samedi 30 juillet 2011

INTELLIGENCE ECONOMIQUE ET INTELLIGENCE CULTURELLE



Formations à la carte spécialement conçues pour les cadres et dirigeants d'entreprise 
Merci de nous contacter pour l'envoi du catalogue

Patrice PASSY                                                                                                                                                          patrice.passy@gmail.com  

Directeur général de M.I.Q Conseil

·        Conseil en Intelligence stratégique et communication d’influence.                                                Conseiller auprès d’autorités politiques en Afrique Centrale

·        Président de CENTRA[L] Réseau d’entreprises franco-africain organisant des « conversations stratégiques » sur les questions de fond concernant l’Afrique francophone et la France, les pays de la BRIC et le golfe de Guinée, l’union africaine et l’enjeu chinois…

·        Formateur en Institut de Management et École de Commerce à Paris



vendredi 29 juillet 2011

Pour une stratégie globale de sécurité économique en Afrique centrale

Par Patrice PASSY
Directeur Général de M.I.Q Conseil

Guy Gweth (http://www.knowdys.com) : à quoi faites-vous référence lorsque vous parlez de guerre économique en Afrique centrale ? 

Patrice Passy: je fais référence à « l’espace convoité », à la montée en puissance du « rôle de pivot stratégique » du monde non occidental que devient l’Afrique centrale en particulier, et, plus généralement le Golfe de Guinée. Je m’explique, l’Afrique Centrale, depuis le 11 septembre, fait l’objet, non seulement, d’une réévaluation géostratégique par les grandes puissances (Etats-Unis, Chine, Russie, Inde, Brésil, Royaume-Uni, France…) et aussi, d’un reclassement géoéconomique, par les « majors » pétroliers. Elle n’est plus uniquement une zone de confort stratégique française. 

      Elle remplit désormais, les critères permettant d’intégrer les « espaces convoités », les « zones utiles », de la compétition géopolitique mondiale. A cela s’ajoute le terrorisme mondial, la cherté du prix du baril de pétrole qui fait de cette zone, partie intégrante du Golfe de Guinée, une région hautement stratégique. 
      Dans son acceptation la plus large, le Golfe de Guinée comprend l’Angola, le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée-Equatoriale, le Nigeria, la RD-Congo, Sao Tomé et Principe. Tous ces pays, à l’exception du Cameroun, ont un point commun : le pétrole. Les réserves confirmées de pétrole, le long des 3.700 kilomètres de la ligne côtière du golfe de Guinée, s’élèveraient à 15 milliards de barils. Selon le Centre d’Etudes stratégiques américain à l’heure actuelle, les pays du golfe de Guinée produisent ensemble 4 500 000 barils de brut par jour. D’après ses prévisions dans 5 ans, ces pays s’attribueront 20% du marché mondial du pétrole. La raison pour laquelle je parle de guerre économique concernant cette partie du monde est que le Golfe de Guinée, et notamment sa composante Afrique Centrale, bénéficie d’une position géostratégique qui le met en contact avec toutes les autres sous-régions. Il est donc incontournable pour toute question qui a trait à l’Afrique. Les Etats occidentaux (France, Grande Bretagne, Belgique, Espagne), orientaux (Chine, Japon, Inde, Israël), du Sud (Brésil) et d’Afrique (Afrique du Sud, Nigeria, Libye, Maroc) ; sans oublier leurs acteurs privés de toutes natures : multinationales, institutions internationales, idéologues, prédateurs, affairistes ont tous compris : celui qui tient le Golfe de Guinée tient l’Afrique. Nous assistons ainsi, en Afrique centrale, à des conflits entre intérêts stratégiques rivaux, concurrents, complémentaires dans le jeu des échanges internationaux.

Guy Gweth : à votre avis, comment les Africains perçoivent-ils la percée des entrepreneurs chinois face aux Français ? 

PP : D’un point de vue stratégique, les africains croient disposer d’un contre poids face aux alliés traditionnels, ce qui à mon sens est encore une erreur d’évaluation de la présence chinoise. L’activisme diplomatique et politique chinois est dicté en 2008 par des objectifs tant économiques que politiques. Il est étonnant que face à cette offensive chinoise qu’au niveau national (des Etats d’Afrique centrale pris isolément) aucune réflexion-action stratégique comme cadre macro-économique de négociation n’ait été privilégiée. En effet, l’investissement croissant de Pékin en Afrique découle de l’appétit insatiable de la Chine pour les ressources naturelles, notamment pour l’approvisionnement en pétrole, dont 25 % provient de l’Afrique.

      Les africains marquent un intérêt croissant du point de vue de la part de l’investissement direct étranger (IDE) chinois vers le continent. Sans une législation adaptée pour canaliser cet apport financier dans chaque pays, les mêmes travers constaté en ce qui concerne l’aide au développement risque d’être encore à l’ordre du jour. Cet IDE a connu l’an dernier une augmentation de 28 %, pour atteindre les 15 milliards de dollars (12,2 milliards d’euros), d’après le rapport de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement, la CNUCED. 

Guy Gweth: le climat actuel des affaires en Afrique centrale est-il propice aux investisseurs étrangers ? 

Patrice Passy: l’IED (Investissement Etranger Direct) occupe une place de plus en plus importante dans les stratégies de développement économique en tant que moyen essentiel pour financer le développement sans aggraver l’endettement. La volonté d’attirer l’IED en Afrique a donné lieu à des réformes économiques dans la plupart des pays de la zone franc. Réforme fiscale, juridique, financière et structurelle dans certains cas. Reste à savoir si ces réformes ont stimulé les flux d’IED vers l’Afrique et, si ces derniers favorisent l’accélération de la croissance et la réduction de la pauvreté.

Guy Gweth : que peut rapporter concrètement l’intelligence économique et stratégique aux économies d’Afrique subsaharienne ? 

Patrice Passy: nous, les acteurs et professionnels de l’intelligence économique, avons la lourde mission grâce à une forte sensibilisation, d’informer les décideurs politiques de la nécessité d’une mutation stratégique des Etats de l’Afrique centrale face à la globalisation. La nécessaire sécurité économique qu’imposent les enjeux émergents dans le Golfe de Guinée va donc impliquer notre savoir-faire pour susciter une impulsion forte des politiques afin de promouvoir la création de structure permettant la mutualisation des ressources publiques et privées des pays africains pour y faire face. 

       L’éclatant succès du Workshop professionnel que nous avons organisé au Congo-Brazzaville et au Bénin sur le thème : la protection du patrimoine économique de l’Etat laissait présager une prise de conscience au–delà de mes espérances dans ces pays. L’approche fonctionnelle qui fait considérer l’information comme un bien stratégique, d’où la nécessité de préserver en toutes circonstances l’accès du pays aux sources d’informations indispensables, a été la plus adoptée par rapport à la configuration de ces Etats et de ses économies. A nous, non pas de critiquer comme nous aimons le faire si facilement, mais de proposer aux décideurs dans une logique d’offres, une architecture adaptée, visant la promotion d’une stratégie globale de sécurité économique aux pays d’Afrique Centrale. 

       Il est urgent aujourd’hui de donner aux organisations publiques et privées, un corpus juridique, une analyse adaptée des enjeux du moment et des textes dont l’importance n’est plus à discuter. A ce jour l’absence de législation sur la sécurité économique ainsi que l’inexistence d’une stratégie politique nationale de sécurité économique est l’éloquent corollaire d’un défaut de culture stratégique dans ces Etats.

jeudi 28 juillet 2011

L’importance accrue en Afrique francophone du renseignement économique dans la vie des affaires

Par Patrice PASSY (2eme à droite) 
Directeur de M.I.Q Conseil

Avec le développement de nouvelles connaissances, les espaces collaboratifs de travail, la circulation des flux informationnels, des transports et des réseaux informatiques, le village planétaire devient une réalité à la fois politique, culturelle, économique, financière. Les entreprises africaines de dimension internationale sont désormais contraintes d'ajuster leurs stratégies en fonction d'une nouvelle grille de lecture intégrant la complexité croissante des réalités concurrentielles, l'interdépendance croissante des liens économiques en évolution permanente sur les différents échiquiers mondiaux, nationaux et locaux.
L'efficacité d'une telle démarche utile à leur croissance ou survie, repose sur le déploiement de véritables dispositifs d'intelligence économique qui instituent la gestion stratégique de l'information comme l'un des leviers majeurs au service de leur performance économique et capacité de renouvellement technique.     L'intelligence économique devient un outil à part entière de connaissance et de compréhension permanente des réalités des marchés, des nouvelles techniques et des modes de pensée des concurrents, de leur culture, de leur intention et de leur capacité à les mettre en oeuvre. Elle se définit alors comme l'ensemble des actions coordonnées de recherche, de traitement, de distribution et de protection de l'information utile aux acteurs économiques obtenue légalement (Rapport Martre. XIXème plan).

Pour les Anglo-saxons, faire de l'IE (intelligence économique) c'est faire "du renseignement pour les affaires ". Ça a le mérite de la clarté. L’actualité libyenne, de la RD-Congo, dans le Causasse, en Afghanistan,  en Egypte, en Côte d’Ivoire, la dette grecque, la dette américaine, la guerre des monnaies montre à suffisance pour la seule année 2011 que la guerre économique par le croisement des intérêts complexes et multiformes est devenue la seule manière de non plus conquérir des territoires mais des zones économiques fragile et/ou solide.  Dans ce monde devenu "hyper-marchant" ou seuls les rapports de force déterminent la conduite à tenir des États face à leur intérêt et leur peuple, la maîtrise de la production de l’information stratégique, des connaissances ainsi que les meilleurs canaux et moyens de leurs diffusion deviennent le levier complémentaire et impérieux dans toute stratégie de puissance, de développement et de survie. Le 21e siècle nous livre l’explication d’un phénomène dont l’ampleur et l’impact n’ont pas encore été complètement compris par les décideurs des entreprises africaines. Il s'agit de l'information stratégique qui dans ce contexte de guerre économique devient :
1.      Une matière stratégique
2.      Un produit à haute valeur ajoutée
3.      Une marchandise qui n’a de la valeur que pour qui en a besoin
4.      Sa gestion un métier
5.      Sa maîtrise une arme offensive et défensive dans notre rapport du faible au fort avec les multinationales françaises, chinoises, américaines, russes, brésiliennes, belges, anglaises, sud africaines...

Depuis plus de 10 ans nous relevons des fautes professionnelles lourdes au coût financier et humain très élevés liés à la non maîtrise des enjeux de l’information stratégique.
1. Si les entrepreneurs africains avaient été informés de la dévaluation du franc CFA, nombreux n’aurait pas déposé leur bilan, ou vu le poids de leur passif quintuplé d’un coup.
2. Si Air Afrique avait une stratégie pilotage de ses actions, de conquête de nouveaux marchés et de protection de son patrimoine, elle n’aurait pas sombré lamentablement.
3. Plusieurs de nos responsables politique et économique, négocient avec des partenaires dont ils ignorent tout, résultat des contrats aux pièges multiples défavorables généralement aux entreprises africaines, aux intérêts des États africains, des négociateurs et des milliards de francs qui disparaissent sans espoir d’être retrouvés…
4. Le capitalisme français n’a pas d’histoire, de mémoire et d’affect, il n’a que des intérêts à préserver et du profit à faire, il n’a jamais protégé les intérêts des entreprises partenaires, n’en déplaisent à ceux qui font preuve d’angélisme et de fraternalisme.
5. 71% des négociations commerciales avec des français pour des projets commerciaux en Afrique n’aboutissent jamais, faute de soutien de l’Etat aux entreprises, de guichet unique de l’information dédié aux entreprises exportatrices par exemple, d’information professionnelle sur les enjeux, les intérêts, la stratégie et les motivations des partenaires ou concurrents étrangers.

Situation actuelle de la gestion de l’information professionnelle dans les entreprises de la zone franc

           D’emblée nous précisons que ce n'est pas le concept ou son utilisation qui pose problème en Afrique, car, la présente livraison porte sur les moyens d'actions permettant de créer un cadre de travail et un état d'esprit nouveau, pour une meilleure mise en oeuvre de l’intelligence économique en tenant compte des évolutions et variables économiques africaines et aussi de la nouvelle économie. C'est à nous de définir notre intelligence économique, qui devra être adaptée à notre environnement, à nos budgets, réalités et  besoins. La colonisation économique dont souffre les pays d’Afrique francophone du fait du système de dépendance intégrale mis en place dès la fin de la colonisation, interdit aux acteurs et dirigeants africains d’attendre un "schéma extérieur sauveur".

L'analyse de l'existant nous fournit le constat suivant :

a) L'information reste encore un privilège, que l'on n'a pas encore traduit ou compris comme un outil de travail, un outil de motivation des groupes, un socle de cohésion social, un réducteur des conflits.
b) L'information ne circule pas encore dans le logigramme fonctionnel des entreprises faute de transparence interne et de volonté, parfois de rigidité structurelle, organisationnelle ou mentale.
c) Un cadre de coproduction de connaissances et de diffusion de l’information souvent mis à mal par la lenteur dans le développement d’une culture stratégique, un manque de culture de renseignement économique, une absence de société du secret, une inertie de la direction politique et de l’entreprise, une gestion malhabile de la prospective.

présidence de la République, et dans une moindre mesure l'entreprise publique ou privée. La faiblesse des structures étatiques, du tissu industriel et le poids énorme de l'Etat font que seule la présidence de la République en dessous duquel se trouvent trois ministères clés, qui gèrent l'information comme un moyen d'action politique et non puissamment économique, celui de l'intérieur, de la défense et celui de l'industrie, de l’économie et du plan... Accessoirement, il y a la chambre de commerce, les instituts économiques, les milieux affairistes, le patronat. La faiblesse des moyens dont dispose l'Etat et l’extrême porosité de nos services de renseignements lui privent des systèmes d'analyses et d'informations permettant d'établir des cadres stratégiques de développement économique et de croissance. 

La deuxième structure qui, du fait de sa configuration actuelle exploite l'information est, l'entreprise publique ou privée. Il va sans dire qu'au sein des entreprises existe bel et bien un système d'information mais, qui ne traite souvent que des activités traditionnelles de gestion (facturation, stock, comptabilité, paie, production) et d'administration. Étant souvent en situation de monopole les entreprises ignorent la veille stratégique ou ne tiennent pas compte de l'environnement concurrentiel, de la protection de leur patrimoine ni des rapports économiques internationaux pouvant affecter leur fonctionnement dès la première difficulté (la dernière crise financière par exemple avec ses lourdes conséquences pour l'industrie minière en RD-Congo par exemple).

Lorsqu'elle existe dans les entreprises seules quelques personnes bénéficient de cette information. N’oublions pas que l’information renforce le pouvoir et culturellement l'information ne se partage pas tout comme le pouvoir, pour la simple raison que cela renforce l'autorité du détenteur.  Dans les faits cela se traduit par une course effrénée vers le trafic d’influence, une  démotivation évidente du personnel non associé à l'apport, la production ou la gestion des connaissances. Or tout processus de valorisation de coproduction des connaissances passe par une vision collective de la finalité de l'information stratégique.

Comment est gérée l’information en entreprise ?

L’information s’impose progressivement comme un instrument de compétitivité. Nous reconnaissons que beaucoup de PDG africains, plus préoccupés par la conservation de leur poste que par la compétitivité de leur entreprise ne peuvent s’ouvrir à de nouvelles compétences qui les obligent à partager l’information pour une meilleure rentabilité. Car, l’information n’est pas encore perçue comme un moyen d’action pour agir en interne sur les motivations, et agir à l’extérieur pour influencer tous ceux qui agissent sur l’entreprise (clients, fournisseurs, concurrents, administrations, citoyens). Les difficultés rencontrées lors de nos missions de conseils en Afrique francophone sont résumées sommairement en 3 points :
1. Le système de gestion du renseignement pratiqué est la centralisation de l'information, le détenteur ne veut pas mettre ses informations sur la place publique car cela est perçu comme une perte de pouvoirs ou risque de perte du pilotage de l'entreprise.
2.Le mode de gestion de l'information est la diffusion rétention, c'est-à-dire qu’en fonction des situations de crise souvent ou selon ses intérêts, quelques informations sont distillées.
3. La culture du secret de l’information est pour son détenteur une arme, un enjeu du pouvoir, une protection contre tous ceux qui en interne exigent la transparence et des résultats en rapport avec sa gestion généralement problématique de l'entreprise.

Quelles solutions dans ce contexte ?

L’orientation partagée par les intervenants en IE ayant pour zone géographique d’intervention l’Afrique francophone est qu’il convient d’abord, que les acteurs économique et politique des pays de la zone franc soient parfaitement informés des évolutions de leur marché pour saisir les opportunités d'affaires et réduire les risques, dans les actions qui engagent l'avenir de leur entreprise. Mais l'information est devenue tellement dense et variée aujourd'hui qu'il leur est difficile de la traiter qualitativement et rapidement sans mettre en place une démarche appropriée, grâce un cadre législatif incitatif,  un accompagnement assumé des pouvoirs publiques. Notre métier est d’accompagner les entreprises qui le désirent tout au long de ces étapes www.miq-conseils.com.

Pour participer aux solutions, l'intelligence économique va avoir pour but d'optimiser au sein des entreprises les opérations de recherche et d'exploitation de toute l'information utile pour éclairer et guider les prises de décisions stratégiques. C’est un véritable outil d’aide à la décision. Ensuite, la solution se trouve aussi paradoxal que cela puisse être, dans les faiblesses des structures étatiques et aussi grâce au référentiel culturel des pays de la zone franc pris individuellement et collectivement. Soulignons que l'avantage concurrentiel dans nos pays ne doit pas être conçu absolument en termes d'avantage compétitif des entreprises. L’architecture du triptyque  (cadre législatif, impulsion politique, formation des élites et mise en œuvre structures d’appui) doit être envisagée sous la forme interministérielle d'une réflexion stratégique nationale dont les conclusions et recommandations portant sur une stratégie concertée (appareil étatique, entreprises, acteurs économique) doivent permettre la participation au développement harmonieux du tissu économique. Il s'agit dans les faits d'intégrer la mission, les moyens, les objectifs, le niveau de maîtrise des nouveaux outils, le savoir-faire local et celui de la diaspora.

Enfin, il est établi que ce n'est toujours pas la puissance de l'appareil économique ni de production de données qui fait la force d'un système d'intelligence économique, mais plutôt sa capacité à organiser un maillage stratégique offensif et défensif avec définition d'un cœur stratégique nationale permettant la décision (cas du Japon et de la Chine). Il va de soi que la mobilisation autour de cette nouvelle méthode de travail ne peut se faire sans les institutionnels, sans les entreprises, la société civile et les acteurs de l'économie informelle. 
Notre référentiel culturel peut être considéré comme un atout puissant dans la mise en place d'une connivence intérieure des intérêts privés et publics. Le contrôle social qu'exerce la communauté, notre système d’interconnaissance sont des réducteurs d'incertitudes, un puissant filtre des normes donc un vecteur de « codes économiques » ayant une influence décisive pour l'homogénéité du groupe permettant à terme la mutualisation des intérêts des groupes économique à promouvoir.

       La communauté en Afrique joue un rôle important dans le partage et la gestion de l'information. Cependant, son poids dans la société inhibe les initiatives individuelles et dilue l'individu, mais cela fortifie les liens communautaires et oriente aussi le choix de l'activité économique des groupes. Elle développe une solidarité qui maintient un contrôle social permettant ainsi la mise en place des réseaux rampants (informel) de lobbying imbus d'une culture de renseignement économique que l'on active en fonction de(s) l'objectif(s).

Rôle de l’Etat

1 - Dans un premier temps, les dirigeants politiques doivent comprendre la portée du cadre juridique et législatif à mettre en place. L'intérêt national doit être mis en exergue pour que les acteurs économiques locaux puissent avoir des marges pour se battre convenablement sur un marché international mondialisé. Une coopération avec tous les acteurs économiques est nécessaire pour bâtir un plan stratégique offensif et la mise en place de cellules d'intelligence économique dans les ministères et organes vitaux de la nation.

2 - Il faudra intéresser les acteurs économiques et motiver ceux ci, les rendre responsables de la réussite d'une entreprise, par la communication institutionnelle et la valorisation de nouvelles méthodes de management et d'organisation des entreprises. N’oublions pas que sans insertion de manière valorisante des cadres (ce que malheureusement de cesse de faire le tribalisme, le népotisme, l’affairisme et la corruption), dans le dispositif de production de richesses, d'appropriation technique et permanente de l’information en vue de son exploitation, il est impossible d’envisager un tel dispositif. La mise en place d'une stratégie ouverte visant l'utilisation stratégique de l'information ne devait pas poser de problèmes insolubles du fait de la légèreté des structures. 

3- Il faut que l'Etat facilite la mise en place d'une politique de sécurité économique, par une prise en compte de la sécurité « alimentaire » des cadres, des enjeux de la guerre économique mondiale et surtout la sensibilisation de tous les acteurs impliqués dans le développement du pays.

4- Enfin, il est aussi nécessaire d'organiser au niveau national, une politique de sensibilisation au patriotisme économique (intérêts stratégiques de la nation). La cible principale sera la société civile, surtout les jeunes, les acteurs économiques et tous les agents de l'Etat, pour une meilleure motivation et implication dans la démarche d'intelligence économique. Le développement d'un pays ne peut se faire aujourd'hui qu'à travers l'interaction des trois acteurs suivants : État, opérateurs économiques, société civile. Seule la maîtrise de cette dynamique peut favoriser aussi bien le développement humain et l'amélioration des  agrégats économiques des pays africains.

Patrice PASSY                                                                                                                                                patrice.passy@gmail.com 

Directeur général de M.I.Q Conseil
·        Conseil en Intelligence stratégique et communication d’influence. Conseiller auprès d’autorités politiques en Afrique Centrale
·        Président de CENTRA[L] Réseau d’entreprises franco-africain organisant des « conversations stratégiques » sur les questions de fond concernant l’Afrique francophone et la France, les pays de la BRIC et le golfe de Guinée, l’union africaine et l’enjeu chinois…
·        Formateur en Institut de Management et École de Commerce à Paris

Pour en savoir plus…www.miq-conseils.com

RDC : Compétitivité Économique des Entreprises et Intelligence Stratégique de l'Etat

RDC : Compétitivité Économique des Entreprises et Intelligence Stratégique de l'Etat Congolais

                                     Par Patrice PASSY                                            
Conseil en Intelligence Economique

De quoi s’agit-il ?

Il s’agit de parler d’un sujet peu évoqué dans les milieux économiques congolais du fait des difficultés économiques que rencontre le pays. Ce tissu de difficultés est pour nous l’occasion de dynamiser la réflexion sur la compétitivité nationale congolaise et l’intelligence stratégique de l’Etat qui doit accompagner les activités des entreprises congolaises dans la sous-région.

La compétitivité est l’aptitude pour une entreprise, un secteur ou l’ensemble des entreprises d’une économie à faire face à la concurrence effective ou potentielle. Au niveau microéconomique, la compétitivité d’une entreprise désigne sa capacité à occuper une position forte sur un marché. L’évolution des parts de marché de cette entreprise est dès lors fondamentale pour apprécier la compétitivité. Au niveau macroéconomique, la compétitivité d’une économie nationale est la capacité de son secteur productif à satisfaire la demande intérieure et étrangère, avec en arrière-plan l’objectif de permettre une progression du niveau de vie des résidents du pays concerné. Les parts de marché d’une économie nationale peuvent également être mesurées (exportations nationales rapportées à un total mondial ou limité à un groupe de pays comparables) et elles constituent un bon indicateur de compétitivité. Mais à moyen-long terme, une baisse des parts de marché d’un pays ne traduit pas nécessairement un recul de sa compétitivité : ainsi le recul des parts de marché de pays anciennement industrialisés (Angleterre, France) paraissait-il inévitable au XXe siècle, avec l’émergence de nouveaux acteurs : la part de la France dans les exportations mondiales est passée de 10 % à la fin du XIXe siècle à 5 % aujourd’hui. La compétitivité (d’une entreprise ou d’une économie nationale) est classiquement désignée de deux façons différentes selon l’origine des facteurs de cette compétitivité : « par les prix » ou « par les coûts ». La recherche d’une compétitivité par les prix se réalisera en général par une politique d’économies d’échelle ou encore le développement du progrès technique visant à réaliser des gains de productivité. La diminution des coûts de production peut cependant se passer de gains de productivité (baisse du coût du travail ou baisse du coût des matières premières), et une compétitivité par les coûts en résulte. Pour une économie nationale, la qualité des spécialisations à une certaine date est décisive pour la compétitivité future : la diversification « marchés » (depuis plus de 10 ans pour les économies occidentales : Europe de l’Est et Asie) et la diversification « produits » (on observerait une « baisse en gamme » des exportations françaises contrairement aux exportations allemandes) doivent être pertinentes. Enfin, la sous-évaluation réelle d’une monnaie nationale offre mécaniquement une meilleure compétitivité par les prix (cas du Yen japonais pendant toutes les années 1980 et 1990). La compétitivité d’une économie nationale est aussi fonction du niveau d’imposition, de la qualité de la production au sens large, du tissu de PME et de la nature des réseaux de transports de l’économie concernée, etc.

Compétitivité Économique des Entreprises et Intelligence Stratégique de l'Etat Congolais

La RDC avec près de 68 millions d'habitants offre une situation paradoxale, marquée par un engagement tiède des services de l'État et une offre abondante d'informations et d'expertises (3e pays d'Afrique au sud du Sahara en termes de volume de production d'information), le plus souvent d'origine publique, et revers de la médaille, une sous-utilisation de ces données par les acteurs économiques. Cette sous-utilisation s'explique par :

  1. les multiples cloisonnements existants : cloisonnement entre les cabinets politiques et l'administration, cloisonnement entre administrations, entre ministères, entre organismes, entre secteurs public et privé.
  2. l’information reste encore un enjeu de pouvoir d’où le phénomène de rétention-diffusion de l’information selon les intérêts privés.
  3. l’information n’a pas encore été comprise comme un facteur stratégique et un levier complémentaire de compétitivité des entreprises.

En 2011, la RD-Congo, 3eme pays producteur d'informations spécialisées n'est que le 15e utilisateur, nous nous situons dans une économie de l'offre. Nous relevons que ces cloisonnements sont la conséquence d’une lente confluence des intérêts, des rôles et des incompétences qui empêche le développement des synergies publics/privés. Cette situation au stade actuel de l’économie congolaise, ralentie la définition d’une architecture nationale de protection du patrimoine économique de l’État. Cependant, en 2011, la RDC dispose de tous les moyens institutionnels et privés, pour construire un modèle de compétitivité économique opposable aux pays tiers de la sous région, susceptible de permettre, la redéfinition des priorités collectives qui intègrent bien entendu, les contraintes budgétaires du moment, la réalité environnementale, culturelle et économique des PME-PMI congolaises. Pour réaliser cette redéfinition des priorités collectives, une forte impulsion politique est nécessaire, soutenue par de nouveaux textes législatifs et un nouveau état d’esprit. Mais cela ne peut être envisagé que, grâce à une démarche à l’envers, c'est-à-dire investir dans les démarches amont (l’information pour le développement), plus dans les actions aval auxquels le FMI et la Banque mondiale nous ont habitué à savoir : des aides à la survie économique. Cette démarche exige un dépassement, celui du modèle d’organisation classique actuel en cours en RDC.

Pourquoi ?

Le Congo au regard des évolutions et de la complexité croissante des économies au niveau sous régional, a besoin d’une vraie politique de convergence d’intérêts entre le public et le privé, autour d’objectifs stratégiques identifiés par l’État stratège, appelée politique d’intelligence économique. L’État sous l’autorité du chef de l’État Joseph KABILA, doit dans un environnement de guerre économique, grâce au comité interministériel, définir son contenu : sécurité économique, compétitivité des entreprises, influence sous régional et formation des élites. De manière non cohérente, le libéralisme semble s’être imposé comme le modèle de développement épousant, le programme gouvernemental. Cependant, pour que les acteurs économiques souffrent moins des multiples pesanteurs congolaises, il faut réussir à concilier deux secteurs :

  • un secteur privé qui se doit de devenir dominant et un secteur public puissant mobilisé pour soutenir l’activité privée générateur de richesses et de croissance.


D’où l’idée du cabinet DB CONSEILS  de proposer, la création d’une Conseil National de Sécurité Économique (CNSE) pour résoudre le problème handicapant, qui est d’un côté, un système publique sclérosé et de l’autre un secteur privé étouffé fiscalement et administrativement. Le CNSE substantiellement différent du Conseil National de Sécurité existant mais complémentaire dans les faits, vise à faire coïncider le développement des entreprises du portefeuille, les intérêts de la FEC ainsi que ceux des autres acteurs économiques avec la préservation des intérêts de la puissance dont le périmètre des intérêts stratégiques restent encore à définir en 2013. D’où la nécessité de rappeler à l’État, l’obligation de faire sa mutation en 2014, pour passer de l’État gestionnaire à l’État stratège.
Trois axes majeurs doivent soutenir cette synergie public/privé, sans oublier la mutation de l’État.

I - Axe de la démarche

La prise en compte du facteur économique comme instrument de puissance de l’État. Il s’agira de mettre en place un cœur stratégique que l’on désigne sous le vocable de « connivence d’intérêts ».  Ce dernier sera composé d’un pool industriel, d’une banque de ressources, d’un pool bancaire, d’une technopole que l’État doit faire naitre après les « 5 chantiers ». Le tout articulé dans un processus économique globale et transversale que nous avons dénommé le « Congo en Chantiers », programme politique et économique subséquent au « 5 chantiers » du Président de la République.

II - Axe des structures

Un comité interministériel sous l’autorité du Premier Ministre serait de chargé de mettre en place un processus stratégique avec pour mission de définir:
  • le périmètre stratégique des intérêts de l’État
  • le périmètre stratégique des intérêts des grands groupes industriels et bancaires
  • une cartographie de grands travaux économiques
  • une cartographie des besoins des entreprises et des compétences locale
  • un « talent mapping » de la diaspora congolaise dans le monde s’avère obligatoire
  • une ingénierie financière adaptée aux besoins, contraintes et possibilités du Congo
A l’issue de ses travaux, un rapport sera remis au Président de la République, ce comité donnera naissance au Conseil National de Sécurité Nationale doté d’un système de financement innovant, favorisant la création d’un Fond Stratégique National (FSN) pour la mise en chantier des grands travaux économiques.

III - Axe de la méthode

  • Sensibiliser et informer les PME-PMI au patriotisme économique
  • Fédérer les institutions et les organisations professionnelles autour de l’intérêt national
  • Mettre en place une campagne de communication sous la forme d’une plate forme multimodale d’accès à l’information stratégique (guichet unique de l’information) utiles aux décideurs économique et politique
  • Mener une veille stratégique sur les principales évolutions et défis auxquels est confrontée l’économie congolaise
  • Développer l’influence de la RDC dans les organisations sous régionales dans un premier temps….

Si notre plus grand désir est de participer au réveil du géant, il est temps de passer de la compétence individuelle des congolais à l’intelligence collective du Congo, pour garder dans la sous région notre liberté, notre cohésion sociale et notre capacité à peser les économies de la SADC ainsi que celles de la CEMAC. Mais sachez que parler ne fait pas cuire le manioc…agissons !