mercredi 17 juin 2015

Comment faire du SILENCE une nouvelle stratégie offensive de contestation politique ?

Communication d'influence


L e silence est le premier étape du communisme de mouvement 

La méthode : LE SILENCE (nouveau paradigme politique)

Ceci est le résumé de nos conversations stratégiques fermées du mois de mai 2015. http://ppassy.blogspot.fr/2015/05/les-conversations-strategies-fermees-de.html

Le silence « Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence. » d’Euripide
Le silence constaté par tous les africains face aux « régimes dits démocratiques » est la plus grande révélation des "sans voix" en cette période de marchandisation croissante de TOUT en politique. Plus rien ne compte dans ces démocraties importées, si ce n’est que l’argent, le paraître et le béni-oui-ouisme. L’argent facile (rente, prostitution politique, intrique, montage financier bidon, corruption généralisée etc. Continuer la liste est cruelle… !)

Vous l’avez compris, nous sommes dans l'univers du moindre effort dans lequel, le sens des valeurs a été inversé, la culture de l’immédiateté, la culture du pesa ga (donne-moi), la culture de la main tendue, la culture de la facilité (sexe, argent et pouvoir) a vite eu raison du sens du service public, du sens de la parole donnée, du sens de l’effort, de la loyauté, du courage politique, du respect de ses convictions, du patriotisme économique, de la fraternité, de l’amour de soi. Ce qui est choquant c'est de constater que même l'amour de son propre pays  a disparu de l’intelligence politique de l'élite. 

Saviez-vous qu’il n’y a plus d’adversaire politique en « démocratie à l’Africaine », il n’y a que des ennemis. Pourquoi êtes-vous ennemi ? Parce que vous commettez l'impensable, à savoir : penser autrement. Or en Afrique francophone dans le silence de son courage, un ennemi, on le tue, pardon…disons on le neutralise. Le respect de l’autre peine à s’ériger en valeur, ainsi que la vie de l’autre et du respect de  ses opinions. 

Les raisons du silence du peuple

Choqué, vilipendé, moqué, trahi, méprisé, tenu à distance par cette élite qui se croit tout permis, le peuple s’est muré dans le SILENCE. Car habile est le peuple qui garde le silence. Ce silence nous le savons angoisse sérieusement l’homme politique. Face au silence, le politique se pose depuis le début des années 90, la question suivante: « On étouffe les clameurs, mais comment se venger du silence ? » Alfred de Vigny. 

Pourquoi ?

Parce que, malgré leur force apparente, tous les régimes forts ont des faiblesses, des inefficacités internes, des rivalités personnelles, ethniques, des inefficacités institutionnelles et des conflits entre organisations et services. À la longue (10 ans, 20 ans, 30 ans au pouvoir), ces faiblesses tendent à rendre le régime moins efficace, moins réactif et plus vulnérable aux changements ou à une résistance délibérée. Ces régimes forts ne réussissent plus à accomplir tout ce qu’ils veulent. Ceci ne signifie pas que le communisme de mouvement va se réaliser sans risques et sans victimes humaines. Tous les types d’entreprises libératrices entraînent des risques.

Les nouvelles batailles à mener par les jeunes générations de décideurs vont être gagnées faute d’armes et de moyens par le SILENCE. Gandhi[1]  a utilisé la non-violence comme moyen de vaincre la violence du colon britannique. Il est TEMPS de faire du silence organisé et structuré, une arme de changement dans le communisme de mouvement. La défiance politique est la tactique souvent utilisée par les oppositions actuelles avec des effets très limités et sans capacités de mobilisation et de dynamisme déstructurant. 
Pour la simple raison que les oppositions africaines n’ont jamais trouvé la bonne réponse à la QUESTION : 
  • peut-on mobiliser, conscientiser un peuple, discipliner une opposition qui a sept fois FAIM ? 
  • Peut-on mobiliser une classe politique dont la corruption, comme un cancer a métastasé, puis étoffé tous les leviers de l’action politique (réflexion, mobilisation,  convictions, l’idéologie, financement, etc…)
La situation des oppositions actuelles m’incite à dire: NON.

Mais quoi de neuf avec le silence en 2015 ?

Le communisme de mouvement ou le communisme du changement à pour arme stratégique le silence. Le silence organisé et structuré est une tactique souterraine née de la mauvaise gestion des thématiques sociales des peuples, d’un désir profond et de liberté. Car le communisme de mouvement se veut être une organisation horizontale, non hiérarchique, a-partisane, sans programme, et sans dirigeant. Certes en apparence pas efficace pour faire avancer les exigences du peuple…mais elle est la première fissure dans la violence que lui oppose les « régimes dits forts » depuis des années. Elle permet de gagner la première de toutes les batailles, celle de l’image, de l’unité (élément essentiel dans un mouvement populaire) en disposant ainsi d’une solide fondation : la motivation populaire. 

Nous sommes dans une société de l’image et l’information sans frontière permet de voir et d’attirer l’attention, les effets du silence peuvent être spectaculaire et paralysant. La pertinence de cette démarche est donc à raffiner comme un produit pétrolier, c’est-à-dire de manière complexe pour une plus grande et large consommation. 

Qu'est ce que c'est le communisme de mouvement ?

Le communisme de mouvement n'est pas un état de choses qu’il convient d’établir, ni un idéal auquel la réalité devra se conformer. Le communisme de mouvement signifie pour eux (la nouvelle génération des jeunes leaders africains), le mouvement réel qui abolit l'état actuel des choses. La désobéissance civile quant à elle, pour les fanatiques de la comparaison, ne prône pas le renversement du système, mais sa « correction ». La guerre civile n’a jamais apporté le changement du système souhaité par le peuple, juste un remplacement des cupides par d’autres hyper-voraces. La jeunesse africaine francophone est arrivée à un constat : les systèmes politiques (dictature, démocratie) ont failli lourdement et sont créateurs d’injustices, d’instabilités et de vulnérabilités. Il y a certes une demande démocratique de la jeunesse qui réclame des réponses urgentes aux thématiques sociales, un avenir clair et bien fléché. Mais est elle bien consciente que la démocratie importée ou conditionnée, confrontée à la réalité de l’exercice du pouvoir en Afrique francophone, a montré très tôt ses limites.

Comment faire du silence une nouvelle capacité de contester un régime en crise d’usure ? 

Actuellement, l’organisation verticale des modes d’expression politique, cantonne la parole pour le plus grand nombre qu’au moment des votes. Ce mode d’expression a fait long feu et le principe démocratique d’un gagnant et d'un perdant en Afrique est dès le départ inapproprié, clivant et source de tensions lourdes et récurrentes. Il faut non plus s’approprier de la démocratie qui est en fait la source de tous les maux politiques actuellement, mais inventer un nouveau mode d’expression (euh oui..., nous devons être capable d’inventer et c’est plus que possible aujourd'hui. La Chine n'est ni démocratique, ni communiste, elle a trouvé sa voie autour de 8 idées fortes.)qui ne divise plus, ni ne sépare, ne prépare pas à la guerre, mais de manière collégiale et tournante, assure à tous sur la base d’un système complexe à parfaire, au cours des expériences, l’accès de tous à la gestion de la cité. Nous allons aborder la question le moment venu. 

La démocratie importée avec sa mascarade d’élections ne doit plus jamais être retenue comme mode d’expression de la voix du peuple, elle ne suffit plus à rendre compte des aspirations du pays réel, du peuple. Le silence dans le communisme de mouvement est donc le refus de la hiérarchie, de la délégation des pouvoirs et de la démocratie représentative. Le silence qui, à ce jour, ne s’exprime qu’en désordre par le refus d’aller voter, par l’abstention, doit être mûri, réfléchi, construit par une nouvelle idéologie comme réponse culturelle endogène et technique  autour des valeurs correctives nées de nos échecs, de nos retards, de nos mauvais débuts et faux départs. La démocratie ou la dictature n’étant plus à même d’assurer des conditions de vie minimales pour tous, de compenser l’injustice, pourquoi accepterait-on ces organisations verticales ?

Le silence oblitère tout dans un pays. Le silence coupe tout émetteur d’un récepteur. Sans récepteur toute communication politique est rompue et le marketing politique inopérant. Hors qui peut gouverner longtemps loin du temps ? Or le temps est une donnée politique centrale. C’est là sa force. S’il est pour certains un aveu conscient des peuples de ses incapacités du moment, il traduit surtout pour tout observateur averti, un désaveu populaire.  En l'espèce, il est une période propice aux rencontres sans buts, ni intérêts, aux constats, aux diagnostics, à l'expérimentation de l'appareil de solutions, une préparation à l’insurrection des consciences. En d’autres termes une période favorable à la préparation d’un mouvement populaire. Que les seuls excès des élites, soulèveront comme une vague déferlante sur leurs incapacités, excès, violences, pauvretés essaimées grâce à leur démocratie importée. 

Le silence est l’âme des peuples trahis, le signe d’un peuple qui souffre des incapacités de ses élites. Mais il ne demeure pas moins, le remède à tous les maux causés par les élites au pouvoir de plus en plus irresponsable et irrespectueuse de l’âme du peuple. C’est ainsi que la vérité future sera faite du silence des morts de demain. Le silence relevé face aux élections, aux constitutions déglinguées, aux sept faims d’Afrique francophone  est certes une complicité imposée, un aveu d’impuissance et d’incapacité, mais il doit être plus perçu en cette période, comme le dernier refuge de la vraie liberté du peuple, la liberté de penser, d’imaginer, de préparer, de se préparer au sacrifice suprême pour sa libération…

Le silence signifie que le peuple n’a pas d’espace d’expression, pas de place dans la société de débauche, de luxure, de facilité, et d’antivaleurs que la culture du béni oui ouisme (de Dakar, Lomé, Niamey, Bamako, Conakry à Libreville…) veut imposer au vrai peuple qui se lève tôt, qui travaille dur pour élever leur enfants, dans la dignité et la fierté de leur identité. D’où l’idée d’occuper le seul espace disponible devenu l’espace public et sécurisé par excellence : le silence du peuple. 

Le silence devient ainsi un lieu de rassemblement, de reconnaissance, un lieu d’échange de codes et de tradition. Un lieu source de mémoire, une école de la patience et un cadre d’organisation. Cette stratégie à la fois involontaire, inconsciente et consciente est essentielle. Elle est le premier étage du communisme de mouvement qui au fil des répressions, des injustices, des inégalités et des intimidations va développer: LA PUISSANCE ÉMOTIONNELLE constituant ainsi le socle des « overdoses révoltantes ». 

Il  exprime l’intérêt général des sans voix, traduit l’idée simple que le citoyen n’a plus son mot à dire sur des choix politiques qui concerne sa propre vie et sont devenus l’apanage des politiques mal préparés à la gestion de la cité et des experts étrangers sans compétence interculturelle ni maîtrise des liens organiques des sociétés cibles de leur expertise. 

Le silence face à la violence d’État

À ce jour la violence est du côté de l’État, car à chaque manifestation de rue, le peuple compte dans le silence de sa patience, ses morts (mort de faim, des violences policières, armées, de rêves inassouvis...). Depuis l’imposition de la démocratie en Afrique francophone, l’élite est rentrée en guerre ouverte contre le peuple.  Cette réponse répressive face aux sept faims des peuples d’Afrique est la marque d’une élite qui a peur, qui se protège des « gueux » qu’elle a elle-même engendrée.  Une guerre pour maintenir l’obéissance passive du peuple (le peuple DOIT avoir peur de l’homme fort), alors que les effets secondaires de la mondialisation (nouveaux rapports marchands, information sans frontières, évolution des mentalités, partage des connaissances, mutualisation des communications…) imposent à l'élite l'organisation vers l’obéissance active (qu’est-ce que je gagne dans ce que tu promets, quel est mon intérêt dans ton élection ? répond le peuple en écho). 

Ce silence a permis tout de même de dévoiler la violence cachée et souvent instrumentalisée de la démocratie importée dans les États d’Afrique francophone. Nous constatons que la démocratie importée et la dictature, n’aiment pas le silence du peuple, il l’achète à présent à coups de millions lors des campagnes présidentielles. 

Mais est-ce suffisant ? 

Le silence du peuple coûte trop cher pour le muer en soutien populaire ?
Le silence souvent critiqué des peuples africains ou même bêtement qualifié de résignation, est en fait un acte politique individuel inhérent à la rupture du lien entre l’élite et le peuple. Il traduit l’ « état de santé » entre le peuple et l’homme fort au pouvoir. Le silence dans les campagnes, les banlieues des grandes villes, dans les régions oubliées par le « régime fort » est l'expression d'une prise de distance du peuple envers celui qui a trahi toutes les raisons de son arrivée au pouvoir. C’est aussi une manière subtile et moins douloureuse de faire savoir qu’il y a  une dissonance (ne plus se reconnaître dans la parole portée par ses dirigeants sans pouvoir faire entendre sa voix discordante, ne plus consentir à certaines actions conduites par l'ordre social auquel on appartient plus). 

Cet acte politique marque le fait que la délégation de pouvoir, le consentement qu'on octroie à des représentants sont révocables. Car, les principes, les valeurs, les « impératifs moraux » supérieurs auxquels on tient(liberté, travail, égalité, justice, dignité humaine, respect de l’autre...) sont bafoués. C'est donc une forme exigeante de la vision endogène du partage du pouvoir (voire radicale, sans compromission) que prônent le silence des peuples d’Afrique francophone. 
Quand  les thématiques sociales sont en jeu, lorsqu'on assiste à un déferlement des antivaleurs dans une société, le peuple se réserve le droit de « retrait de la société des vainqueurs d’élections» en appliquant au pouvoir jouissif: le silence comme réponse aux campagnes et discours démagogiques.
Dans cette perspective, le silence apparaît comme l'ultime moyen (non institutionnel) de résistance pour gérer une dissonance entre ce à quoi, le peuple croit profondément et ce qui est politiquement mis en pratique dans la société, alors même qu’il est exclu de la « conversation » qui lui aurait permis d'exprimer son désaccord, de faire valoir son point de vue, son « dissentiment ». 
Dans le communisme de mouvement, il n'y a pas de pouvoir et d'opposition, car il y a bien longtemps que le peuple a compris que l’opposition n’est pas le peuple, non plus la voix du peuple.  Elle est un « conglomérat d’anarcho-profito-situationniste » qui comme un groupe de charognards s’acharne sur les miettes laissées par le pouvoir. Un conglomérat d’opportunistes sans crédibilité, ni épaisseur politique, sans conviction, ni intelligence politique pour faire face à la gestion des  complexité née des rapports et enjeux du moment ainsi que de la lourdeur des efforts à consentir. 


Le silence du peuple est donc le recours, interne dans une « société démocratico-violente », de ceux qui se sentent dépossédés d'une voix dans leur histoire. Le silence des peuples est en quelque sorte le moyen d'expression ultime des « inaudibles », de celles et ceux qui sont exclus des « conversations stratégiques de la Nation », qui ne sont pas reconnus socialement, ni invités aux réjouissances nationales. Au final, parce qu'il met en exergue les dérives de la démocratie importée, qu'il dénonce la « trahison » des élites du « régime fort, le silence serait le fondement même du communisme de mouvement en Afrique francophone. Il serait au fil des perfections et des apprentissages en quelque sorte sa « bonne conscience », son expression éthique.

 Le mode de croissance du silence est particulier en ce sens qu’il se nourrit à la fois des erreurs, injustices, et meurtres des élites et des rancœurs, des sept faims  du peupleIl n’a besoin d’aucun budget, ni de personnel, ni de membres, il est diffus et tapis au fond des peuples qui souffrent et attendent l’élément déclencheur. Il n’est mobilisable par aucun opportuniste politique, il a son autonomie propre et à sa propre vie comme dans un système social. Le communisme de mouvement va donc être sa forme raffiné et exploitable…

Pour en savoir plus sur nos conversations stratégiques fermées, cliquez sur ce lien...http://ppassy.blogspot.fr/2015/05/les-conversations-strategies-fermees-de.html 

mardi 16 juin 2015

COMMENT FAIRE DE LA DIMENSION CULTURELLE UNE STRATÉGIE D'AFFAIRES EN AFRIQUE ?

LA RÉFÉRENCE FRANÇAISE DES SOLUTIONS INTERCULTURELLES EN AFRIQUE


1960-2014 - L’Afrique interculturelle évolue, quelle échelle temporelle ?

Le continent africain dans les 15 prochaines années sera l'un des axes majeurs de la mondialisation au XXIe siècle.
Les faits sont clairs: depuis le début des années 2000, l'Afrique a été un continent "à la croissance économique et sociale pleinement en cours". Depuis plus d'une décennie, le continent a été soutenu par un taux de croissance annuel moyen de 5%. L'investissement étranger direct (IED) mondial est passé de de 1,2% en 2007 à 3,1% en 2012. En outre "le continent offre encore des possibilités remarquables". Sa population va doubler d'ici 2050, elle représentera 2 milliards de personnes, soit l'un des plus grands marchés du monde.

La France reste le premier investisseur en Afrique, sauf dans le domaine des hydrocarbures. Cependant, le pays est en train de perdre des segments du marché sur un "continent soumis à une concurrence internationale croissante". Aujourd'hui en Afrique, les choses évoluent très vite au point que certains cadres d’entreprise ne comprennent plus les générations montantes de cadres africains et des populations.

Les français ont besoin d’outils qui intègrent l’évolution contemporaine ,et permettent de lire les constantes des peuples africains.

Certains pays africains ont plus changé en vingt ans qu'en deux siècles. Il est temps, pour les expatriés et les impatriés, de tenir compte des évolutions, et de questionner leurs limites. Limites que la mondialisation, comme un réactif en laboratoire, met clairement en évidence en Afrique. Il s'agit d’aborder la question de la gestion du risque interculturel  en Afrique sous un jour intégrant à la fois les interrogations, les aspirations, les limites de chacun ainsi que les évolutions actuelles africaines dans un environnement économique en plein bouleversement.


La gestion des problématiques interculturelles en Afrique ne consiste pas à aligner des stéréotypes, à faire preuve de paternalisme, ni de briller par l'ethnocentrisme, l'arrogance, la condescendance, et/ou du racisme larvée. Mais à mettre en marche une dynamique fondée sur une nouvelle intelligence interculturelle afro-française. Le temps de l'Afrique a sonné disait le Président Hollande, mais êtes-vous à la hauteur des nouvelles attentes CULTURELLES de l'Autre ?


Ce qui a changé en Afrique, c'est le choix. Pour la première fois depuis près de 10 ans, l'Afrique économique a le choix: choix des partenaires, choix de modèle économique, choix de l'influence culturelle, choix des investisseurs, etc...Or, quand on parle de "choix" les mots tels que: qualité, exigence, attente, trouvent une résonance particulière dans les échanges.

Qu’est-ce que l’ Africain attend de vous (français, afro-français) en 2015 ? 

DB CONSEILS partage ici son expérience (résumé d'une intervention à la CCI de Paris). Voici les différents points qui doivent faire l'objet d'une attention particulière avant et pendant votre mission en Afrique: 
  1. vos compétences professionnelles (la qualité française sera attendue et la différenciation managériale très appréciée…)
  2. votre compétence interculturelle 
  3. votre résilience face aux situations critiques, notamment dans la gestion des problèmes multiples et complexes
  4. votre générosité (l'intelligence dans la gestion des cas sociaux, sera mise à rude épreuve dès votre installation)
  5. votre capacité de négociation ("oui" n'est jamais une garantie, "non " n'est jamais un refus, il faut savoir épouser les courbes du contexte, des enjeux et de la culture)
  6. votre lecture des enjeux et des intérêts locaux et la capacité de gestion des complexités locales
  7. votre hospitalité (sens de l'accueil, réception, disponibilité, écoute active, ouverture d’esprit, empathie, sensibilité interculturelle, votre capacité à gérer les incertitudes, l’ouverture aux autres)
  8. la place accordée aux anciens dans votre processus décisionnel
Problèmes en 2015
  • L’imperfection des moyens, la persistance des vieilles habitudes comportementales, la confusion des buts caractérisent le travail des cadres français ou afro-français en Afrique francophone.
Quelle différence d'approche des relations interculturelles entre l'Africain et le français en mission en Afrique ?


Quel sera votre partenaire culturel « africain » en 2014 ?
  • Retenez que votre partenaire africain (du fait de la prédominance de l’individu sur le groupe) a déjà développé et intégré l’interculturel dans sa stratégie d’entreprise.
  • Son sens de l’hospitalité, le prédispose, le conditionne et le prépare à un rapport d’échanges réciproques.  L’inconnu ne lui fait pas peur, il l’installe dans un "rendez-vous du donner et du recevoir" interculturel
  • La gestion des urgences à géométrie variable, induite par le système d’interconnaissance communautaire et la précarité, développe en lui un processus permanent de tolérance active, face à l’inconnu, à l’incertitude, aux imprévus et aléas. Il fera preuve d'une souplesse dans la réaction, l'attitude et l'effort qui peut déplaire, 
  • forcer l'admiration ou simplement générer une appréciation négative du fait de l'altérité.
  • Votre partenaire culturel africain, vous étonnera certainement par son esprit d’ouverture. Il intégrera votre différence dans sa stratégie comme un élément clé du conditionnement du potentiel de situation
  • Parfois déçu par le "non retour d’ascenseur de l’Autre", (l'individualisme français) il gardera, et exprimera toujours une attente de réciprocité pour mieux construire en bonne intelligence avec l’Autre.
  • Son intelligence relationnelle, lui permet de relativiser ses souffrances, ses échecs, ses retards, ses douleurs et ses joies sans plainte, ni murmure, avec toujours le sourire et dans la bonne ambiance. Il ne s'agit là  ni d'insouciance, ni de légèreté. 
    Que vous reproche votre partenaire culturel lors de vos missions en Afrique francophone ?

      Une erreur culturelle aux conséquences multiples


Pour les formateurs de DB CONSEILS l'erreur culturelle franco-africaine consiste à penser que le fait d’avoir en partage le français dans l’espace culturelle francophone, de partager une histoire commune, d'avoir une proximité culturelle et linguistique  veut dire que nous connaissons la France et les "français" ou l’Afrique et les "africains". Cette erreur culturelle coûte cher aux cadres expatriés ou impatriés. Ce qui nous permet de pointer du doigt les points de vigilance des expatriés d'abord, puis des impatriés ensuite, en Afrique francophone au cours de leur mission.

Les points de vigilance interculturels des expatriés français en Afrique

Une formation en management interculturel n’est pas un vernis de culture générale gracieusement offert par l’entreprise au futur expatrié pour qu’il ait un avant-goût de son pays d’affectation. Benjamin Pelletier




1-Gestion malhabile du passif historique

Conséquence de la colonisation 
Exemple: le travail: perception, rapport, rôle...
  • Pendant la colonisation, le système colonial avait une politique de mise en valeur des terres, des espaces. Au coeur de cette mise en valeur: les travaux forcés (esclavage déguisé), des hommes et des femmesEn 1927, le journaliste Albert Londres passe quatre mois en Afrique noire. A son retour, il écrit "Terre d’ébène" (Editions du serpent), violent réquisitoire d'une force rare, contre la politique coloniale françaiseAprès la colonisation "l'oeuvre de civilisation à tâtons" (Albert LONDRES), faute de décolonisation des mentalités, le travail est resté associé à la souffrance, la corvée, l'ingratitude du colon, les conditions de travail terribles.  Des razzia terribles amputaient les villages de leurs forces vives. Sans refaire l'histoire, on peut observer à ce jour que le travail en Afrique n'est pas considéré comme une source d'épanouissement, mais uniquement comme un moyen de nourrir sa famille et de gérer les problèmes de la communauté, de son village. 
        Application au monde de l'entreprise
  • Les notions comme la "motivation individuelle", la "gestion de l'outil de production", l'"intérêt général", le "sens commun", la gestion de l’outil de travail, la cohésion du groupe ou l’investissement personnel, ne sont pas des concepts fédérateurs, ou moteur dans la mise en oeuvre de projet en contexte africain.
2-Réticence à l’ouverture vers l’Autre
  • Nombreux sont les français qui, remplissent leur contrat, mais, éprouvent de réelles difficultés d'adaptation, rejettent la culture locale et subissent la mission et ses désagréments culturels dans l’attente du retour. Ils deviennent pourvoyeurs des préjugés à leur retour.
3-Incapacité à prendre en compte les particularismes locaux
  • Certains croient s’être adaptés, sans  réaliser qu’ils ne sont acceptés par ni par leurs équipes, ni par leurs partenaires du fait de leur manque de sensibilité à la culture locale.
4-Impair et négligence des facteurs culturels
  • Certains semblent trés bien s'adapter. Ils trouvent le pays agréable par attrait pour la nouveauté. Mais au bout d’une année, faute d'avoir développer une compétence interculturelle, ils commencent à avoir le mal du pays, critiquent,  comparent systématiquement et retrouvent les automatismes français qui sapent la coopération interculturelle.
5-Difficulté de la famille de l’expatrié à s’adapter à son nouvel environnement culturel
  • L'incapacité des épouses ou des époux à s'adapter dans leur nouvel environnement est à l'origine de près de 28% des échecs d'impatriation ou d'expatriation
Les impatriés afro-français dans leur pays d'origine

L'impatriation consiste, pour une entreprise française, à envoyer dans son pays d'origine un(e) afro-français(e) dans sa filiale africaine pour pallier une difficulté de recrutement, de management, ou de gestion.
En Afrique, un impatrié est un cadre de la diaspora rentré dans son pays d'origine, dans le cadre de son parcours professionnel.
L’impatriation des cadres africains de la diaspora  tend à se développer en ces temps de mondialisation. La demande des entreprises françaises se tournent de plus en plus vers eux.

Le syndrome du "bountisme culturel afro-français" ("africain" d'origine, français dans sa logique de raisonnement)

Ils ont choisi d'étudier, de vivre, de s'installer en France, d'y fonder une famille, de devenir français pour de multiples raisons. Mais lorsqu'après des années passées dans les villes ou les campagnes françaises, ils font un "back to the roots", le retour au bercail n’est pas toujours simple pour ces cadres. Au contact de la culture française, leur vision du monde s’est enrichie, et les travers de leurs "frères et sœurs", les différences de vue, de raisonnement, de comportement et de perception leur "sautent au visage".
La plainte, la critique, le mépris, le rejet de sa propre culture éloigne et vous éloigne du groupe, rendant la communication difficile. Les échecs ne sont pas rares, les reussites aussi. Voici les points à surveiller.

Points de vigilance

Une incapacité à prendre en compte les changements culturels et les évolutions des mentalités du référentiel culturel d'origine
Pour ces impatriés africains revenir est souvent plus difficile que partir. Le fait d’avoir acquis une double culture donne beaucoup de recul sur son pays d’origine. Les impatriés sont très critiques au moment du retour.

Une incompétence interculturelle se traduit par une réticence à l’ouverture vers ses frères. Car, il est devenu très critique, arrogant, méprisant envers eux. Il fait preuve d'une gestion malhabile du passif familial et/ou communautaire. Ces deux points sont les principaux mécanismes du malentendus interculturels entre "les frères et sœurs restés au pays" et l'impatrié.

A cela s'ajoute l'erreur culturelle qui consiste à croire que le fait d'être originaire de tel ou tel autre pays, ethnie ou région, vous dispense d'une actualisation de votre compétence interculturelle. Suite à votre absence prolongée : tout a changé. Le cadre de la diaspora oublie que le fait d'avoir passé 5 ans, 10 ans, 15 ans, 20 ans voire plus, hors de son référentiel culturel d'origine, fait de lui un bi-culturel, un étranger et non un algérien, congolais, camerounais, ivoirien. Minorer ce fait social est une faute lourde. Car la sous-estimation des évolutions culturelles (toute culture est en évolution permanente), la non-évaluation des impacts culturels de ses évolutions ainsi que des mentalités, sans oublier l'exigence d'une analyse de la réalité socioculturelle de votre contexte depuis votre départ, sont les principales causes d'échecs des missions d'impatriation.  

Depuis 8 ans, DB CONSEILS conseille les membres de la diaspora africaine qui ont un projet de retour au pays. 
Notre mission consiste à faire de leur retour au source, une réussite individuelle et collective. L'entreprise qui les a recruté, capitalise sur la bonne gestion du risque interculturel. 

Au cours de nos missions de conseils, nous ne cessons de souligner qu'il est important pour les cadres de la diaspora de retour dans leur pays d'origine d'être accompagnés pour disposer des clefs leur permettant de s’adapter au nouvel environnement de travail, de retrouver un équilibre familial, pour être efficace dans leur mission professionnelle et bien chez eux.

Mettre sur pied une ingénierie de formation, construire des relations d'affaires avec des partenaires africains, négocier dans un contexte africain, diriger une équipe multi-ethnique, expatrier des collaborateurs et leurs familles...est le quotidien de nos clients. Les questions auxquels vous êtes confrontées exigent des réponses pratiques. Y répondre c'est notre métier.


Le livret interculturel Pays
  • Lorsque l’interculturel se borne à la pose des passerelles interpersonnelles de communication, le pont entre le projet d’entreprise, la réussite de celui-ci et votre intégration reste fragile. Ce dispositif vous permet d’évaluer votre propre schéma culturel, c’est à dire vos propres forces et faiblesses en contexte africain, d’identifier votre propre image culturelle, mais aussi de tracer votre profil culturel pour mieux adapter votre ambition culturelle.  
Management des diversités franco-africaines 
  • C’est un ensemble d’actions articulées autour d’une démarche par étape visant à observer pour comprendre les spécificités socioculturelles africaines pour en déterminer les propriétés utiles à votre stratégie d’entreprise, décision stratégique, projet d’entreprise.

Le socle d’intérêts communs
  • C’est un régulateur des différences culturelles par la stimulation du corps social dans une organisation en vue de favoriser le dialogue social, en prenant en compte les particularismes locaux et les exigences globales de l’ensemble des acteurs.  
  • Un réducteur de conflit en face des rationalités différentes, des concepts universels et des concepts locaux que, l’entreprise et le contexte,  imposent aux expatriés. 
Patrice PASSY
Formateur en gestion des Problématiques Interculturelles
14 ans d'expérience internationale
patrice@dbconseils75.com 

lundi 1 juin 2015

EN SIX POINTS : COMMENT ORGANISER SES VICTOIRES, MALGRÉ LA FRICTION ?


La friction politique

L’incertitude, le phénomène de friction (Désaccords, heurts, conflits entre personnes, opposition entre partis politiques), font que la conduite des actions politiques, plus qu’action, est ré-action ; cet aspect interactif de la gestion d’un projet politique doit se retrouver dans votre planification. Autant, avant l’engagement, cette dernière doit être le guide rigoureux de la convergence des actions préparatoires, autant elle ne doit plus être qu’un idéal à atteindre dès que le phénomène de friction, la confrontation des volontés, ont bousculé les prévisions.

S’adapter

Planification et réaction politique

Puisqu’à l’action planifiée succède très vite la réaction, les complexités politiques africaines fait de la capacité de réaction, donc d’adaptation, l’une des qualités majeures des chefs comme des dispositifs. L’emportera finalement le parti qui saura non pas planifier et s’accrocher coûte que coûte aux certitudes rassurantes de sa planification, mais réagir avec la meilleur efficacité.

Souplesse dans les modes d’action

Puisqu’il est impossible de prévoir de manière sûre le déroulement de la bataille politique, ou d’une campagne électorale, la sagesse consiste non à nier cette irréductible irrationalité, mais à se donner les moyens de réagir à l’imprévu. Or l’anticipation est le point faible des stratégies portées à notre connaissance. Puisque les plans peuvent être aisément contrariés par l’action adverse, la communauté internationale, leur qualité majeure doit être la souplesse d’adaptation aux nouvelles circonstances et force contraignante. Ainsi, pour basil LiddellHart, « l’adaptabilité est la loi qui gouverne la survie à la politique comme dans la vie, le combat politique étant un concentré de lutte humaine contre l’environnement » ; le chef doit « s’assurer que les plans et les dispositifs sont souples et adaptables aux circonstances »
Souplesse dans les dispositifs

Géré l’imprévisibilité, fruit de la « friction politique », c’est chercher, simultanément, à s’en préserver et à en tirer parti, c’est-à-dire se tenir prêt à réagir à l’inattendu et à exploiter rapidement les opportunités, puisque « les opportunités politiques, n’attendent pas ». Carl Von Clausewitz affirme qu’il faut « être préparé à des évènements imprévus […] de telle manière que nous puissions adopter nos dispositions aux actions ennemies »  et Machiavel estime que, « à la guerre, la capacité à reconnaitre ses chances et les saisir est plus utile que tout le reste »

Dans les Transformations de la guerre, le général Jean Colin remarque que, dans toutes ses campagnes, les dispositions initiales prises par Napoléon, toujours « d’une prodigieuses simplicité » sont « à la fois celles qui conviennent le mieux à son procédé favori et celles qui se prêtent le mieux à des manœuvres improvisées, à toutes les modifications […] Plus on  approfondit une opération de Napoléon et plus on est pénétré d’admiration ; mais ce qui étonne le plus, c’est la propriété que possèdent ses dispositions de se plier à toutes circonstances […] Elles sont conçues de manière à répondre à toute situation nouvelle, jamais une disposition prises n’engage l’avenir, ne diminue la liberté d’actions »

Disposer d’une réserve

Etre prêt à parer les coups imprévus, à saisir les opportunités sans bouleverser l’architecture des dispositifs, c’est, le plus souvent, disposer de forces prévues par destination à cette mission. Cela exige que ces forces ne soient engagées dans l’action ni en premier échelon, ni en échelon de soutien ; il faut donc disposer d’une réserve. Napoléon l’exprime clairement : « la guerre n’est faite que d’événements fortuits un général devrait toujours conserver sous ses yeux l’élément qui lui permettra d’en tirer parti ».

La réserve est l’outil du succès, parce qu’elle permet soit de l’exploiter, si elle n’y a pas participé initialement, soit de le créer par l’exploitation rapide des occasions offertes. Instrument des crises comme des hasards heureux, elle est l’outil majeur de l’action militaire. Le général Colin le résume de manière lapidaire : « c’est par le jeu des réserves que se fixe la victoire » Helmuth von Moltke considère « comme une règle que la victoire appartient à celui qui a la dernière réserve et l’utilise de manière opportune » et Ferdinand Foch estime que « l’art consiste à en avoir encore une quand l’adversaire n’en a plus » ; il  faudra donc s’efforcer, avant le coup décisif, de priver l’adversaire de ses réserves, « soit en les faisant s’engager à faux, grâce à une feinte, soit en les usant par la ruse, le combat ou l’harcelement».

Les esprits aptes à la gestion de la friction

L’imprévisibilité, réduite à sa part irréductible par les bienfaits de la technologie, le responsable politique prend les mesures qui lui permettent de parer les coups inattendus ou de tirer parti des opportunités politiques internes et internationales, voire sous-régionaux. Mais encore devra-t-il faire preuve dans l’action du caractère nécessaire à la maitrise positive de l’événement et s’appuyer pour y parvenir, sur des qualités à la fois intellectuelles – souplesse d’esprit, capacité d’analyse, sens de l’initiative – et morales – aptitude à la prise de risque, courage et ténacité – indispensables à l’homme d’État ou leader politique.

Rencontrer l’imprévu, gérer les équilibres instables communautaires et politiques c’est, par construction, sortir de la planification des États-majors des partis. C’est soit subir, soit faire preuve d’initiative. Quelle initiative heureuse prendre lorsqu’une démarche est bloquée suite à une succession d’initiatives malheureuses ?

Le sens de l’initiative est donc, en raison de la nature même du combat politique, une qualité essentielle du leader politique, comme l’est celle de savoir susciter et tolérer cette qualité.
Puisque le décideur agit dans un climat d’incertitude, ses options portent la marque de son profil psychologique. Le frileux adoptera des modes d’action conservatoires, visant plus à préserver qu’à atteindre, remettant à d’hypothétiques heures moins brumeuses les décisions définitives. L’audacieux, au contraire, verra dans l’incertitude un motif à agir et des opportunités politiques à saisir. Une seule certitude : le risque, enfant naturel du hasard, est consubstantiel au combat politique. Pour Clausewitz, le principe est simple : « il est nécessaire de prendre des risques» ; […] le courage de la faire devient essentiel là où règne l’incertitude ». 
Or les accélérations mondiales, les évolutions des mentalités, des attentes et le manque de réponse vigoureuse des gouvernements sur les thématiques sociales augure les règnes des incertitudes.
Savoir s’adapter et tirer parti des circonstances, mais également savoir faire preuve de ténacité et de persévérance : « il y a des heures où la volonté de quelques hommes libres vise le déterminisme ». Pour Clausewitz, dans un environnement chaotique et versatile où le hasard façonne les fortunes des humanistes et hommes d’Etat, la volonté constitue un vecteur essentiel d’efficacité. La fermeté d’esprit « la capacité à conserver son esprit dans les moments de stress exceptionnel et d’émotion violent » et la force de caractère permettent de surpasser les frictions, tandis que le courage –trait de caractère plus important pour Clausewitz, que les capacités d’analyse aide à tirer parti des opportunités.

Vaincre la friction : décentralisation et confiance

Le chef d’un parti politique sait que ces qualités morales aptitude à la prise de risque, ténacité et courage – sont indispensables à l’efficacité de son action. Mais mon expérience dans l’accompagnement des leaders d’opinions politiques, me renseigne, qu’elles sont rares d’une part parce que le temps, avec ce qu’il apporte d’usure et de déconvenues, les use, et d’autre part parce que, selon lui, l’élévation dans la hiérarchie tend à développer les qualités intellectuelles aux dépens des qualités de caractères. Lorsque ces qualités se retrouvent en période de friction ou post conflit dans un chef de parti de haut niveau, elles en sont d’autant plus remarquables et source d’efficacité.

Le phénomène de friction relève de la nature profonde du combat politique et aucune technologie ne l’éliminera jamais du champ d’affrontement pour donner à celui-ci l’allure idéale de l’échiquier. La friction politique est une expression terrestre du chaos des égos et des égoïsmes, au sens scientifique du terme, qui gouverne l’univers ; si la réflexion permet de maîtriser une part de toutes ses expressions, le chef militaire et les forces armées doivent néanmoins apprendre à combattre – et à vaincre – dans cet environnement marqué d’incertitudes et de hasards. La gestion de la cité, la conquête du pouvoir, la préservation du pouvoir est un phénomène humain et, en tant que tel, elle subit toutes ces forces qui rendent les interactions humaines si imprévisibles, en particulier lorsque, comme aujourd’hui, l’extension des champs d’action et la multiplication du nombre des variables accroissent sans cesse leur nombre. La politique est devenue en Afrique, le royaume du complexe.

Comment réduire les frictions ?

S’il convient de rechercher par la démarche technologique la réduction des frictions, il convient tout autant d’admettre leur caractère irréductible et de développer qualités et méthodes permettant la meilleure maîtrise de cet environnement. En aval, la décentralisation et la confiance dans les hommes permettent seules l’expression optimale des capacités opérationnelles des acteurs de terrain. Les efforts pour centraliser les opérations politiques, les activités de communication et exercer un contrôle complet de l’événement, sont contraires à la nature même de la politique en Afrique. Sa complexité efface les vertus de la centralisation.
Patrice PASSY
Conseil en Intelligence Economique et Communication d'Influence