mercredi 23 octobre 2013

Risque Géopolitique : La marine chinoise à la conquête du monde

L’Occident va devoir composer avec une grande puissance navale. En sécurisant ses lignes commerciales, Pékin bâtit une grande marine.
 C’est un vieux navire, mais il inquiète les voisins de Pékin. La Chine vient de présenter au monde son premier porte-avions. Racheté au gouvernement ukrainien, ce bâtiment de 300 mètres de long a fait sa première sortie mercredi, et son ombre devrait désormais rôder dans les mers d’Asie de l’Est. Tout un symbole. En soi, ce porte-avions ne va pas changer la donne dans la région. À eux seuls, les États-Unis en possèdent onze, et ce gros navire est « une cible de choix » pour les pays qui détiennent des armements sophistiqués, explique Jonathan Holslag, chercheur au centre d’études sur la Chine de la Vrije Universiteit Brussel (BICCS, VUB). « Ce qui est plus significatif, c’est le développement par la Chine de bateaux lance-missiles, de destroyers, de missiles sophistiqués… » Car le porte-avions n’est que le symbole d’une marine en plein développement: la Chine part à la conquête des mers.
source Wall Street Journal 
EN LIEN :

Risque géopolitique/Chinamerica : L’inquiétante expansion de la marine chinoise

PLUS DE CHINAMERICA EN SUIVANT :
Intérêts commerciaux
C’est la conséquence logique du développement économique chinois. « Alors que la Chine s’est muée en une nation commerciale aux ambitions mondiales, ses intérêts de sécurité nationale se globalisent également », résume Jonathan Holslag. Or, jusqu’au milieu des années 2000, « le pays donnait l’impression qu’il deviendrait la première grande puissance à ne pas utiliser la force militaire pour soutenir sa croissance économique », rappelle le chercheur dans une publication sur le sujet (« The military implications of China’s economic global policy »). Pékin a opéré un revirement stratégique: après avoir misé sur la sécurisation de ses 22.000km de frontières et de ses 880.000 km² de zone économique exclusive, la Chine se concentre à présent sur la défense de ses intérêts stratégiques mondiaux.
Le pays est hautement dépendant de ses importations de matières premières et tente de sécuriser ses chaînes d’approvisionnement. C’est notamment pour cela que la Chine incite ses entreprises à construire leurs propres chaînes d’import/export: « Pékin est mal à l’aise avec le fait que des entreprises étrangères contrôlent 57% des exportations nationales », note Holslag. Par-dessus tout, c’est la sécurité des liaisons maritimes qui préoccupe Pékin. Quelque 87% des exportations chinoises et 88% de ses importations de pétrole se font par voie maritime. Or Pékin a toujours en tête l’incident de Yinhe, au cours duquel l’US Navy avait immobilisé un navire marchand chinois en route vers l’Iran pendant trois semaines. Et les Chinois sont « particulièrement inquiets du développement des capacités de la marine militaire indienne », souligne Holslag.
Parallèlement, de plus en plus de Chinois travaillent à l’étranger: le ministère chinois des Affaires étrangères s’attend à ce que plus de 100.000 Chinois soient employés outre-mer à l’horizon 2020. Or la sinophobie grandit dans certaines régions. Ces dernières années, une cinquantaine de Chinois ont été tués par des sinophobes, avance Holslag avant de citer une source au sein du ministère chinois du Commerce: « La Chine va devoir développer la capacité de garantir la sécurité de ses travailleurs dans les pays instables. »
Dans un tel contexte, l’ex-Empire du milieu serait « condamné à l’échec face à la concurrence mondiale si elle se concentrait étroitement sur sa sécurité frontalière », a indiqué Zhang Wenmu, un expert en sécurité, à l’agence Chine Nouvelle. Pékin s’emploie donc à développer ses capacités d’intervention.
L’armée populaire de libération s’entraîne à des opérations intégrées air-terre, à des manœuvres à longue distance, à des assauts éclair et autres « opérations spéciales ». D’ici 2020, la Chine devrait produire elle-même un transporteur aérien militaire. Et sur le front naval, la commande de deux navires de remplissement Fuchi class d’une capacité de transport de 12.000 tonnes « va permettre à la marine chinoise de s’engager dans des opérations de long terme à distance », indique Holslag. Des exemples parmi beaucoup d’autres qui indiquent que la Chine est en train de diversifier sa capacité d’action et « trace la voie d’une utilisation plus robuste du pouvoir militaire dans sa politique de sécurité extérieure ».
Un défi pour l’Occident
Cette évolution confronte la Chine et les autres puissances militaires à un nouveau défi: la confiance. L’inévitable musculation de la Chine est considérée comme une menace par l’Europe et les États-Unis. Or Washington et Bruxelles n’ont d’autre choix que de s’y adapter. « Alors qu’il va être de moins en moins possible pour l’Occident de peser sur les choix politiques de Pékin, il devrait tenter d’entraîner les aspirations de la Chine vers une position collaborative », estime Holslag.
Il leur faudrait donc considérer la Chine comme un partenaire majeur de la stabilité mondiale, développer des partenariats militaires. Cela implique de faire pression sur Pékin pour obtenir plus de transparence, mais également de trouver une alternative à l’embargo sur les armes.
Décrété au lendemain du massacre de Tiananmen, il « n’est plus pertinent à un moment où les répercussions de la modernisation militaire chinoise ont lieu à l’extérieur plutôt qu’à l’intérieur des frontières ». Surtout, il « risque d’avoir un effet contre-productif dans la tentative de faire de la Chine un partenaire pacifique de la sécurité mondiale
Frédéric Rohart/l’Echo

lundi 14 octobre 2013

CONGO-BRAZZAVILLE: PÉTROLE ET PROTECTION DU PATRIMOINE ECONOMIQUE DE L’ETAT

INTELLIGENCE ECONOMIQUE

CONGO-BRAZZAVILLE 
PÉTROLE ET PROTECTION  DU PATRIMOINE ECONOMIQUE DE L’ETAT

Par Patrice PASSY 
Conseil en Intelligence Economique 


Qu’est-ce que c’est la guerre économique ?

Prenons le cas de la Libye et de l’Irak, dans ces deux cas, les interactions entre guerre et économie ont produit une dynamique favorable à la fois à la puissance militaire (test grandeur nature de nouvelles armes et tactique de combat) et à la richesse nationale (nouveaux marchés, nouveaux contrats, main basse sur l’économie des vaincus). Nous pouvons dire dans ces deux cas, que la guerre a été au service de l’économie, mais aussi l’économie a structuré et organisé la stratégie de la conduite de la guerre.

Pour le dire d'une autre façon, la guerre économique semble se dérouler sur trois étages :
  • Il s'agit d'abord de produits : gagner des marchés, se procurer des biens nécessaires dans de meilleures conditions, mieux produire et vendre…
  • Il s'agit ensuite de règles : imposer son code y compris sous la forme de normes juridiques internationales ou sous celle de normes intériorisées par les acteurs
  • Il s'agit enfin de promouvoir des images (images de ses entreprises, de son pays, de sa culture, de valeurs  qu'il évoque et incarne) ou des images négatives du concurrent
  • Or ceci se fait par deux moyens combinés : ceux qui ressortent à l'autorité de l'État (sa faculté d'obtenir de l'obéissance sans avoir à verser de contreparties ou sans employer visiblement la force ou la menace), des moyens d'influence qui agissent sur la vision de la réalité que se forment des dirigeants ou des populations. Pour en savoir plus... http://www.huyghe.fr/actu_694.htm 
Pétrole Congolais et guerre économique

La notion de guerre économique se conçoit dans le contexte congolais, comme un tissu d’affrontements économiques entre les multinationales qui sont les bras séculier des puissances économiques dans les rapports marchands mondiaux et les intérêts de l'Etat Congolais. Car, si en cas de guerre les Etats ou les alliances d’Etats se font la guerre jusqu’à la victoire totale, les entreprises, quant à elles, peuvent être tout à la fois concurrentes et partenaires. Dans ce contexte d’affrontements économiques exacerbés, le Congo aiguise depuis la fin des années 90, l’appétit des majors pétroliers. Sa position géostratégique fait de lui  un pivot stratégique dans le Golfe de Guinée. L’arrivée de la Chine pays faisant partie du BRICS dans les rapports économique entre le Congo et le monde extérieur donne à la guerre économique qui se déroule dans le Golfe de Guinée, une intensité particulière au Congo-Brazzaville. Sauf que les Congolais subissent cette guerre sans toujours prêter attention aux subtilité de celle-ci, ni ne disposent d’outils et méthodes de traitement et gestion des situations induites. Cette guerre est bien réelle puisqu'elle a déjà causé beaucoup de morts et de troubles politiques et économiques partout dans le monde. 

En 2013, le Congo-Brazzaville est donc au centre de la nouvelle géopolitique pétrolière et des stratégies de développement des majors. La cherté du baril brut et la nécessaire diversification des sources d’approvisionnements donnent à Pointe-Noire,  une importance stratégique de premier ordre. Nous ne pouvons continuer à être les spectateurs de cette lutte violente pour le leadership mondial, sans amorcer une réflexion-action profonde au niveau des structures de décisions de l'Etat. Nous regrettons que depuis l’indépendance, plusieurs partenariats interentreprises ont été réalisés ainsi que des politiques de coopérations mises en place ou imposées, avec pour objectif principal: acquérir les matières premières congolaises aux prix fixés par l’acheteur.

Comment cela a-t-il été possible ?

Si je peux me permettre de résumer la structuration de ces mécanismes, je m’exprimerai ainsi : aux malformations congénitales des suites d’une « œuvre de civilisation » à tâtons (la colonisation) et d’une décolonisation bâclée, c’est-à-dire structurellement non préparée, s’ajoutent les handicaps institutionnels congolais que renforcent les handicaps culturels. 

Handicaps institutionnels

La myopie stratégique de l’Etat 

1 Il eût fallu d’abord que l’État congolais construise une doctrine : qu’il identifie les intérêts économiques et scientifiques majeurs du Congo, puis qu’il mette en place les outils destinés à leur promotion et à leur défense. Nous n'avons pas développé ce qu'on appelle une culture stratégique dans tous les domaines de souveraineté de l'Etat en 52 ans d'indépendance, malgré nos diplômes.
   
   Il eût fallu ensuite que les administrations publiques soient conduites, voire contraintes, à collaborer entre elles, que l’information circule de manière horizontale et non exclusivement de manière verticale. Que les cloisons en somme disparaissent (le fonctionnement en silos), et que s’atténuent les rivalités et les jeux de « corps » et les tribus afin qu’apparaissent et se développent une gestion en réseaux d’intérêts transversaux et une connivence nationale d’intérêts divergents et convergents entre les centres d'intérêts.
  
  Les pouvoirs publics s’arrogent le monopole de la défense de l’intérêt général ; les entreprises dénoncent de leur côté l’incapacité de l’État à comprendre les réalités du marché et la psychologie de ses acteurs… Et méconnaissent les atouts des entreprises en tant que levier fondamental de croissance et de développement économique.
       
   L’impulsion politique n'a jamais été une tendance lourde et puissante, pour favoriser les convergences d’intérêts entre le secteur public et le secteur privé.

    L’État n’a jamais défini ni les secteurs d’activités stratégiques en termes de souveraineté, d’emplois, d’influence –, ni nos besoins technologiques s’y rattachant, et n’a toujours pas rendu public, les forces et les faiblesses de la recherche et des industries congolaises dans les dits secteurs.
    
     Handicaps culturels
  • Nos élites, issues de la fonction publique ou de l’entreprise, n’ont été formées que superficiellement aux transformations de notre environnement économique international, aux complexités du monde la finance et des économies dominantes. Les décisions des pouvoirs publiques sont souvent aveugles, et quand elles ont la chance d'exister, elles ne sont le fruit que d’une accumulation d’opportunités et d'opportunismes.
Comment protéger le patrimoine national de l’Etat ?

Un état des lieux des vulnérabilités congolaises en 2013, relatif à la protection du patrimoine économique congolais, nous aidera à mieux définir le périmètre des intérêts stratégiques de l'Etat à défendre et à valoriser. 
     
Analyse de l'existant
  • Méconnaissance du rôle de l’Etat dans la protection du patrimoine immatériel de l’Etat
  • Non maîtrise des concepts sur l’Intelligence Economique
  • Promotion des intérêts économiques insuffisante dans le monde et au Congo
  • Insuffisance de la réglementation (droit des affaires, droit du commerce, coopération interentreprises, contrôle des investissements, droit du secret, périmètre stratégique de l’Etat, etc…)
  • Absence d’un environnement favorable à l’émergence d’une offre de services privés aux entreprises dans le domaine de l'audit, le conseil, le lobbying, l’Intelligence Economique
  • Absence d’une réflexion nationale sur l’Intelligence Economique, le périmètre stratégique des intérêts de l’Etat, les pôles de compétitivité économique, la nouvelle économie et ses risques pour l'Etat congolais
  • Manque de cycles de formation
Conséquences dans les rapports entre les acteurs économiques et le marché captif (l’Etat)
  • Difficultés d’accès à l’information à haute valeur ajoutée
  • Incohérence des bases d’informations (Présidence, gouvernement, ministères, organismes publics, chambres de commerce, ambassades, etc…)
  • Absence de sensibilisation et d’information sur  les enjeux et le rôle de l’information dans l’entreprise et les organismes de proximité
  • Manque de formation des techniciens et des cadres sur les métiers de souveraineté (conseil, audit, négociations, expertises pointues)
  • Persistance des intérêts divergents entre l’entreprise privée et les institutions publiques
  • Manque de cohésions des équipes au sein des entreprises
  • Manque de coordination opérationnelle des stratégies et mesures d'accompagnement
  • Absence d’organisation et de management des priorités économiques par projet
Cela fait peser plusieurs menaces sur le Congo-Brazzaville, je n’ai répertorié trois (liste non exhaustive) :

Les menaces financières

        L’OMC dont l’objectif consiste à favoriser le libre-échange, prévoit la possibilité pour les Etats de se doter de dispositifs spécifiques afin de préserver les intérêts essentiels de leur souveraineté. Ces dérogations aux principes du libre -échange figurent aussi dans les statuts du FM
I
Que constatons-nous au Congo-Brazzaville dans la préservation des intérêts essentiels de sa souveraineté :
  • Inexistence d’une loi sur les relations économiques extérieures
  • Absence d’un cadre juridique, fiscal, financier, universitaire clair et précis favorisant et accompagnant  la mise en œuvre des pôles économique, industriel, technologique, informatique, universitaire…
  • Absence d’un concept sur les entreprises stratégiques au Congo
  • Vulnérabilité du capital des entreprises congolaises classées stratégiques
  • Insuffisance des contrôles de certains investissements internationaux
  • Imperfection du dispositif réglementant les relations financières avec l’étranger
Les menaces juridiques
  • Le secret économique n’est pas suffisamment garanti
  • Le secret des affaires n’est pas du tout bien compris, ni préservé
  • Une gestion malhabile de contraintes juridiques internationales
  • Absence d’une loi assurant la protection des entreprises nationales et des particuliers contre le vol du secret d’affaires
  • La cohérence et l’efficacité de textes de lois restent imparfaites
  • Absence de loi sur le crime économique, la fraude économique, l’espionnage économique, le commerce électronique, etc…
  • La coopération inter-entreprises est rarement en faveur des nationaux
  • Des entreprises sont parfois victimes de procédures judiciaires étrangères
Quelles sont les failles congolaises qui profitent à l’extérieur dans la conduite de cette guerre :
  • Manque de patriotisme national
  • Manque sécurité juridique, fiscale et des affaires
  • Gestion malhabile de l’intelligence des affaires
  • Environnement des affaires jugé peu fiable
  • Faible industrialisation
  • Faiblesse de l’investissement privé direct
  • Insuffisance des infrastructures routières et portuaires
  • Faiblesse des communications
  • Main d’œuvre peu qualifiée
  • Intégration régionale balbutiante
  • Pouvoir d’achat des congolais dérisoire
  • Filière agricole traditionnelle non valorisée
  • La faible estime des Congolais de leur propre pays  
Rôle et enjeu de l'intelligence économique dans ce contexte

L’intelligence économique peut nous aider – État, entreprises, collectivités territoriales, associations et fondations – à promouvoir collectivement nos intérêts dans les nouvelles enceintes de régulation et de normalisation. L’intelligence économique ne coûte rien, ou pour ainsi dire, pas grand-chose : son efficacité repose sur celle des réseaux, des circuits de l’information, sur la mobilisation des pouvoirs publics, l’élimination des conflits de chapelle et des cloisonnements, sur beaucoup de méthodes. Sur la valorisation aussi de celui qui donne l’information et non de celui qui la retient, sur la compréhension par les administrations publiques des enjeux de l’entreprise et, pour l’entreprise, des priorités de l’État et donc de la Nation.                   Bernard Cayron

QUE PEUT FAIRE POUR LE CONGO AVEC SON PÉTROLE ET SES MOYENS LIMITES ?

Voici nos quatre axes de notre démarche d'Intelligence Economique

Les prérequis

Sécurité économique : Une mutation de l’Etat à accomplir avant 2014
  • Stratégie nationale et départementale de sécurité économique est nécessaire, nous proposons le création du Conseil National de Sécurité Economique
  • Une organisation des textes est obligatoire mais progressive avant 2014
  • Définition d'un périmètre stratégique de l’économie congolaise dans le cadre d'un comité interministérielle de sécurité économique en 2014
Axes de la démarche

Axe 1 - De la Défense Nationale à la Sécurité Economique
  • N.B : Du fait de la complexité des interactions entre les différents départements et de la sensibilité de la question au Congo-Brazzaville, il est indispensable d’adopter la stratégique des petits laboratoires de  manière itérative avec comme mode opératoire le management par projet, en proposant pour chaque axe un « root », première approximation qu'on affine au fur et à mesure que s’accroît notre compréhension du périmètre stratégique de l’économie et des intérêts identifiés.
Axe 2 - Une stratégie nationale et départementale de sécurité économique est nécessaire

Principe : L’Etat doit agir par la commande publique, un nouveau cadre juridique doit remplacer les règles actuelles, obsolètes et inadaptées de passation des marchés publics.
  • Définir une stratégie nationale de sécurité économique
  • Conseiller le Président de la République sur les politiques économiques nationales et internationales
  • Définir les orientations de la politique menée dans le domaine de la sécurité économique et d’en fixer les priorités
  • Assurer la cohérence et la coordination des actions menées par les différents pôles et ministères
  • Procéder à la revue des projets annuels et l’évaluation des exécutions, enfin veiller à l’adéquation des moyens mises en œuvre
  • Soutenir la conquête du marché intérieur et extérieur
 Axe 3 : Une organisation des textes est obligatoire mais progressive au Congo avant 2014

·         L’on ne change pas la société par décret. En revanche, le droit peut et doit être changé ou réadapté par la société ou l’Etat et ce chaque fois que le besoin se fait sentir à l’occasion d’une évolution technologique, d’une découverte scientifique ou de l’évolution des rapports économiques mondiaux. L’évolution du droit doit aller de pair avec les processus économique, social, politique, commercial, culturel, idéologique, etc. Un droit qui ne correspond plus à la situation économique à laquelle il s’applique est un véritable frein à la compétitivité économique, au progrès et au développement économique, commercial, politique, culturel, humain.

Axe 4 : Les quatre laboratoires en vue d’une définition d'un périmètre stratégique de l’économie congolaise en 2012 par le comité interministérielle sur la sécurité économique

Les quatre laboratoires

Root 1 : Dimension stratégique
  • Etat des lieux des intérêts stratégiques nationaux
  • Analyse stratégique du contexte et de l’environnement actuel du Congo
  • Définition d’une stratégie globale et transversale de sécurité économique
  • Définition d’un périmètre stratégique de l’économie nationale
  • Proposition d’un cadre législatif et d’un cadre référentiel
Root 2 : Dimension opérationnelle
  • Mettre en place une cartographie décisionnelle et informationnelle de chaque entreprise, organisation, institution…
  • Disposer d’une cartographie des besoins des entreprises et des compétences disponibles
  • Créer une direction centrale de contact et de soutien aux entreprises
  • Créer une bourse de compétences congolaise de la diaspora
  • Organiser un guichet unique d’information stratégique à haute valeur ajoutée
Root 3 : Cœur national stratégique
  • Sensibiliser les décideurs politiques, économiques, les PME congolaises aux nouvelles pratiques de la compétition internationale
  • Fédérer les institutions nationales autour d’une démarche de compétitivité économique, recherche et développement, d’Intelligence économique, cohésion nationale et non cohésion tribale
  • Développer les axes de développement selon les compétences congolaises et les ressources disponibles
  • Professionnaliser les entreprises stratégiques à la culture du partage de l’information stratégique
  • Organiser les réseaux institutionnels de connivence d’intérêts
  • Développer de nouveaux paradigmes autour des notions : cohésion nationale, Nation Congolaise, tribu, vivre et agir ensemble, Unité Nationale, développement de l’homme congolais etc…
  • Sensibiliser les cadres à la gestion en contexte international des problématiques interculturelles pour toute communication, négociation, partenariat et mission à l’extérieur.
Root 4 : Dimension prospective
  • Organiser la réponse de l’Etat par projet stratégique à définir selon les besoins et priorités
  • Créer des lieux de pollinisation mutuelle sur les thèmes suivants : Analyse stratégique, intérêts congolais, lobbying, transfert de connaissances, intelligence économique…
  • Réfléchir sur la stratégique de développement économique et la cohésion sociale
  • Organiser nos connaissances et surveiller les variables économiques a effet direct et indirect sur l'ensemble de l'économie congolaises.
Patrice PASSY
Directeur associé de DB CONSEILS
  • Consultant - formateur en Gestion des problématiques interculturelles à DGC - MBA 1 & 2
  • Intervenant à lISEAM 3ème cycle / Msa 2 en Intelligence économique et compétitivité  de lentreprise
13 ans dexpérience internationale (Paris, Bruxelles, Shanghai, Vienne, Johannesburg, Abidjan, Brazzaville, Cotonou, Kinshasa, Dakar, Douala….)

Consultant-formateur en entreprise 
Conseiller d’acteurs politiques en Afrique Centrale 

vendredi 11 octobre 2013

IDEES LE POINT DE VUE - DE LAURENT FABIUS

La diplomatie économique, une priorité pour la France


Les Echos n° 21254 du 23 Aout 2012 • page 10

Dans la situation difficile de notre économie, la diplomatie économique doit devenir une priorité majeure du Quai d'Orsay.
Certes, l'administration ne peut ni ne doit se substituer aux entreprises, et le ministère des Affaires étrangères n'est pas le seul ministère concerné; mais il doit contribuer fortement au cap fixé par le président de la République : le redressement économique dans la justice. Notre déficit commercial annuel - qui est le vrai juge de paix - dépasse en effet 70 milliards d'euros, le dernier excédent remonte à 2002 et la flambée des prix du pétrole n'explique pas tout : cette situation pèse sur la possibilité d'une croissance durable.
Nous savons que la compétitivité du « fabriqué en France » est un des aspects principaux à traiter. Nous devons l'aborder sans tabou, en particulier à travers la mission confiée par le Premier ministre à Louis Gallois, « grand patron » dans tous les sens du terme. Mais le sujet à traiter va au-delà. C'est l'ensemble de nos moyens privés et publics qui doivent être mobilisés pour le redressement. Le ministère des Affaires étrangères y prendra sa pleine part.

L'enjeu est autant d'influence que de croissance. Chine, Inde, Brésil sont désormais porteurs de la moitié de la croissance mondiale ! A travers notre balance extérieure, c'est une part de notre crédibilité internationale qui se joue. Or, si chacun reconnaît que notre diplomatie, composée d'excellents professionnels, répond bien quand on la sollicite sur le plan économique, notre dispositif reste morcelé, les PME sont moins accompagnées que les grands groupes, la question centrale des liens entre la base nationale de nos entreprises et leur développement international n'est pas toujours suffisamment cernée, l'enjeu des investissements étrangers en France est parfois sous-estimé.
Notre diplomatie doit donc renforcer considérablement son « réflexe économique ». Des exemples ? Le recours au principe de réciprocité dans les négociations internationales doit être généralisé pour l'Europe, trop souvent naïve, comme pour la France : est-il « normal » que la valeur des marchés publics attribués en Europe à des entreprises étrangères soit de 312 milliards d'euros, contre seulement 34 milliards aux Etats-Unis ? Est-il normal que la « co-localisation » soit si peu pratiquée, c'est-à-dire une stratégie de développement mieux coordonnée entre la France et les pays du Sud euro-méditerranéen ? Clairement, non !
Notre diplomatie économique doit être aussi écologique. Non seulement parce que notre vision du développement s'appuie sur des piliers à la fois économique, écologique et social, mais parce que les entreprises françaises spécialistes du développement durable sont parmi les meilleures du monde : elles doivent faire partie de nos vaisseaux amiraux.
En concertation avec les professionnels, j'ai donc élaboré un plan d'action que je présenterai la semaine prochaine à l'ensemble de nos ambassadeurs lors de la conférence annuelle qui les réunit. Le « réflexe économique » sera désormais une instruction prioritaire et permanente de notre réseau diplomatique, avec des objectifs qualitatifs et quantitatifs précis. Chaque ambassadeur sera clairement positionné à la tête de l'« équipe de France » locale, entouré d'un conseil économique dans les principaux pays. Le dialogue avec les entreprises, notamment dans le cadre des négociations commerciales, sera renforcé. Les régions du monde les plus dynamiques verront leurs moyens accrus : notre présence diplomatique sera mieux en phase avec les évolutions du monde. Nos instruments d'influence (réseau scolaire et culturel à l'étranger, bourses d'études, coopération scientifique, politique de visas...) seront en meilleure liaison avec nos objectifs économiques.
Notre organisation diplomatique sera adaptée. Une direction du Quai d'Orsay sera spécialement dédiée aux entreprises. Dans la formation et la carrière de nos diplomates, les compétences économiques seront mieux valorisées. La communication sera repensée afin que les entreprises bénéficient des éléments d'analyse de notre réseau diplomatique. D'autres dispositions concrètes seront prises, en liaison avec les entreprises et leurs représentants, avec effet immédiat.
Le ministère des Affaires étrangères est traditionnellement celui de la paix et de la sécurité, il doit le demeurer; mais il doit devenir aussi celui des entreprises. Il y aurait quelque paradoxe à ce que le Quai d'Orsay, spécialiste des crises, ne se mobilise pas prioritairement face à la crise économique : nous le ferons.
En soutenant les entreprises pour défendre nos emplois et en créer de nouveaux, nous servirons notre pays, avec elles et à travers elles. C'est une mission majeure que j'assigne désormais à notre diplomatie.

Laurent Fabius est ministre des Affaires étrangères

jeudi 10 octobre 2013

2013…Le temps de l'Afrique francophone est pathétique




Par Patrice PASSY


Au nom de l'histoire commune

Nous avons avec la Côte d’Ivoire et la Libye en 2011, une mise en lumière de  l’activisme des intérêts économiques français. Ce phénomène est de mieux en mieux perceptible par tous les africains. C’est à la fois l’élément matériel de la puissance et de la domination  durable française, qui a réussi le tour de force d’être au gré des circonstances perceptible ou de générer une absence de perception. Tout au long de cette « histoire commune », les stratégies françaises d’optimisation de leurs intérêts divers ne sont malheureusement pas perçus par les populations françaises et pire par les africains eux-mêmes. 

D’où la pauvreté des débats sur l’impact de la présence française et ses effets directs sur le sous-développement patent de l’Afrique francophone. Cette non conscience est le fruit du génie français qui a fabriqué une histoire générale africaine « habitable » par les africains mais qui concourent aux objectifs des intérêts français. Car, cet « habitable » créé par l’esclavage, enchaîné par la colonisation a mis en place des mécanismes de production et d’acquisition des connaissances, ainsi qu'un système modulaire et modulable de dépendance intégrale, le tout dans une logique d’accoutumance au niveau individuel, tout en se déroulant dans ces États d'Afrique francophone.

Les effets de la classification française

L’Afrique francophone a été construite à cause, grâce, avec et autour des intérêts français. L’homo africanus n’est qu’un produit de cette construction, phagocyté, reconditionné, classé et enfin normé, il a été façonné pour servir et se soumettre. Les États d’Afrique francophone ne sont qu’une évolution historique et économique logique de ceux-ci. 
Le temps africain est pathétique parce que la dernière livraison française en Côte d'Ivoire a été pathétique car, fruit de la classification française. Il n'y a qu'en Afrique francophone qu'on voit les événements d’un Etat indépendant se dérouler ainsi. L’Afrique francophone a été classée, divisée, étiquetée, normée selon les critères français qui définissaient le normal, mieux la démocratie française en Afrique francophone. La norme française devient ainsi le maître étalon du jugement du plus fort et de sa morale.  Depuis les "indépendances" de manière consciente cette classification ouvrait dans plusieurs domaines, l’espace des choix de domination et les orientations d’assujettissements y afférant. Classer, normer a substantiellement modifié, dilué, décomposé l’Africain en faisant naître un nouvel homo africanus.  Car la domination française par sa manière de délimiter la norme du pays colonial a définit l’Afrique française et son contenu politique, économique et culturel d’aujourd’hui.

Classés, nommés, conditionnés, sélectionnés, vandalisés, les africains n’ont pas été simplement qu'une description ou une exigence scientifique, politique ou économique. Cette classification a créé, transformé, puis favorisé l’émergence de monstres politiques, des dictatures, des dictateurs ainsi que les gènes à l’origine des malformations congénitales à la naissance des Etats africains. Elle a valorisé une zone de moins-value sur le long court, à savoir la zone franc. 

Celle-ci a jalonné le parcours des timides évolutions des années zéro de développement. Elle a asséché la pensée, invalidé les identités et contribué à l’appauvrissement des intérieurs. Par  voie de conséquence,  nous sommes au cœur de la conséquence primaire et des conséquences secondaires du fait colonial. Dire que ce n’était pas le but c’est nous mentir ou se mentir à soi-même.  « L’Afrique appartient presque entièrement aux européens, surtout aux français et aux anglais »  lit-on dans un manuel intitulé «La géographie par l’image et la carte n° 126. Section préparatoire et classes enfantines en 1930», les élèves d’hier étaient et sont encore pour certains, les responsables  politiques de la France d’aujourd’hui et leurs enfants l’élite française actuelle. Par conséquent, il est plus aisé de comprendre le mépris de cette frange de l'élite française a envers les intérêts africains. Nul doute que, l’héritage psychologique, intellectuel, culturel, philosophique, social et religieux est toujours porteur à l'égard des africains, de l’ancienne interaction dominants-dominés.

2013…Avec la mondialisation: le temps d’Afrique francophone est donc pathétique

Le pathétique africain est cette dialectique en vase clos, forme d’allée et venue incessants vers un but non définit par des actions volontairement désordonnées et désorganisées. Ce temps traduit et exprime la difficulté des élites et des hommes au pouvoir, à réaliser à travers leurs péripéties existentielles, l’harmonie entre le déploiement de l’être africain dans le monde conçu par l’Autre, et y construire son nécessaire équilibre, pour asseoir ses intérêts. En tant que Peuple ayant subi un dommage à ses intégrités substantielles évident pour lui même, et, pour son évolution historique, par un agent causal externe, les nouveaux horizons en 2011 sont embués par du "trop de pauvretés".

Ce temps est pathétique à cause du refus africain d’une victoire réparatrice sur lui-même.

 Parce que sans politique commune de réparations des crimes coloniaux (viols des imaginaires, viols des cultures, viols des consciences…) point de rédemption individuelle et collective. L’absence de toute « stratégie collective  des réparations post-coloniales » ou de politique nationale de décolonisation (une sorte de psychanalyse collective sur la colonisation, la décolonisation et leurs effets) par l’éducation est la preuve manifeste du refus africain d’une victoire réparatrice sur lui-même et sur son passé. Cette étonnante absence de travail de fond, ces refoulements et évitements collectifs sont l’expression, le témoignage, la mémoire vive des « impossibilités africaines » http://ppassy.blogspot.fr/2011/12/2012-le-drame-africain-le-da-la.html passées, présentes pour le déploiement de leur être dans le monde. La conscience des africains francophones s'allie ainsi aux importations obligées ou proposées.

 Le temps africain est celui de la chute

Il pathétique en 2013, parce que, le temps africain est celui de la chute : c’est à dire la chute existentielle de la mosaïque francophone. Celle-ci est la conséquence des failles spirituelles. En ce sens que toute réparation, toute construction, toute fierté, toute estime de soi ne peut venir que de l’esprit . La colonisation est un un brise-lien,  parce qu’elle à fait perdre aux colonisés le lien avec l’Être Véritable. Cette dimension infinie avec laquelle, par nature, ils étaient reliés. La colonisation a été un viol des intégrités et intimités africaines, elle a  éloigné de toutes dimensions, au fur et à mesure que ses politiques de domination, d’assujettissement puis d’assimilation identifiaient le colonisé à sa propre forme, sa propre culture, sa vision du monde. Le fait colonial a amenuisé le pouvoir de création du colonisé, qui lui dépendait de la clarté de leur conscience. Ce choc a plongé le colonisé dans un cycle de non conscience et aussi dans un cercle vicieux dans lequel leurs actes toujours plus décalés les enfermaient dans une souffrance toujours plus grande qui, elle-même créait une forte impression sur leur esprit en solidifiant pour longtemps l’enfermement.  
       
Ce temps est pathétique parce que la souffrance africaine est ontologique

Cette chute à laquelle nous avons « toujours participé » selon les africanistes est une force continue irrésistible du fait de nos faiblesses depuis 53 ans. L’Afrique francophone devient ainsi une zone de confort stratégique français où toutes logiques anti-économiques, les comportements anti-démocratiques, ainsi que le mépris français pour tout développement économique sont en pilotage automatique. C’est pourquoi parler de liberté, de démocratie réelle et de développement économique intégrale de la zone franc à l’Elysée ou au quai d’Orsay est un affront intolérable aux intérêts français qui se réprime de manière brutale....

Ainsi commence, CAFÉ HISTOIRE AFRIQUE, lieu de pollinisation mutuelle, d’échanges d’expérience et de connaissance sur l’Etat franco-africain,  l'histoire d'Afrique francophone, l'enjeu chinois et l'union africaine, etc...