lundi 23 février 2015

Les alternances à la violence politique dans le processus décisionnel du chef en temps de crise



Influencer, c’est faire surgir, par des manipulations contextuelles ad hoc, un sens qui s’impose aux interlocuteurs et les amène à agir en conformité avec lui. Bien entendu, le manipulateur a prévu ce sens, de telle sorte que l’action qui lui correspond soit en accord avec ce qu’il attend. […] Si le sens d’un phénomène ou d’un objet est relatif au contexte dans lequel il se trouve ou, plus généralement est relatif à la situation dans laquelle il s’insère, alors, manipuler le sens passe par une manipulation de la situation. Le cas le plus récent est la crise ukrainienne. En effet, c’est en changeant les caractéristiques de la situation que je changerai le sens du phénomène, puisque sa signification est corrélative de cette situation ».
Mais la construction des stratégies d’influence contemporaines (par nature délicate puisqu’elle réclame davantage d’intelligence, c’est-à-dire de subtilité, d’adresse, de rigueur et de froideur, que la violence) se double d’une seconde difficulté : l’intensification de la complexité et de l’incertitude de notre monde globalisé et structuré en réseaux. Pour le dire autrement, l’explosion du nombre de « parties prenantes », aux interconnexions permanentes et multiples, conduit à raffiner à l’extrême les processus d’influence.
Les acteurs politiques africains se laissent trop facilement tenter par la violence en cas de situation conflictuelle. Si la violence intervient lorsque la parole devient inopérante, est-il encore nécessaire de tuer l’Autre en cas d’opposition d’idées, d’intérêts conflictuels dans un monde où les acteurs avisés savent et entendent tout ce que vous faites ?

La fabrique de consensus est une construction des stratégies d’influence que nous proposons comme alternative au passage à l’acte violent dans le processus décisionnaire du chef en temps de crise.

Elles expriment et structurent les affrontements d’acteurs dans l’ensemble des sphères de compétition entre les collectivités humaines, les modèles culturels et les organisations privées. Il ne s’agit plus vraiment de terrasser le rival de manière agressive, mais de le priver en douceur (en avançant masqué ou en affichant une parfaite hypocrisie) de sa liberté de mouvement, de contraindre ses choix, de limiter ses possibilités et ses perspectives de gains en aménageant l’environnement global dans lequel il évolue, ceci afin d’assurer son déclin progressif et sa propre suprématie. N’importe quel individu, n’importe quelle organisation, tente d’influencer ses interlocuteurs, qu’ils soient des partenaires ou des rivaux. L’influence (qualifié par Joseph Nye de Soft power, lequel repose en fait sur l’art du storytelling) constitue en fait l’une des trois seules options opposables à la violence (à l’affrontement physique, matériel), c’est-à-dire qu’il se définit comme le quatrième mode d’intersubjectivité possible entre les êtres humains. Le premier est précisément la guerre (au sens militaire, synonyme de violence), le deuxième est la négociation  (fondée sur l’intérêt, l’utilité, dans le cadre d’un échange, peu importe sa nature), et le troisième l’amour, thème sur lequel Luc Ferry a récemment tracé des perspectives stimulantes. Et pour parvenir à influencer l’Autre, quatre chemins s’avèrent disponibles : l’exemplarité, l’argumentation (fondée sur la discussion, l’échange d’opinions et de réflexions s’enchaînant dans une dynamique rationnelle), la séduction et la manipulation.

2015-2025 - HOMO AFRICANUS : De la violence politique aux stratégies d’influence

Les situations politiques et économiques, au cours de cette prochaine décennie,  vont être complexes et souvent très difficiles à gérer dans un contexte où le droit d’ingérence humanitaire et le paravent démocratique donnent aux puissances externes à l’Afrique, le droit de déstabiliser un régime et décider du maintien ou non des régimes gruyères africains.  La nouvelle donne me fait dire qu’il n’est pas bon actuellement de tout gérer par la violence politique et que le temps des dictatures brutales est presque révolu. Le tryptique « information-émergence économique-thématique sociale » nous incline à penser que la violence d’État en 2015-2016 ne sera plus une solution politique au cours de cette période où la parole risque d’être opérante face à la violence des intérêts conflictuels et clivant en jeu.

Les experts de DB CONSEILS se proposent de rendre publique certaines alternatives à la violence politique dans un contexte africain réputé violent, sans respect de l’Autre, généralement en panne d’imagination et d’idées novatrices. La gouvernance du monde se complexifie et évolue sans cesse, plusieurs paradigmes vieillissent et de nouvelles complexités imposent aux élites africaines de produire de nouveaux concepts pour faire face de manière endogène à cette évolution. Dans un rapport du faible au fort sur le plan international, les États africains souffrent d’une obsolescence créative en termes de doctrine, d’idéologie  et d’influence.  En interne, nous relevons, un manque de visibilité des choix capacitaires des partis politiques, l’absence d’approche réaliste pour assurer une réelle résilience face aux incertitudes et aux complexités politiques. Les déficits structurel et théorique en termes d’audace conceptuelle réduisent les acteurs politiques à copier-coller tout ce qui est possible de l’être. Malheureusement, dans un rapport du faible au fort (majorité présidentielle-opposition), l’asymétrie des moyens et des rapports de force pour l’opposition et, les contraintes d’un monde ouvert pour le pouvoir en place, imposent aux différents acteurs, une nouvelle gestion des crises, des situations critiques ainsi que des événements imprévisibles.

COMMUNICATION D'INFLUENCE et MANAGEMENT DE LA PERCEPTION
LA FABRIQUE DE CONSENSUS

Nos travaux internes en communication d’influence et management de la perception, en amont de nos missions, nous ont permis de mettre au point un appareil de solutions adapté au contexte africain et surtout franco-africain appelé : LA FABRIQUE DE CONSENSUS.  Nous vous proposons ici quelques solutions issues de notre expérience structurée autour des logiques de matrices.

La logique des processus décisionnaires
Majorité présidentielle / Opposition

Ne jamais comprendre un conflit (modification de la constitution par exemple) comme l’opposition entre deux ennemis (en Afrique l’adversaire politique n’existe pas, il est considéré comme un ennemi, donc à neutraliser, pardon, à tuer…La différence est lourde de sens dans les logiques d’action et d’approche. Cette vision est à proscrire dans notre fabrique de consensus). Dans un conflit de positionnement et de communication, il faut comprendre ce conflit, comme une opposition entre leurs (majorité/opposition) processus décisionnaires. En d’autres termes, dans la prise de décisions, l’adversaire politique utilise l’information dont il dispose sur :
  • le point en conflit,
  • la zone d’intérêt conflictuel
  • ses propres militants et sur les vôtres,
  • sa capacité à voler.
La stratégie consiste à influer ses canaux d’information en envoyant des messages qui fassent basculer le flux d’information dans une direction qui vous soit favorable. A vous de traduire le raisonnement adverse par une série de boucles interdépendantes (logistique, finance, soutien populaire, moral des militants, opinion internationale…) afin de pouvoir cibler des actions précises pour mener des opérations d’influence. Une stratégie d’influence ne peut être efficace que si plusieurs conditions sont réunies. Impérativement pensée sur le long terme, la stratégie d’influence se doit d’identifier clairement les cibles afin de définir précisément le message pour que celui-ci ait un sens et puisse fournir les repères à l’action. La stratégie ne peut être un succès que si elle arrive à influencer « ceux qui font l’opinion ». Les trois types de cibles à atteindre sont: les relais d’opinion et d’influence, les décideurs publics et privés (groupe de pression, collectivité locale, réseau diplomatique, chambre de commerce et d’industrie…) et « les parties prenantes », c’est-à-dire le peuple, les masses laborieuses. La stratégie d’influence ne peut aboutir que si ces « parties prenantes » adhèrent et comprennent les enjeux.

La logique du « contrôle réfléchi » réflexive control

Il ne suffit plus de contrôler la médiasphère, mais il s’agit de produire de la connaissance orientée vers vos résultats et une information ciblée afin d’exercer votre influence substantielle dans l’infosphère, dont la présence continue s’avère indispensable. Dans ce monde devenu ouvert où le monde avisé vous regarde,  sait et entend ce que vous dites et faites, l’univers informationnel globalisé devient à la fois un allié et une menace. Vivre à la marge de ce monde est suicidaire, il faut donc développer des outils indispensables et parfaitement adaptés aux moyens dont vous disposez pour être et durer dans la sphère numérique de l’Autre.

Dans un rapport du faible au fort, opposition/majorité, les acteurs oublient souvent la force et l’importance de la distraction. En clair fixer et mobiliser l’adversaire sur un point fixe est jugé en fait secondaire. Il s’agit tactiquement de maintenir les forces de l’adversaire dans la phase préparatoire d’un conflit, en lui faisant croire à tort qu’une menace existe sur sa position. La suggestion, c’est la puissance du faible, elle vise à diffuser de l’information ayant un impact sur les réalités idéologiques, coutumières, tribales, morales ou légales de l’Autre. La saturation, est votre capacité à produire de la connaissance, de l’information qui se traduit par l’envoi massif d’informations contradictoires, visant le brouillage de la compréhension de l’autre.

Dans un rapport du faible au fort l’influence apparait comme le sens moyen de rétablir l’équilibre des positions et quelques fois des forces déséquilibrées. Enfin, le brouillage informationnel a pour rôle de faire perdre le contrôle de l’information à l’adversaire. La finalité étant d’acquérir une domination informationnelle. Le postulat étant que la capacité stratégique d’un adversaire est significativement relative à sa capacité de gouvernance informationnelle ainsi qu’à la perception des parties prenantes.

L’absence d’une réflexion transversale : l’idéologie

Un soir, je discutais avec un célèbre homme politique africain sur l’affaissement de la production théorique, de la faiblesse de l’effort intellectuel des cadres des partis politiques, après les parenthèses démocratiques africaines des années 90 (les fameuses conférences nationales « souveraines »). Il ressort de cet échange, constat partagé, celui d’un déficit doctrinal et d’un manque d’audace conceptuelle dans les partis politiques africains. Sans vouloir disserter sur l’idéologie retenons tout de même, en ce qui vous concerne, qu’une idéologie est un moyen au service d'une fin. Elle est importante en ces temps difficiles et conflictuels, car une idéologie confère une autorité à des principes d'abord, d'où découleront tous les autres, à des gens ensuite, qui interpréteront ces principes, le Parti, par exemple. Une idéologie, c’est une force en marche, une idée de tête en tête. Elle a besoin de vecteurs et relais. Son succès dépend des configurations stratégiques et techniques qui lui confèrent plus ou moins d’impact. On l'adapte et on l'adopte : elle s'intériorise. Pour cela, il faut des médias pour transmettre le message (et, si possible, étouffer le  message contraire), Il faut s'adapter à un milieu à conquérir et il faut enfin et surtout une stratégie et des gens. Une stratégie pour propager l'idéologie, par exemple une technique de prosélytisme ou de propagande. Il faut des gens pour commenter, illustrer et faire passer l'idéologie. Selon les lieux et les époques, ces gens-là se nomment des missionnaires, des militants, des journalistes, des intellectuels, des minorités actives... La propagation d'une idéologie requiert donc :
  • le bon message. Le bon message est certes "persuasif" donc capable d'entraîner la conviction de celui qui le reçoit par une démonstration (administration de preuves dont éventuellement des preuves par l'image, mais aussi raisonnement amenant le destinataire aux mêmes conclusions que vous), mais il est aussi émotif. Au-delà de la question de la démonstration rationnelle ou pseudo-rationnelle, il s'agit aussi de toucher la corde affective, de provoquer des sentiments d'admiration, de répulsion, d'indignation, d'enthousiasme, etc.
Toute stratégie d’influence repose donc sur un volet idéologique fort

 Une bonne idéologie permet d’éviter généralement l’apparition de l’ennemi intérieur dans un parti ou dans un pays. Une idéologie, ce n'est pas seulement une idée à laquelle on peut adhérer ou pas, ce n'est même pas un corpus, un ensemble de notions et affirmations ayant une relation de cohérence entre elles, c'est un code : une machine à produire de nouvelles interprétations conformes aux finalités du modèle. Une idéologie permet tout à la fois de rêver, de croire que l'on possède une explication du monde. Enfin l'idéologie sert à rentrer dans une communauté (avec tous ceux qui partagent la même vérité que vous). Le déficit doctrinal des partis politiques africains fait de leur positionnement politique ainsi que de la stratégique de communication, une expression d’égos surdimensionnés. Une idéologie, ce n'est pas seulement une idée à laquelle on peut adhérer ou pas, ce n'est même pas un corpus, un ensemble de notions et affirmations ayant une relation de cohérence entre elles, c'est un code : une machine à produire de nouvelles interprétations conformes aux finalités du modèle. 

Patrice PASSY
Conseil en Intelligence Economique et Communication d'influence

dimanche 22 février 2015

APPEL A L'INSURRECTION DE L'AUDACE CONCEPTUELLE


L'Afrique est-elle capable de profondes transformations pour développer une autorité de puissance avec ses deux milliards quatre cent mille habitants en 2050 ? Deuxième puissance démographique au monde dans 30 ans, il est temps de conceptualiser les contours de cette puissance. 


Le contexte 

En 2015, les peuples africains vivent dans un monde où les nouveaux rapports sont marqués par la concurrence violente que se livrent des États dans la course au leadership mondial. La plupart des enjeux, qui conduisent la vie quotidienne africaine, sont issus de choix globaux, qui sont en fait un habitacle imposé. Que l'on regarde la conduite de ces économies, le contrôle de leurs finances publiques, la mise en ordre des systèmes financiers mondiaux qui les affectent, l'industrialisation africaine est nécessaire. Il y a urgence d'une harmonisation du droit des affaires, des fiscalités applicables aux entreprises à l'intérieur de nos États, de la mise en place d’une vigoureuse réponse structurelle sur le "bouquet de manque africain", d’organisation de vraies politiques sociales collectives et individuelles, d'indispensable investissement dans les métiers d'avenir où ses ingénieurs sont loin de constituer une taille critique pour freiner le développement. Tout en 2015, appelle à la mise en commun des efforts, des intelligences, des stratégies et non au bal des égoïsmes étatiques, auxquels nous assistons depuis 55 ans. Ce bal des égoïsmes finira par être mortels aux africains, face aux grandes mutations que génère la mondialisation.

Notre appel aux évolutions endogènes africaines

La crise économico-financière, la baisse du prix du pétrole, le terrorisme, les sept faims africaines, les incohérences institutionnelles qui ravagent nos perspectives depuis 2010, deviennent un appel aux évolutions endogènes africaines. Le monde actuel s’inscrit dans une gestion récurrente des équilibres devenus instables, dus au vieillissement des structures économiques, financières, politiques, monétaires et sociales d'un certain nombre des leaders mondiaux. L’arrivée de la Chine dans la course pour le leadership mondial est, pour les africains, un réactif en laboratoire. Elle est révélatrice de quelque chose de plus profond : la puissance mondiale a quitté les rives de l'Atlantique pour s'installer sur les rives du Pacifique. Mais cette tornade a mis à jour, la nécessité de repenser nos systèmes politiques, de proposer au monde notre modèle africain d’émergence économique, de ne plus copier-coller ce qui existe depuis nos indépendances et d'accepter, l'idée qu'il n'y a pas de politiques applicables sans un gouvernement économique comme support pour la conduire, c'est-à-dire une construction politique intelligible pour nos peuples.

Bien sûr, nous ne sommes pas sourds, nous entendons le vent mauvais des batailles fratricides sur les constitutions, sur l’alternance politique, sur la démocratique, drapé dans de pseudo-vertus de fausses valeurs nationales. Car qu'on me dise où est la souveraineté des États si endettés, que n'importe quel spéculateur, dans n'importe quelle place financière, peut obliger nos gouvernements à modifier leurs politiques économiques ou fiscales ? Qu’on nous dise, si une économie sans maîtrise de sa monnaie, sans institution fédératrice et reconnue par tous, peut orchestrer une émergence économique ? Enfin, sans maîtrise de l’économie de la connaissance comment produire un corpus théorique national, utile à la mise en œuvre des projets structurants et mobilisateurs pour nos souverainetés. 


Appel à l'insurrection de l'audace conceptuelle

Notre rationalité est devenue économiste, son paradigme est le libéralisme triomphant. Nous n'avons plus d'autres ressources qu'un appel déraisonnable à la mise à mort de notre obsolescence créatrice... et à l'insurrection de l'audace conceptuelle. Ce qui relie, rallie, relate, États peuples nations, quelle que soit leur complexité constitutive ou découlant de l'Histoire, c'est souvent une idée, une éthique référentielle. 
Cela peut aussi être une intention autour d'un projet global ; une stratégie d'ensemble liée à une vision commune des enjeux du monde ; un pacte républicain ou autre qui autorise le respect des différences et surtout leur expression positive. En clair : une politique et son appareillage. Par l'appareillage politique, la nation naturelle concrétise son optimal degré de souveraineté. La nation naturelle naît à elle-même par le Politique. La nation politique est une nation naturelle dotée d'une intention et des moyens d'agir dans le concert du monde. Mieux que l'idée d'indépendance, l'idée de souveraineté est la seule qui puisse mettre fin à toute forme de colonisation. On peut être indépendant et ne pas être souverain. La Françafrique est la gestion néocolonialiste d'un lot d'indépendances. Durant l'esclavage, beaucoup de nègres marron n'étaient pas « libres » : peu souverains en leur imaginaire malgré les chaînes rompues.

Construisons de nouvelles souverainetés collectives

C'est donc une autre forme de souveraineté qu'il faut trouver à l'intérieur des terres africaines, et cette forme ne peut être que collective. Pour que la deuxième puissance démographique mondiale puisse jouir de son statut dans 30 ans, il nous faut, après les indépendances octroyées, franchir une nouvelle étape de son histoire. N'ayons pas peur, d'écouter les arguments de ceux qui vivent dans le passé, qui tiennent absolument à leurs privilèges, qui pensent que le fédéralisme est la solution, de ceux qui sont réticents, de ceux qui veulent une inflexion, de ceux qui pensent qu’il est temps de créer nos souverainetés collectives, de thématiser nos évolutions par la mutualisation des intérêts des États, la mise sur pied des connivences économiques entre peuples et États... Il va donc s’agir de construire notre souveraineté collective.

La souveraineté met fin à toute forme de colonisation en dotant une entité collective d'un outil politique d'abord capable de s'auto-organiser, puis de maîtriser et de choisir les interdépendances qui lui sont nécessaires (ses relations extérieures, ses adhésions, ses alliances historiques, ses associations, ses choix économiques, son réseau écologique international, sa coopération régionale, son maillage de luttes dans les combats mondiaux, etc...). Les souverainetés peuvent établir entre elles toutes formes d'alliances et d'associations, et s'articuler sur des formes de convergences infiniment complexes, bien au-delà des fédérations ou confédérations. En la matière, la capacité inventive, seule, confronte désormais les limites.

L'idée de souveraineté, articulée en différents niveaux et différents espaces, est adaptée à l'écosystème interdépendant du monde contemporain africain. Là où l'assistanat-dépendance accule les pays africains à une rupture avec l'écosystème du monde, le processus de souveraineté optimale pourrait les réinstaller par la responsabilité dans leurs propres réalités, dans celles de leur région et dans celles du monde. S'opèrerait ainsi, l'affirmation positive et sereine d'une volonté commune et d'une intention s'articulant en pleine conscience à d'autres volontés et d'autres intentions. Par « volonté » et « intention » j'entends : une autorité intérieure, individuelle et collective. Par « processus de souveraineté optimale » j'entends : la récupération de tous les espaces de souveraineté qu'autorisent le niveau de conscience collective et le rapport de forces politiques en présence. Toute accession à l'autorité intérieure, nous délivre des enfermements idéologiques, du verrou des mots d'ordre, et des vieilles conceptions de l'État-nation. Toute autorité intérieure est génésique en ces matières : elle crée des formes toujours nouvelles et toujours dynamiques, en relation avec le monde.

Patrice PASSY
Conseil en Intelligence Économique et Communication d’Influence

dimanche 1 février 2015

L'HOMO AFRICANUS 2015-2025: QUEL TYPE et DANS QUELLE SOCIÉTÉ ?

Comment, 55 ans après, reconstruire l'homo-africanus ?

L'Afrique souffre d'une chaîne de déficits portant sur la:
  • communication stratégique
  • modèle intégrateur
  • éthique, 
  • confiance, 
  • espérance, 
  • budget, 
  • doctrine...
Ces déficits ont eu comme conséquence : la désertion du sens de notre humanité comme celui du sens de nos vies occupées actuellement par le règne de l'argent facile sans foi, ni loi qui participe à une dérive mortifère des sociétés africaines et de l'homo africanus. L'Homme Africain désorienté, désœuvré, fatigué, désappointé, désespéré et quelques fois désespérant, ne semble plus désirer un régime fort, une dictature, ni une corruption des mœurs généralisée. Mais, la mise en chantier d'une Afrique de demain par le "haut", avec plus d'éthique, un dessein national, de nouvelles valeurs, grâce à une doctrine nouvelle d'unité et d'unification.

Il y a eu les tragédies de la ;
  • décolonisation, 
  • guerre froide et ses guerres de libération, 
  • des ajustements structurels avec le libéralisme triomphant
  • démocratie importée avec ses constitutions copiées collées, 
  • des guerres fratricides...
Beaucoup a été dit, écrit, imaginé, constaté, décrié, rêvé et pensé avec force sur l'horreur des Etats-cibles, l'hommage aux dictateurs, la hauteur des réponses des Etats et des alliés protecteurs, la gratitude aux donateurs, aux anciens colons, la violence de l'Etat et la complicité de leur justice, l'indignité du monde politique, la mise en place progressive des antivaleurs. Mais rien ou très peu sur quand, apparaîtra le signe du nouveau temps africain.

2 milliards 400 millions d'habitants dans 30 ans, nul doute que l'émergence africaine sera démographique et la véritable révolution africaine passera par l'homme: l'homo africanus.
  • Mais quel type d'homme, les déficits et les tragédies ont construit ?
  • Quelle société avions-nous hérité ? 
  • Si nous ne savons plus d'où nous venons, comment construire la société à venir, c'est à dire la nôtre, celle de nos fils et filles ?
Grâce à l'information sans frontières, l'ancien homo africanus a compris que l’angélisme face aux enjeux certes complexes de ce monde, la naïveté et l'ignorance maladive devront céder le pas au travail de vérité envers nous-mêmes, au pragmatisme et la constance dans l'effort.

Vers des sociétés africaines plus équitables

L'homo africanus doit se déployer dans ce nouveau rapport de forces démographique avec des contenus solides, élaborer par des africains pour des africains. Tout ce qui est fait pour vous se fait contre vous. 
Une lumière pointe à l'horizon, pour la première fois depuis plus 200 ans l'Africain a le choix entre plusieurs options de développement économique et le préfixe multi en Afrique, souffre d'une excitation particulièrement intense, du fait des effets mécaniques de la mondialisation. Nous avions hérité de la liberté donnée, celle octroyée à nos aînés. 
Notre actuelle société violente, est le prix à payer pour redécouvrir le sens de la vraie liberté. Nous allons enfin goûter grâce aux efforts et aux dépassements de tous, aux gains de la fraternité, de la saine compétition. Les sans voix, les silencieux, les sans avenirs, les petites gens attendent cette occasion pour rêver en perspectives avec un point fort sur la valeur de l'égalité. Depuis 55 ans ses "absences" restent le facteur de fragilité le plus important de nos sociétés.
L'indécence des hommes forts, des politiques et l'impunité, l'irresponsabilité, le manque de maturité intellectuelle et la désinvolture des élites, acteurs économiques et politiques désespèrent l'Afrique des invisibles.

Comment 2 milliards 400 millions d'individus vont se résigner à laisser à un parti de "faussaires de nos avenirs" le soin de combler le déficit d'espérance qui s'est creusé au sein de notre continent, de nos pays, de nos générations ?

Il devient impossible de nous habituer à la médiocrité, à la l'inefficacité, aux inégalités sociales, à la prolifération des antivaleurs.
L'effort à produire collectivement pour traverser les mutations de notre temps, comme pour résister aux dérives d'une société aux valeurs en déliquescence exige une société solide, instruite et plus juste. La première solidité vient de l'homme, c'est à dire de la dignité, de la fierté, d'un corps sain dans un esprit sain. Ces deux derniers ont été en continue cabossés. Nous avons effacé toutes nos dignités, toutes nos fiertés, tout sens de l'honneur, de l'engagement, du service bien fait, du beau, du magnifique pour se contenter du moindre effort, du peu et du ce n'est pas grave.

L'heure est venue de penser au bénéfice commun d'un retour de l'Homme DIGNE. Une réintroduction de la hiérarchie des valeurs où la course vers l'argent facile (pesa gai, kabela ngai, la main tendue) ne sera plus le standard culturel de référence en Afrique. La "société de la faim" organisée par les acteurs politiques et la main visible des puissances à réduit en esclavage larvée la conscience de l'homo africanus. Cette "conscience morte" déshumanise et fait de l'africain l'acteur de sa propre chute ontologique, notre travail va consister à humaniser le nouveau homo africanus en reformulant le droit du vivant.

Donner du sens au collectif esprit civique

Nous avons assisté depuis 55 ans aux successives démissions collectives avec le mot AIDE venu d'ailleurs. Les anglais disent, l'aide coûte plus cher qu'acheter.Soyons des passeurs de mémoire.  Le fait de l'éducation refait donc surface. Sans maîtrise de l'économie de la connaissance dans sa diversité, il est impossible de participer à l'émergence économique africaine. Il nous faut créer pour mieux s'en approprier, les nouveaux symboles de la première puissance démographique au monde en 2050. Il nous faut créer de nouveaux royaumes, dépasser l'Etat, trop étroit et petit pour disposer d'une vision conquérante du monde. Il faut que le centre soit l'Afrique et le point de départ de l'humanité doit redevenir le premier point des nouveaux premiers. Nous devons inventer de nouvelles médiations interethniques, intergénérationnelles. Créer en vue de sa diffusion, une doctrine nouvelle de l'homo africanus de 2015 à 2025. Transmettre enfin une histoire qui nous relie et nous invite au dépassement collectif et individuel. Celle que nous lisons et avions hérité du passé, est une chaîne d'histoires qui nous divise, rabaisse et piétine. 

Nous devons, pour ne pas subir encore l'histoire des autres, devenir en urgence des passeurs d'espérance et d'histoire revisitée.

De 2015 à 2025, nous sommes tous une partie de la solution africaine...agissons !!!

L'homo africanus, est aussi la reconquête d'espace publics et des temps communs. A côté de la sphère intime, communautaire, le vivre et l'agir ensemble dans notre maison commune doivent être ré-investis pour ré-inventer le premier étage de notre maison commune, celui du civisme.
Nos Républiques sociales sont menacées par la corruption de l'argent facile, tout se prostitue et tout le monde se prostitue pour de l'argent, pour un poste, une nomination, une promotion professionnelle, pour une maison sans fondement, pour la richesse facile. L'effort rebute, la facilité attire, le travail n'est pas la source d'épanouissement, l'intrique devient le fonds de commerce des faibles d'esprit. Notre République des valeurs positives est donc menacée par deux impasses: 
  • la remise en cause systématique de l'intelligence, de l'effort, du sacrifice et
  • le goût irréfléchit de l’argent facile. 
La dignité a été corrompue par l'ignorance des valeurs fondant la dignité de l'homme africain. Un homme puissant, responsable, fier, debout, paisible, prévenant, attaché à la terre de ses ancêtres, et vivant pour les autres. Les ruptures historiques ont brisé nos rapports avec la nature, l'homme, la culture et nous-mêmes.

L'homo africanus doit être refondé dans un nouveau esprit enrichit au contact des autres pour le temps présent. Un contrat social re-inventé, basé sur la responsabilité citoyenne. Responsabilité devant la Loi qui pose des limites au nom du bien commun, responsabilité dans l'effort constant et partagé "pour prendre soin" les uns des autres.

L'abolition des privilèges de toutes natures est le premier dispositif pour organiser la fin de la société de la faim. La lutte contre nos misères intérieures exige une formation permanente des "médecins des corps, des âmes et des esprits" meurtris par tant de vandalismes, d'indisciplines et d'insouciances face au complot du monde qui ne nous veut pas que du bien. Les prostitutions sociales ne peuvent s'estomper que grâce à une exigence de responsabilité civique de la "tête du poisson"

Le temps est venu d'un homo africanus comme réponse originale à la terreur de l'argent, à la violence de la cupidité, aux pauvretés des indifférences qui, dans la durée ont gangrené puis paralysé l'esprit de conquête intérieure et de résistance africain. Il devient donc urgent de s'affranchir des mondanités et des présidences venues d'ailleurs où l'esprit de cour n'a d'égal que celui de clan.
L'exigence nouvelle pour le politique africain est à la hauteur du défi de plus de profondeur et d'ancrage populaire. La distance entre l'élite, le politique et le peuple est devenue abyssale. 

L'Africain a faim, d'exemples de réussites, d'unités, de leaders, d'histoires heureuses, de moments de liesse, de rêves, d'avenirs. Il recèle d'initiatives et de générosité maintenu en veille du fait du trop de prostitution sociale. Il appartient aux autorités de l'Etat de recréer des cadres favorables à l'émergence d'une nouvelle citoyenneté. 

Nous vous invitons à faire partie de la caravane des savoirs que nous initions cette année, autour de la construction de l'homo africanus en tant que politique, institution, économique, social, culturel, élec-acteur, etc...

Est-il  possible de créer des grandes causes intergénérationnelles, qui puissent mobiliser les sociétés civiles africaines ?
Est-il possible de repenser l'éducation populaire des peuples, la conscientisation des masses laborieuses dans des délais compressés avec des moyens limités ?
Est-il possible de tirer les leçons de ces tragédies pour créer nos droits humains comme berceau de notre démocratie ? 

La première conversation stratégique ouverte de l'année aura lieu au mois de mars. Nous lancerons mi-février, un appel a contribution pour bénéficier de vos lumières, selon le plan de travail qui vous sera communiqué en temps utile. 

Patrice PASSY
Intelligence stratégique
patrice.passy@gmail.com