mercredi 26 octobre 2011

2012 : LES NOIRS DE France EN PANNE DE CONTRIBUTIONS POUR LA REPUBLIQUE



STRATÉGIE ET INTELLIGENCE POLITIQUE


Thème 3

2012 : LES NOIRS DE France EN PANNE DE CONTRIBUTIONS POUR LA RÉPUBLIQUE
« Réfléchir aujourd'hui pour agir demain »

Par Patrice PASSY    
Conseil en Intelligence stratégique et communication d’influence
 
2011…Si le but principal de nos évènements de réseautage est de « réfléchir pour agir demain », c'est parce que nous souhaitons grâce à nos Conversations Stratégiques construire notre avenir en France, plutôt que d'attendre les prévisions des autres. Notre expérience de la France politique et économique, nous a vite fait comprendre que les ressources sur lesquelles nous construirons cet avenir doivent être imaginées au cours de nos constructions, au lieu d'être gérer comme un héritage, un don post colonial. Soyons en convaincus chers membres de la communauté économique franco-africaine, chers afro-français, chers bi-nationaux, chers amis de la France : les clés de nos succès ne sont pas dans les ressources disponibles aujourd'hui, mais dans notre détermination stratégique à en trouver de nouvelles, fruit de notre travail acharné, de la puissance de nos convictions et de la nouvelle volonté d’émerger lourdement en France.
 
IL EST TEMPS DE RELANCER NOS CONVERSATIONS STRATEGIQUES POUR 2012 ET SURTOUT 2017
 
Cette nouvelle dynamique communautaire comporte à mon humble avis quatre axes de travail :
  • évaluation ex ante de notre présence depuis 1960,
  • analyse stratégique et définition d'une vision stratégique de notre communauté
  • les stratégies de développement des moyens d'actions et financiers
  • maillage national des réseaux et organisations d’événements de réseautage pour la naissance et le maintien de la cohésion du groupe.
But revendiqué : reconfigurer le « partage du sensible » qui va définir et orienter nos actions communautaires sans étouffer les aspirations individuelles
 
POURQUOI ?
 
1. Parce que face aux enjeux de notre République et à ceux des diasporas africaines, notre vision stratégique concernant l'avenir proche et lointain tarde à prendre forme et aussi se faire connaître. Tout déficit à l’heure des rabotages tout azimut est dangereux. Une « communauté déchet » n’a pas de chance pour tenir longtemps debout, dans la guerre des identités que la mondialisation a de manière subséquente enclenchée.

2.    Parce que la fonction stratégique des élites et des acteurs politiques issue des diasporas africaines est inconnue des décideurs nationaux. Or il y a de plus en plus urgence face aux enjeux multiformes, complexes auxquels la République est confrontée.                                                                
    Exemple : la France dispose d’une politique africaine pour ses ex-colonies, en revanche celle-ci ni collectivement, ni individuellement n’existe pas dans les ex-Républiques Sœurs d’Afrique. Un travail collectif peut être monté en puissance pour mieux informer et modifier la nature même des rapports entre la France et l’Afrique francophone. Critiquer les mécanismes et les travers de la Francafrique est certes louable, mais sans effets réels, car les intérêts colossaux entre les différentes structures n’aiment pas les incertitudes, les démocrates "non amis de la France", etc. Quelle réflexion-action sur l’immigration africaine, quelles actions concrètes relatives aux rapports entre la banque de France et les Banques centrales africaines ? De nombreux africains vont être admis à la  retraite en France dans 10 ans, alors qu’ils n’auront pas suffisamment cotisés, une misère annoncée se profile dans moins de 10 ans, quelle stratégie de lobbying pour ces retraités de 3e zone qui vont pour la plupart se retrouver dans la rue sans minima sociaux et prestations sociales. Comment redéfinir la politique criminelle dans les banlieues ? Marine Le Pen et le Noir de France, dialogue interculturel en 2012. Les APE (Accords de Partenariat Economique) vont décimer les économies africaines avant 2030 pour les réduire dans un cycle d’esclavage économique avancé, quelle contribution des élites afro-françaises ? Silence…la guerre des retards se perd sur le terrain de la pensée, des idées, et de la connaissance, chers lecteurs. Avoir un sous-sol riche ne suffit pas.

3. Parce que notre communauté économique aveugle, aphone et non stratège, est sans prospective constante sur la durée et dans l’adversité. Ces absences et non présences, nous fixent toujours en périphérie et non au centre des stratégies nationales. L'enjeu est de taille, car il s'agit pour réussir notre dynamique communautaire, de transformer en profondeur nos habitudes et lacunes culturelles, qui renvoient à une forte dichotomie entre, la réalisation d'un projet communautaire (individuel ou collectif) et la gestion des contraintes, des impératifs liés à l'efficacité de ces actions à mener. Deux logiques souvent contradictoires et rarement bien menées par les acteurs économique et politique de la communauté.
Parler ne fait pas cuire le manioc, AGISSONS...!

Mais cette fois-ci faisons-le avec méthode pour être efficace et visible. Il est bon de savoir que :
 
Ø  Sans analyse stratégique et anticipation, il est difficile de comprendre la marche de l'économie française dans l’Europe, et ses enjeux. Par voie de conséquence, il nous sera impossible d'établir des cadres stratégiques d'organisation communautaire.
 
Ø    Sans compréhension des enjeux, il est impossible de prendre conscience des effets direct et indirect liés à la complexification croissante de l'économie européenne sur notre communauté. La guerre des idées est terriblement violente et sans affect dans le monde d’aujourd’hui, toute communauté qui se nourrit des idées des autres est vouée à l’esclavage intellectuel. Il reste très peu de temps, avant le fossé ne soit irréversible, et il n’y a plus de raisons d’être absent dans la République des idées.
Ø Sans compétences, sans maitrise des savoirs, de l'économie de la connaissance, nous ne serons que des consommateurs sans prise sur notre finitude et notre réel. Il est à noter, que nous ne faisons que consommer bêtement les « habitacles conçus » par les autres pour nous depuis près de 200 ans.
 
Critiquer, se plaindre, manifester ne font jamais cuire le manioc…et la communauté a toujours  faim. AGISSONS…!
 
Dernier point : il faut resserrer les rangs. Finie l'époque des rangs dispersés. « Tout le monde veut être un baobab en France » soit, mais sans racines profondes chez les gaulois et dans sa communauté, c'est une course vaine au succès éphémère. Un ministre de la diversité ne produira jamais un effet de levier. Dans cette France de réseaux et de corporations, que personne ne s'imagine une réussite individuelle spontanée en France. En France, la réussite n'est pas et ne sera jamais pour toi et moi, une génération spontanée, il faut se construire et construire en France, cela est valable pour tout le monde, surtout pour les apprentis sorciers, les anarcho-profito-situationnistes et les griots éhontés.

En occident, la culture judéo-chrétienne rend mal aisée toute demande d’aide, c’est le signe de son échec, de son incapacité,  les afro-français ont érigé la demande d’aide en stratégie de survie et de reconnaissance de son imbécilité. En face, on vous répondra par le sourire et les allocations…nous n’avons pas les mêmes valeurs.    
           
En 2011…demander de l’AIDE chaque jour, ne fait pas cuire le manioc. AGISSONS… !
 
Que faire ?
La force de notre « toile d’araignée nationale » sera dans sa capacité à accroitre sa liberté d'action en multipliant les sources de financements donc d'autonomie, les contacts, les actions et propositions pour concentrer finalement ses efforts en un point donné, en fonction des objectifs du moment.
 
Dès lors, il est évident que la forme de la toile (qui ? quand ? où ?) sera fonction du projet (pourquoi ?) et de l'environnement pertinent (comment ?). A ce jour les projets concertés et pertinents comme réponses aux attentes de la République manquent ou se font attendre. N’ayez pas peur, la France vous aime, elle n'attend de vous que des stratégies toile d’araignée nationale pertinentes.
 
Parler ne fait pas cuire le manioc, AGISSONS...!
 
Ne pas agir en homme de pensées et penser en homme d'action nous enseigne le philosophe Bergson.
 
Problèmes à résoudre avant d’agir
1.   Il est clair qu'en ce qui concerne la communauté économique franco-africaine, la dénomination vient en premier par rapport au réel. Parce qu'une communauté n'existe comme telle que par sa construction sociale et par la mise en place d'un travail de représentation du groupe. C'est le principal facteur bloquant la mise en place d'une stratégie réseau pertinente.

2.   La difficulté à mettre en commun nos intérêts multiples ne serait-ce qu'en fonction des échéances de 2012 ou des contraintes externes est notre principal point faible. Telle est notre quotidien, s'y étendre serait cruel.
Nous avons relevé plusieurs facteurs bloquant, fragilisant, et infériorisant.
 
a. Nous (les afro-français) nous sommes enfermés dans le piège du discours justificatif, revendicatif, nous aimons faire allégeance à tous, sauf à nous-mêmes. La colonisation est passée par là, un colonisé a souvent des troubles d’identité, de positionnement et de prise de parole, cela se traduit par un manque de confiance en soi. La solution se trouve toujours dans les mains du maitre, donc, on continue à faire confiance à ce qui vient d’ailleurs jamais de soi-même. En Afrique francophone, chaque fois qu’une difficulté majeure jaillit, c’est à Paris que se trouve la solution. Du chef de l'Etat jusqu'au jeune désœuvré, tous à l'unissons vous feront comprendre que la solution du blanc est plus rassurante. Les solutions internes sont toujours torpillées de l’intérieur, la raison : le manque de confiance. Au cours de mes missions de conseils en Afrique francophone (Cote d'Ivoire, Sénégal, Bénin, Congo-Brazzaville, Congo-Kinshasa), votre adjoint "blanc" que vous payez, sera le premier à qui on va serrer la main. Passons !  En France, « le blanc » est bien meilleur que mon frère, sa solution va forcément être juste. Résultat : autant s’associer à lui que de se souder à un sénégalais, congolais, malien, ivoirien, camerounais, le reste est bien connu.  Comme si cela ne suffisait pas, nous avons fait montre en France à chaque douleur, de notre incapacité à dissuader et/ou attaquer par l'information et la communication d’influence de manière offensive ou défensive, chaque fois que la communauté ou l'un de ses membres est mis en cause. Toute action n’atteint son but que, lorsqu’une association bien française s’en charge. Pourquoi ? 
  Nous vous espérons nombreux à nos futures conversation stratégique de 2012 (le temps de régler les aspects financiers) pour vous donner les éléments de compréhension.

b.   Il y a un fait important, la rétention de l'information à titre personnel ou communautaire. L'information n'est pas encore comprise comme un outil de travail, d'animation, de rassemblement, mais un enjeu du pouvoir. La conséquence est le cloisonnement entretenu entre collecte, traitement, analyse et diffusion des informations utiles à la mise en place des actions communautaires.

c.    Les chinois disent : » parler ne fait pas cuire le riz ». Cette propension étonnante que nous avons au cours de nos réunions, forums, colloques à disserter sur les opinions et non sur les faits, donne malheureusement, la priorité à la théorisation et aux idées abstraites, oubliant l'essentiel, c'est-à-dire proposer des solutions quantifiable et mesurable visant à résoudre les problèmes quotidiens pour lesquels la République des idées attend nos projets clés en main comme participation au processus national d’échanges et de mutualisation d’intérêts et d’actions.
 
A chaque fois que cette question est posée : Où sont vos projets ?
 
-      Réponse : un silence gêné, des rires idiots ou des murmures dans la salle.
-  Quand, le projet a le bonheur d'exister, à la question subséquente comment comptez-vous vous organiser ?
-      Généralement on construit des châteaux dans le désert du Sahara ou, on déroule une phraséologie nébuleuse en guise de réponse.
Faire que parler ne rassemble personne…AGISSONS…!
 
d. Notre incapacité à développer une confluence d'intérêts communautaire est patente.
 
 Conséquence :
-      faible capacité de lobbying,
-      impossibilité de levée de fonds,
-      faible capacité de mobilisation,
-      gestion malhabile de l'information stratégique,
-      inaptitude à se valoriser et à valoriser une nouvelle image de nous-mêmes.
-  A cela s'ajoute un manque de communication intercommunautaire, d'interaction, de coordination entre les différentes organisations et actions communautaires.
-      N'oublions pas l'absence de management des compétences, aucune gestion ordonnée des pôles d'intégration, de compétence et d'émulation communautaire.
 
e.   La permanence des conflits d'intérêts personnels est la principale cause, ainsi que la transposition sur le sol français des conflits régionaux ou ethniques africains.
-
  L'intérêt général n'est pas encore une source de motivation, d'efficacité, d'entraide et de réussite. Pour avoir mal compris l'individualisme et ses exigences en démocratie, les anarcho-profito-situationnistes font voler en éclats tout effort de construction communautaire.   

f.     Il est curieux de constater notre gestion malhabile du secret et parfois son ignorance. Or, toutes les communautés en France ont besoin de secret. Au commencement il suffit de se taire sur votre organisation stratégique. A force de se pavaner, de se plaindre, d'être jaloux de la réussite de son frère, de vouloir plaire à l'Autre et d'étaler nos divisions au grand jour dès que possible, nous avons commis l'impardonnable : être une communauté sans secret. Le secret est une arme, un enjeu, une protection, un rapport de force, un pouvoir. Pour en savoir plus, inscrivez-vous à la prochaine Conversation Stratégique.
 
Pourquoi sommes-nous la communauté la moins imperméable ?
La principale cause est la porosité de notre socle commun de croyances et de représentations symbolique et identitaire. A cela s'ajoute pour des raisons historiques, une absence de processus de valorisation et de coproduction des connaissances du fait d'une vision non collective de la finalité du monde, de l'information collective, et de nos actions communautaire.
La dissolution de l'individu dans la communauté occulte toute culture des responsabilités, éteint le sens et le goût de l'effort dans la durée. Aucune communauté ne s'est construite autour de l'aide, de la compassion, du bon vouloir de l'Autre.
 
Face à ce qui précède, notre exigence la plus profonde devient : donner un sens à notre présence en France. Créer une dynamique nouvelle, tant d'échecs éloigne et nous éloigne des Autres, nous ne sommes pas les damnés de la France, sachez-le.
Il s'agit dès à présent d'apporter un contenu clair, en d'autres termes que nos élites, nos acteurs économiques et politiques puissent fournir une explication qui rende intelligible ou réaliste notre sens signifiant. Le sens signifiant en l'espèce est le cadre référentiel décrivant les fondements de nos actions futures (besoins de la communauté dans la République, attentes de la République envers nous, eh…oui). Le sens signifiant est aussi un cadre de décisions et d'orientation (but de l'intervention, pratique de nos actions, les effets d'ensemble.) et enfin le cadre normatif (règles du vivre et de l'agir ensemble dans nos communautés en conformité avec la loi républicaine). 

A nous, face au discours qui fait justification à tout, qui s'estime prouvé par tout ce qu'on lui oppose, D'EMERGER ET DE SE POSITIONNERMerci

Prochain billet : les stratégies d’émergence et de positionnement des NOIRS dans la République de 2012.


lundi 17 octobre 2011

ETAT FRANCO-AFRICAIN : STRATÉGIE ET INTELLIGENCE POLITIQUE


L’exercice d’une démocratie réelle est-il possible en Afrique francophone sans limiter les intérêts économiques de la France ?

Par Patrice PASSY

Le désordre est bien puissant quand il s'organise.  André Suarès

J’ai eu le plaisir de traiter de cette question dans une circonstance à Kinshasa…Ce qui suit est le résumé de mon intervention. En l’espèce, il ne s’agit pas de traiter de la question de la démocratie en Afrique francophone, mais d’inscrire celle-ci dans le contexte actuel des rapports marchands, de la concurrence mondialisée à savoir la mondialisation. En France au sommet de l’Etat, on a pensé et on continue à penser que la démocratie est un luxe pour les « Etats indépendants du pré-carré français ».

I - L’incertitude du risque  démocratique dans les « ex Républiques sœurs d’Afrique »
Le double langage diplomatique français sur la question est connu (dénoncer les dictatures pour mieux soutenir les dictateurs…Erik Orsenna) et la raison à l’origine de ce double langage est stratégiquement double.
  1. Laisser à chaque ancienne colonie une liberté individuelle de choix, de stratégie, de modèle économique et de développement au regard du passif historique (la colonisation), c’est prendre le risque que les chefs d’Etat au pouvoir s’adonnent à des entreprises qui peuvent aller lourdement dans le sens contraire des intérêts français.
  2. Accorder à chacun une liberté d’indépendance dans l’Etat franco-africain, c’est inviter la diversité des points de vue, des intérêts divergents et convergents, d’affronter les légitimes revendications, avec en toile de fond la contestation des privilèges exorbitants français en Afrique francophone. En ligne de mire, la mise en examen des intérêts français, la critique de la gestion calamiteuse de son pré-carré pouvant générer l’extrémisme de quelques « patriotes » au pouvoir à savoir la possible rupture des relations historiques... Or, la culture politique, diplomatique, économique et linguistique dans l’Etat franco-africain veut que les anciennes colonies agissent selon une règle fixée le soir des indépendances, certes non écrite, mais puissante et structurante à savoir : privilégier pour mieux préserver les intérêts français, dans chaque situation interne ou externe à ces Etats. Le statut quo politico-économique même en cas de désaccord doit être préservé au nom des liens historiques. A chaque « parcours hors-piste » d’un président africain, le coup d’Etat, la mort violente, le chaos, la diabolisation médiatique, l’asphyxie financière, la perte du titre idiot, mais très convoité par les chefs d’Etats africains « ami de la France » font partie des roquettes antidémocratiques que la France peut tirer à l’endroit de l’infortuné président au grand dam des intérêts du pays.
  3. Il est connu qu’accorder la liberté d’indépendance, c’est accepter l’émergence d’un contre-pouvoir face à la présence française en Afrique.
  4. Laisser se structurer une opinion publique dans chaque Etat, c’est devoir accepter que la politique française se prive de ses pratiques officieuses, politico-maffieuse, militaro-maffieuse, puisque la presse devenue libre justement se ferait fort de révéler au public ce qui se trame d’ordinaire dans les coulisses du pouvoir de l’Etat franco-africain. Le mensonge, la corruption, la médiocrité comme art de gouverner devra céder le pas à l’obligation de développement économique et à la liberté de penser qui est un des droits posés par la Déclaration de Droits de l’homme. Il n’est pas rare d’entendre dans certains cercles parisiens que la conscience des peuples francophones d’Afrique doit sortir de l’immaturité où justement le maintenait un pouvoir français trop paternaliste. Le traitement de la crise ivoirienne ne nous a pas donné la nette vision que le peuple ivoirien a été aussi traité en adulte. En d’autres termes, la conscience démocratique ne mûrit pas pour la liberté présentée par la médiacratie française, elle mûrit  dans la liberté ivoirienne de mûrir sa liberté. Elle ne peut servir que ses intérêts en ayant une conscience plus large de « ses chaines et horizons » et une intelligence plus lucide pour son avenir. Cette condition n’est pleinement remplie, que si la conscience en l’homme est pleinement éveillée, que si l’homme dispose d’une véritable liberté de penser. La démocratie sous condition « conçue et donnée » par Mitterrand aux africains ne plait pas du tout aux intérêts français. Ils n’aiment pas ça. 
  5. Accorder à des « peuples à gestion concédée » le droit de se gouverner eux-mêmes, c’est dans un premier temps encourir les représailles contre l’ex-colonisateur de la part de ceux qui ne veulent plus se soumettre à une tutelle directe et/ou indirecte française. Dans un second temps, c’est se priver d’une armée de soumis (à l’ONU ça compte énormément), de rente financière, de manne économique et de débouchées pour ses multinationales, ses intérêts géostratégique, géoéconomique et son rayonnement international. C’est un risque qu’en l’état actuel des rapports marchands dans le monde que les stratèges français, afro-français et les « élites africaines » ne prendront pas.
  6. Avoir des Etats qui exercent réellement leur indépendance dans le pré-carré français, c’est leur laisser l’opportunité de retrouver un équilibre hors du système de dépendance intégrale où ils avaient été et sont encore placés, ce qui est à court, moyen et long termes dangereux pour les intérêts français
  7.  Avoir un système monétaire hors contrôle de la banque de France est une incertitude grave et un risque financier à ne surtout pas prendre au-delà des discours de façade habituelle. Nous comprenons donc que toute démarche, annonce ou décision politique qui vise à accorder au peuple plus de liberté réelle, est vue à l’Elysée comme concession aventureuse qui comporte des dangers multidimensionnels, multiformes aux conséquences lourdes pour la France. Il est de bon ton de relativiser l’intérêt économique de la France pour l’Afrique, mais la réalité des chiffres démontre le contraire. Les échanges économiques en 2008 s’élevaient à plus 52 milliards d’euros. Le CIAN (Conseil Français des Investisseurs en Afrique) annonce 40 milliards d’euros de chiffre d’affaire pour les 80 entreprises adhérentes à cet organisme. Les principaux secteurs économiques (logistiques, le bâtiment, les transports, eau, télécom…) sont aux mains des filiales françaises. En bref, comme le résume en avril 2008, sur le site Linternationalmagazine.com, le patronat français et les financiers anglophones : « L’Afrique reste très rentable »[1]. Les parenthèses démocratiques qu’ont connues la majorité des Etats d’Afrique francophone dans les années 90 ont été vite refermées, du fait justement des effets collatéraux que la démocratie pouvait générer pour les intérêts français. La démocratie dans les pays de la zone franc est la boite de pandore dont l’ouverture en 2011 pourra accélérer l’exclusion de la France du G8 avant 2030. Ce n’est pas rien.
Il parait évident que l’exercice d’une démocratie réelle est difficilement concevable sans garantie et contrôle français.   
Pour épouser les évolutions du monde à la fin des années 80, la France pose deux verrous stratégiques qui instaurent le contrôle de la démocratie, en clair installent le déficit démocratique français dans sa zone de confort économique.
A.   Juin 1990 au sommet franco-africain, le président Mitterrand innove : « La France liera tout son effort de contribution aux efforts qui seront accomplis pour aller vers plus de liberté. ». Au cours d’une conférence de presse consécutive au sommet, le président français précise sa démarche : « Il est évident que l’aide normale  de la France sera plus tiède en face des régimes qui se comportaient de façon autoritaire sans accepter d’évolution vers la démocratie et enthousiaste vers ceux qui franchiront le pas avec courage. » Mitterrand se rend compte que soutenir les dictateurs ne pouvait être une politique française intelligente et durable, il va falloir conditionner l’aide au développement à la bonne gouvernance, un concept encore flou en 2011, dont  les contours à ce jour, attendent de prendre corps et forme en Afrique francophone. En effet, la conditionnalité politique exige que l’allocation de l’aide au développement se règle en fonction des réformes que les pays bénéficiaires mettent en place dans les secteurs politiques et administratifs, dans le respect de la « bonne gouvernance ». Le principe de « bonne gouvernance » comprend généralement quatre composantes :
a.   l’ancrage des politiques économiques aux principes de l’économie de marché,
b.   la bonne gestion des affaires publiques,
c.    l’instauration d’un gouvernement démocratiquement élu,
d.   le respect de l’Etat de droit et des droits de l’homme.

Conséquence : Au-delà des bonnes intentions et des stratégies de réduction contre la pauvreté, en 2011, le déficit démocratique reste chronique en Afrique francophone et la mauvaise gestion des affaires publiques fait d’elle une zone de décroissance continue depuis 1960. 
Source : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/onze-pays-d-afrique-ou-la-democratie-recule_792988.html

B.   1996Le Groupe des Sept (G7)  lance une Initiative en faveur des pays les plus pauvres très endettés (PPTE), lors du sommet de Lyon en juin 1996 et en  confie l’exécution au système de Bretton Woods.
Cette initiative, renforcée en 1999, lors du sommet du G7 à Cologne, repose sur l'idée qu'une réduction globale de la dette est une condition nécessaire au développement des pays les plus pauvres. Elle prend acte des limites d'une approche bilatérale de la dette, au sein d'organismes tels le Club de Paris, groupe informel de pays industrialisés créanciers, spécialisé dans la normalisation des défauts de paiement des pays en développement.
La France solitaire en 1990 va donc associer les autres (G7) en 1996 pour mieux se répartir le poids de la domination et la gestion des substantielles bénéfices. Ces deux verrous stratégiques  imposent la même vision de ce que devrait être le monde idéal futur. La France avec les « autres » grâce leur bras séculier (Banque Mondiale, FMI, Les banques centrales, les structures informelles, Club de Paris, Club de Londres, G7…) s'accordent sur un faisceau de stratégies pour mieux synchroniser leurs actions respectives vers des objectifs communs, en induisant des situations économiques favorables à la réalisation de leurs objectifs, à savoir : 
  1. Affaiblissement des états et du pouvoir politique
  2. Déréglementation des zones économique, des pivots stratégiques (RDC, Tchad, Côte d’Ivoire, Centrafrique…)
  3.  Privatisation des services publics
  4.  Désengagement total des pans entiers de l'économie, y compris des secteurs de l'éducation, de la recherche, et à terme de la police et de l'armée, destinés à devenir des secteurs exploitables par des entreprises privées
  5. Endettement des états au moyen de la corruption, des guerres inutiles, des conflits larvés budgétivores, des dépenses militaires pour gérer les désordres orchestrés. Lorsqu'une montagne de dettes a été accumulée, les gouvernements sont contraints aux privatisations et au démantèlement des services publics. Plus un gouvernement est sous le contrôle des "Maîtres du Monde", et plus il fait augmenter la dette de son pays. L’effacement de la dette l’oblige à se mettre sous le contrôle de ses nouveaux maîtres.
  6. Précarisation des emplois et maintien d'un niveau de chômage élevé
  7.  Empêcher la montée des revendications sociales dans la Zone Franc, en y maintenant des régimes totalitaires ou corrompus. Ceci est donc un verrou stratégique essentiel qui doit être préservé à tout prix.
D’où ma question, peut-on être démocrate africain et garantir la préservation des intérêts de la France dans une économie mondialisée ?
Les opposants africains à la veille des élections présidentielles sont souvent confrontés à cette lourde question et les malheureux candidats à ces scrutins connaissent mieux que moi le déficit démocratique français en Afrique francophone.  Les candidats à la présidentielle en Afrique sont conscients que, de la qualité de la réponse à cette question, c’est-à-dire le pourcentage des assurances et gages  apportées ou proposés aux intérêts (économique, géostratégique, linguistique, culturelle, financier, militaire,  sous-régionale, minier et géoéconomique), aux préoccupations françaises  face à la BRIC (, Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, Nigéria) peuvent dépendre de manière téléguidée, guidée ou directe l’issue d’un scrutin dans les « ex-Républiques sœurs d’Afrique ».
Les clés d’une assurance tous risques dans la gestion des actifs et intérêts français dans son pays

1.   Panne principale : La France n’a pas eu de réelle doctrine pour assurer la colonisation et la décolonisation de l’Afrique francophone, elle a mis en œuvre dans une confusion notable et une négligence blâmable des moyens pour coloniser (le sabre et le goupillon), une propagande pour légitimer et justifier sa mission civilisatrice auprès de l’opinion nationale. Or, toute appropriation ne se transmet pas grâce aux moyens et par la propagande à une autre génération, on transmet des idées.
Conséquence : La conséquence la plus remarquable pour les initiés est qu’à la fin de la guerre froide c'est-à-dire à la fin des années 80, sur le plan stratégique, économique, et politique ce n’est pas la France qui contient et définit sa stratégie dans sa zone de confort économique, mais la non-stratégie (c'est-à-dire l’incohérence et l’inorganisation des centres de décision) ou la stratégie des réseaux politico-maffieux qui contient et définit les intérêts français en Afrique.
Conseil : Il faut individuellement puis collectivement commencer par concevoir une doctrine en réponse à cette panne comme solution (congolaise, gabonaise, camerounaise dénommée : la politique extérieure congolaise pour la France etc… enfin au niveau sous régionale « CEMAC, UMOA »). Les points clé de cette politique : « le passage de l’Etat aveugle à l’Etat stratège, la définition du périmètre stratégique des intérêts de l’Etat à inscrire dans la constitution, l’établissement du cahier des intérêts des entreprises stratégiques de l’Etat, la définition d’une stratégie de puissance sous régionale etc… »
2.   Eternelle difficulté : La France souffre des effets secondaires de la culture de Fachoda, c’est-à-dire la peur de se faire évincer par les anglais comme ce fut le cas à Fachoda. « 10 juillet Les Français atteignent les premiers le site de Fachoda. Depuis 1896, la mission française du capitaine Marchand fait route à marche forcée vers le Soudan afin de devancer les Britanniques dans leur progression vers le haut Nil. Lorsque le général anglais Kitchener rejoint à son tour la ville occupée par Marchand, c’est le début de la crise. L'Angleterre adresse un ultimatum à la France, la sommant de se retirer. Paris refuse en conditionnant son départ à l'obtention d'un débouché sur le Nil. Fachoda sera, au final, un échec cuisant et humiliant pour la France, qui finira par céder à la pression diplomatique et militaire des Anglais le 3 novembre, ordonnant le retrait des troupes… »
Conséquence : La culture Fachoda, conditionne dans des proportions non négligeables l’agir diplomatique français en Afrique francophone. Les Etats africains souffrent énormément de la reculade de Fachoda selon l’expression de Joseph Saves en ce sens que toute tentative de réflexion, toute expression non conforme aux intérêts français est toujours perçue à l’Elysée comme pro-anglo-saxonne, pro-américaine.

Pourquoi ? La « peur diplomatique » qui se transforme depuis l’irruption de la Chine en « angoisse diplomatique », renforcée par le non renouvellement américain à la France  du  rôle de gendarme de l’occident en Afrique depuis les années 90. La peur de céder la place aux américains, chinois, indiens, rend nerveuse la France en Afrique. Elle crée le taux d’inflation interventionniste le plus élevé au monde (plus militaire qu’économique bien évidemment). Toute contestation de sa légitimité historique, de son leadership, ou de ses privilèges exorbitants expose les relais locaux à une série de sanctions (coup d’Etat, intervention militaire, crise politique majeure, etc…). 

Conseil : aider les stratèges et politiques français grâce à une réflexion-action concertée à passer d’une logique de dépendance, et  d’emprise  à une logique d’interdépendance économique, politique et d’indépendance dans le respect des intérêts mutuels. De passer ensemble d’une logique d’aide au développement à une logique d’offre de développement mutuel. La mise en place pour le cas spécifique, d’un centre régional de Management des diversités franco-africain pour une meilleure décolonisation mutuelle et une mutualisation bilatérale et multilatérale des intérêts multidimensionnels devient urgent. Pour l’instant la réalité est une construction française des rapports avec l’Afrique à somme nulle. Le résultat des actions que je propose serait de voir se consolider une construction franco-africaine à somme positive.

3.   Principale blocage : la France a peur. Elle a peur de ses laxismes, de ses incapacités, de ses incompétences, de ses copinages, de ses lacunes criardes, de son manque de moyens actuellement. Elle a peur des effets néfastes pour son économie  de suites de l’éradication de ses privilèges et bénéfices exorbitants en Afrique francophone sans rapport avec ses apports. Elle a peur de perdre son influence, peur de perdre son rayonnement international, peur de perdre sa zone de confort, peur d’être éjectée par les anglais, les américains, les russes, les chinois. La présence française a nié l’altérité individuelle ou collective africaine, elle a ainsi nié tous nos apports. Une solution africaine pour et par les africains est dans la réalité diplomatique et politique française objectivé d’un statut « non conforme à la logique française et aux intérêts français », francophone mais pas français, donc invalide. Cette peur des solutions africaines justifie souvent les coups d’Etats, les interventions militaires et les déstabilisations soudaines que peuvent connaître certains pays. La possibilité et l’éventualité même d’une gestion africaine des problèmes de développement de la zone franc par les africains est simplement nié, saboté par l’exécutif français selon des mécanismes complexes. Quand elle a le bonheur d’exister, elle est torpillée de l’extérieur avec des complicités internes. Ces peurs naissent de la myopie stratégique française, fruit d’un tissu de fautes lourdes. Peur surtout parce que le passif historique français en Afrique, l’évolution des connaissances et les nouvelles versions du monde « sans la France » soulèvent et posent des questions en Afrique et en France que je qualifie de métaphysiques. En particulier celui du sens de cette relation, ou plus exactement de l’intérêt de cette relation.                                                       

Conseil : Penser autrement à Paris  la mosaïque africaine  et dans les capitales africaines, la France, permettrait de réduire les peurs et de replacer la confiance au cœur d’une vision stratégique commune. L’histoire, nous y oblige le futur n’est plus devant nous, mais il est là. Au cœur de toute conquête en l’occurrence, il y a l’homme. Cinquante et un an après, ce travail impérieux et collectif, mérite d’être dépoussiéré et fait sans préjugés, ni fioritures. Il en va non seulement de l’intérêt primordial de l’Etat franco-africain pour son maintien et son développement, mais aussi de la prospérité économique de la France et des pays de la zone Franc. Il s’agit pour moi de priver de tout terreau les peurs françaises en Afrique. Elles ont fait mal, très mal et si l’on y prend pas  garde vont continuer de faire souche avec la nouvelle génération des politiques français qui ne connaissent rien à l’Afrique mais surtout préfèrent entendre autre chose que l’Afrique. Les Etats africains ont payé le prix fort des « peurs stratégiques françaises », il ne s’agit plus d’intervenir militairement, ni de placer un ami de la France au pouvoir, c’est du plâtre sans consistance et sans efficacité avérée, il s’agit de levée les barrières devenue de plus en plus denses de l’ignorance mutuelle, de la confiance perdue, du désamour consumé. Les nouvelles générations françaises et africaines s’ignorent, se méprisent, éloignent et s’éloignent. De nos jours, le fait d’avoir la langue française en partage dans la zone francophone ne veut pas dire que les français connaissent la mosaïque africaine et vice versa. Le prétendre est de la pure ignorance des complexités culturelles des uns et des autres. Le discours de président de la République à l’université de Dakar en est la preuve. Il faut compléter l’instruction des cadres supérieurs et des conseillers spéciaux, des diplomates, des hommes politiques, revisiter les modalités de propagation des connaissances utiles et urgentes visant une meilleure connaissance mutuelle, initier des grands débats sur la pédagogie à adopter pour enfin décoloniser les français de l’Afrique et les africains de la France.

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[1] La France contre la démocratie en Afrique …Paul Martial - http://pambazuka.org/fr/category/features/75006


samedi 15 octobre 2011

Patrice PASSY: Fonds Monétaire International : Fiche technique

Patrice PASSY: Fonds Monétaire International : Fiche technique: Allègement de la dette au titre de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) le 6 Septembre 2011 L’approc...

Fonds Monétaire International : Fiche technique

         

Allègement de la dette au titre de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE)

le 6 Septembre 2011

Source : http://www.imf.org/external/np/exr/facts/fre/hipcf.htm