la structuration d’un vrai programme politique comme réponses aux sept faims du peuple). Le danger est que l'absence de projet politique, laisse la place libre à toutes les ambitions même les plus meurtrières. Nous relevons, en cette période de stratégie de positionnement et campagne de communication politique, en vue des échéances politiques et électorales, dans plusieurs pays africains, que l'énergie clivante des opposants et oppositions risquent de ne pas résister au talent fédérateur des présidents actuels. Il faut pour l’opposition, une énergie fédératrice au service de ses convictions et de ses appétits de conquête du pouvoir. L'opposition doit pour gagner, nous décrire la façon par laquelle l'inscription de sa victoire, naît de la construction de l'obsolescence du système politique antérieur.

Cette exigence du temps et des peuples, nous incite à analyser la valeur ajoutée des oppositions actuelles en cours d'agitation. Cette valeur ajoutée des opposants africains comme appareil de solutions peine à se déterminer, à être lisible, quantifiable et transmissible comme modèle. 

Les opposants africains à la recherche d’un galon de gouvernabilité

Les peuples des 54 pays africains deviennent des élec-acteurs. Cela leur donnent des droits et devoirs. Ils sont devenus conscients de leur pouvoir. Ils disent tous en chœur que si le jeu est réellement démocratique, ils savent se faire entendre et promettent aussi par leur discipline, d’accompagner le vainqueur jusqu'à la victoire finale, à condition que la connexion entre le programme et les sept faims du peuple (les thématiques sociales) soit accomplie. Le cas du Nigéria devient un cas d’école.
     
Aujourd'hui les oppositions africaines ne peuvent pas faire l'économie « des bruits du peuple » en ayant pour seul axe stratégique, politique et médiatique, le "tout sauf lui". De 2015 à 2020, les peuples africains ont « sept fois faim ». Ces faims sont invalidantes pour la majorité de la population. Ces faims constituent le terreau des oppositions et des opposants politiques. Ces faims dictent actuellement « l’agir et le vivre ensemble des peuples africains », fissurent l’unité nationale, cristallisent les rancœurs et génèrent, une pandémie de frustrations. Ces faims donnent à la rencontre oppositions-élec-acteurs une intensité particulière, fondée sur des attentes multidimensionnelles. Tellement particulière, que le manque de ressources, de moyens, de logistiques, d’intelligences couplé aux projets politiques non chiffrés, sans planning d’exécution, font d’eux des opposants incapables de développer la stratégie du référent. En d’autres termes, être le premier à parler, dénoncer, critiquer, orienter, proposer le débat en fonction de la désinformation ou de l’information, ou encore de l’intérêt politique.

Les opposants africains manquent de brevet de gouvernabilité

Les opposants politiques africains dans leur grande majorité sont tout sauf des managers. Les campagnes politiques qui s’annoncent donneront l'occasion de le révéler à leurs dépens.  
DB CONSEILS a ouvert le CAHIER DES CAMPAGNES PRÉSIDENTIELLES DE 2015 à 2017 sur toute l’Afrique francophone. Ce cahier de campagne Présidentielle, nous servira de marqueur sur leurs "travers" pour souligner les forces et faiblesses des candidats sur le chemin de la victoire ou de l’insuccès.

Notre mini sondage nous renseigne, que le crédit des opposants africains s'épuise, car à ce jour, rares sont ceux qui proposent mieux que les réalisations actuelles des régimes en place, et les déclarations tonitruantes ne masquent pas l’incapacité de ces derniers à solutionner les « sept faims du peuple ».

Le message aux figures de l’opposition est tout aussi clair, les peuples disent: nous voulons vous faire confiance, mais il nous faudra des preuves de votre aptitudes à gouverner, votre capacité à faire mieux que l’actuel homme fort qui, malgré les crises, les guerres, les blocages et l’environnement international peu enclin à l'accompagner, a mis en place, « les bases nécessaires pour un développement harmonieux ».
Le souverain primaire comme on aime à le dire à Kinshasa, c’est-à-dire le peuple, a inscrit la culture du résultat dans ses exigences de choix du candidat.

A ceux qui votent du fait de l’appartenance à un nom, à une tribu, région ou à une province, les peuples dans leur ensemble ont compris, qu’ils ne vont pas perdre, leur rationalité aux dépens d'enjeux émotionnels qui font vite glisser vers l'arbitraire, la guerre, ou les troubles publics. 
La satisfaction des sept faims va donc pousser à voter celui qui travaille dur, pour résoudre ses problèmes sociaux de base.

Les peuples sont des élec-acteurs de plus en plus conscients de leurs intérêts. Ils reprochent aux oppositions et opposants, le manque de cohérence entre le discours et les résultats dans la durée. Or à l’exception du Président de la République, personne n’a un bilan à impact visible aussi édifiant. Mais, une campagne de communication politique du Président axée sur le bilan, risque d’être une erreur stratégique aux conséquences lourdes. Car tout bilan est clivant. Le Président-candidat doit rassembler au-delà de sa majorité. Une campagne sur le bilan aussi édifiant soit-il risque de le présenter comme l’homme des actions passées. C’est le pays au futur et à l’unisson que le peuple doit chanter, rêver, attendre, humer, sentir, vivre, et habiter. 

Qu’est-ce que c’est un brevet gouvernabilité ? 
  • Tourner le dos à l'essentiel de ce qui vous a permis de grimper jusque-là, c'est à dire être en rupture avec le régime, les compagnons de lutte, les soutiens qui vous ont permis de devenir opposants à ce jour. Car vos arguments, vos atouts (à savoir l'occupation médiatique en critiquant les faiblesses du régime politique devenu gruyère) deviennent face à la réalité de la gestion d’une opposition politique, un handicap.
  • Se faire l'avocat systématique des électorats en souffrance,.
  • Être loin du pouvoir alors que vous êtes un des anciens proches du système gruyère.
  • Montrer qu'on est apte à exercer le pouvoir en tant que leader, stratège et non gestionnaire de sa victoire ou de son ethnie. 
  • Etre capable d'imposer son autorité de compétence, construire une nouvelle personnalité et y installer sa nouvelle identité visuelle 
  • Être à l'intérieur du peuple, pour ressentir ce qu'il ressent, quand les responsabilités vous en éloignent
  • Rester incontesté en interne quand la structure du parti se complexifie à l'approche de la présidentielle 
Un brevet de gouvernabilité est donc votre légitimité historique et culturelle, vos capacités intellectuelle, économique, sociale, médiatique et physique à répondre techniquement à l'intégralité des problèmes de société d'un peuple à savoir les sept faims:
  1. La faim pour se procurer un toit décent (politique nationale d’urbanisation, programme nationale de la ville, programme d'expropriation et d'indemnisation foncière, politique nationale de l’habitat, plan national d’accès à la propriété, etc…)
  2. La faim pour se nourrir (Programme national d'attractivité économique, plan national de stratégie de développement, programme national des 3 repas par jour, programme  national des coopératives agricoles, le fonds de soutien agricole, le programme national de mécanisation de l’agriculture, la banque des agriculteurs, etc…)
  3. La faim pour s’habiller (Programme de développement de l’industrie textile, organisation des filières textiles, fonds de garantie des industries textiles...)
  4. La faim pour éduquer et s’éduquer (Programme national des universités, plan de développement de l'économie de la connaissance, refonte des programmes nationaux de la maternelle à l'université, plan national d'éducation civique, programme des jeunes talents, plan innovation et développement économique,…)
  5. La faim pour gagner mieux sa vie (la méritocratie nationale, plan tolérance zéro, plan de management des ressources humaines nationales, le programme national de développement de l'initiative privée, plan des départements de l'entreprise…)
  6. La faim pour vivre heureux (Programme Only Pays par exemple, Programme national du nouveau vivre et agir ensemble, plan national d'attractivité touristique et culturelle, plan gestion des espaces, environnement économique et développement durable…)
  7. La faim pour soigner sa famille (refondation du système national de santé, sécurité sociale nationale, refondation des centres hospitaliers universitaire, formation des personnels de santé, création des laboratoires pharmaceutiques, nouvelle politique nationale de prise en charge des patients...)   
Je définis le brevet de gouvernabilité, comme un système politique de solutions, de réponses radicales, volontiers polémiques d'un leader politique. Celui-ci tranche en tout cas avec le système gruyère en place, en se saisissant de grands sujets publics, des thématiques sociales des électorats en souffrance (jeunes sans emplois, chômeurs, les déçus du système gruyère, cultivateurs, paysans, fonctionnaires, chercheurs, professions, libérales, commerçants, forces publiques, retraités,...) en vue de porter le changement d'espérance tant attendu. 
Pourquoi un brevet de gouvernabilité ?
  • Parce qu’il y a l'usure des valeurs liée à l'inflation haineuse
La violence appelle la violence, toute stratégie autour du désordre, de la peur et de la violence fera un mauvais opposant. Qui dit mauvais opposant, prépare une mauvaise opposition. Toute occupation du terrain médiatique du fait des troubles, des heurts, des affirmations gratuites, du tout sauf le Président en place, ne s’appelle pas stratégie politique. Les figures de l’opposition managent  les personnalités de leur bureau politique ou conseil national en chef de meute : les fidèles sont récompensés, les dissidents exclus, les fortes personnalités se font limer les crocs. Le Pays n’est pas une meute ethnique. En cette période riche en intensité, l'autorité s'use quand on en abuse, la violence piège le violent.  À force de répéter tout sauf LUI, sur tous les fronts, on finit par dévaloriser son capital confiance, son image de rassembleur, son image de sage et d’expérimenté, son autorité. Une sorte d'usure des valeurs liée à l'inflation haineuse. Les figures de l’opposition n’ont pas encore compris que l'omnipotence n'est plus à la portée des dirigeants de l’opposition : ils doivent savoir s'entourer, valoriser, déléguer, pour entraîner leurs collaborateurs à préparer la victoire pour une meilleure relève.... Leur panache blanc ne suffit plus. Seule l'aune du projet permet de jauger l’opposition. Pour l’instant faute de projet visible, audible, palpable, crédible, mesurable et quantifiable, nous avons du mal à jauger les opposants. Nous sommes au cœur du trou noir de leur organisation politique, de leur incapacité à bénéficier de notre brevet de gouvernabilité.
  • Parce que le changement d’espérance, impose la destruction politique créatrice
On peut définir le processus de destruction politique créatrice comme étant le mouvement permanent de destruction politique d’activité lié aux anciennes organisations et de créations de nouvelles stratégies innovantes d’organisation, de mobilisation, de communication et de gestion des organisations politiques et de l’État, conformes aux nouvelles innovations. Les éléments neufs vont remplacer les anciennes logiques de pensée, d’organisation, de gestion et de fonctionnement grâce à un plan global de gestion des intérêts communs. Par voie de conséquence, il faut un changement d’espérance en créant des positions de force avant de négocier avec le pouvoir en place ou l’opposition. D'où, la nécessité de mettre un terme aux guerres intestines en interne et de disposer des bases avancées dans le camp de l’adversaire en vue d’une "diplomatie totale" facteur clé de l’innovation politique. Est maître des lieux, celui qui les organise.

Barack OBAMA: la plus belle opposition jamais organisée

« Lorsqu'il annonce sa candidature le 10 février 2007, Barack Obama est un politique peu connu, sans réelle expérience nationale avec seulement deux années de présence à Washington comme sénateur de l’Illinois. Comment expliquer, dès lors, sa formidable victoire contre Hillary Clinton dans les primaires démocrates et son succès historique le 4 novembre 2008 face à John Mc Cain ?

Cette victoire, il la doit certes à ses qualités personnelles, son charisme exceptionnel. Il la doit tout autant à une campagne révolutionnaire : « la meilleure campagne jamais réalisée », selon les propres termes de Barack Obama. Sa campagne est d’un genre nouveau : il ne s’agit plus d’une campagne politique traditionnelle, de conviction des électeurs, mais d’une campagne visant à créer un mouvement, une campagne de mobilisation.

La meilleure organisation politique face aux masses silencieuse, abstentionniste et sceptique

La destruction politique créatrice en ce qui concerne Barack OBAMA réside dans trois innovations :
  • La mobilisation citoyenne
  • La mobilisation militante
  • La mobilisation électorale
Les opposants historiques africains mènent généralement une campagne charismatique, qui pose à terme des problèmes. Si elle mobilise, elle est aussi clivante. Le processus de destruction créatrice grâce aux innovations assure le renouvellement permanent des leaders, des structures de co-production des connaissances et des techniques de gestion des partis et de diffusion des informations. Les nouvelles innovations entraînent l’obsolescence et la disparition des anciennes architectures du parti: 
  • anciens messages, dirigeants, organes, électorat, 
  • anciennes méthodes d’organisation et de gestion, alliances et gestion des complexités, 
  • et anciens types de mobilisation militante.
La revitalisation de l’intelligence politique a un rôle moteur, elle est à la source des améliorations de la productivité du parti et donc de l’accroissement des innovations intellectuelles, d’une meilleure adaptation des acteurs de terrain face aux exigences et évolutions des sept faims. Les innovations nouvelles réduisent l’efficacité des anciens appareils et confèrent aux leaders innovants une nouvelle situation de monopole qui leurs assurent une dynamique nouvelle articulée par étapes et projets politiques. 

De nombreux types de situations, d'opportunités et de contextes déclenchent le processus de destruction politique créatrice :

  • les nouveaux contextes, nouvelles opportunités politiques, les contextes internationaux et régionaux en évolutions permanentes ;
  • les nouvelles sources de conflits internes et de compétences internes et celles de la diaspora, les nouveaux moyens de gestion innovante du parti ;
  • les nouvelles formes d'organisation et de management, les nouveaux moyens financiers ;
  • les nouvelles méthodes de marketing politique ou de communication politique, les nouveaux moyens de communication (aujourd'hui les TIC) ;
  • le village planétaire, l'information sans frontière ou les nouvelles façons d'influencer les décideurs politiques, les nouveaux moyens de fraude.
Nous distinguons à l'origine cinq types leviers complémentaires d'action et d'innovations :
  1. la fabrique des consensus 
  2. les nouvelles méthodes de co-production des connaissances;
  3. l'ouverture de nouveaux modes de pensées
  4. l'effritement des idéologies et les nouvelles formes de financement d'un parti
  5. une nouvelle organisation politique du travail interne 
La chance des indépendants et des opposants sans bilan

Pour les candidats sans bilan, il y a l'exemple d'OBAMA qui a gagné sans bilan, sans expérience ministérielle, mais a su rassembler autour d’un projet clair, disponible, chiffré, porteur d’idées nouvelles, d’espérance, autour de l’Amérique, ses valeurs, ses richesses. Il a atomisé le peuple américain, donner du changement grâce à des idées et une bonne connaissance du terrain et des américains...Tout est possible avec beaucoup d’intelligence, j'insiste beaucoup d’intelligence, de talent et d’innovation, de rigueur, de courage, de volonté, d’énergie renouvelable, une organisation quasi militaire, un maillage national de sa présence,  de la constance dans l’effort et une superbe communication comme nécessaire levier complémentaire pour la victoire.

J'entends certains me dire que le contexte est difficile, incertain, voire impossible, je vous le concède, mais le combat politique en Afrique oblige ceux qui veulent être à contre courant, de prendre la mesure de l'ampleur de la tache et de la difficulté des moyens. L'absence d'idéologie est une fragilité permanente des oppositions, l’improvisation africaine, la minable gestion du temps, le calvaire des interminables compromis, la méthode irresponsable de "Dieu va faire", la débrouillardise, la gestion désarticulée des intérêts multiformes, sont les meilleurs moyens de souffrir et d'être écrasé. Aucun opposant ne pourra gagner seul, il lui faut une équipe disciplinée, des professionnels aguerris, gage de sérieux et de professionnalisme, sur laquelle s’appuient des équipes-terrain, bien rémunérées (la gratuité n'existe que vos têtes), en rangs serrés qui délivrent un message à l’unisson. Tout est possible même avec très peu de moyens grâce à une gestion rigoureuse  de l'opposition, des groupes d'opposant et des futures campagnes. 

Alors, comment gagner une campagne électorale ? Quelques points clés gratuitement mis à votre disposition de stratégie de communication politique et marketing politique: cas concret:
La semaine prochaine - LE STAR SYSTEM

Patrice PASSY
Directeur associé




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