jeudi 28 novembre 2013

La grande crise des intelligences en Afrique francophone

INTELLIGENCE DES CRISES


La grande crise des intelligences en Afrique francophone

 

      Ce sujet  me permet de faire un détour sur la culture, considérée ici comme la réponse d’un groupe donné, face à son écosystème environnemental. En l’espèce ma réponse devra consister à trouver dans les moyens traditionnels portés à ma connaissance, les réponses des élites africaines face aux problèmes auxquels les Etats d'Afrique francophone pris globalement  ou individuellement sont confrontés... Ma contribution aux contributions comme le dit Forde (1942) va consister dans l'examen de "l’efficience des solutions apprises des problèmes auxquelles notre vivre et agir ensemble ont été confrontés".
    Mais avant comme vous pouvez l'imaginer, j'ai une question principale qui commande mon examen, quelles sont les réponses que la mosaïque culturelle africaine a développé face aux défis d’une mondialisation qui va assurément s'accélérer de 2013 à 2025 ? 
Pourquoi l'horizon 2025 ? 

  1. Parce que comme un effet de mode (on commence presque à en avoir l’habitude), toute la communication politique des dirigeants d’Afrique francophone, comme des faux prophètes, nous annonce que ces pays vont émerger économiquement d’ici à 2025.
  2. Mon constat est qu’en 2013 jamais le monde n'a paru si totalement unifié (par les communications, le commerce, la culture) et aussi sauvagement déchiré et divisé qu'aujourd'hui, par les guerres  économiques, les conflits armés, les batailles pour le leadership mondial par pions interposés entre la Chine et les Etats Unis, les crises financières à répétition, la démocratie importée ou imposée, le réchauffement de la planète, la diffusion de pandémies.
      Quels que soient les efforts des élites, des politiques et des intellectuels africains face aux défis d'une mondialisation accélérée, je relève que nos cultures ont perdu une guerre, celle des retards. Ce qui est intolérable, c'est que pour les élites africaines cela va de soi. Le retard et le sous développement économique ne choquent personnes, connaissez-vous une agence nationale de lutte contre le sous-développement économique en Afrique francophone ? 

Nos cultures ne doivent pas constamment avoir une guerre de retard, mais être davantage pro-active dans le domaine de la pensée : il est impératif pour les élites de mieux anticiper les problèmes. La défaite de la pensée (face à la violence symbolique de l’Autre) qui en est la cause historique et fonctionnelle, me permet de partager avec vous ce constat. Nous, africains francophones, nous afro-français semblons éprouver de sérieuses complications pour concentrer vraiment nos ressources mentales collectives afin de "penser globalement et agir localement". Cette déconnexion entre notre vision du monde et notre aptitude à la concrétiser de manière conquérante s'explique par l'état actuel de la conscience nationale et/ou africaine. Nos cerveaux, nos structures mentales, la pauvreté ambiante, la confusion d’identité nous prédisposent à une façon de ressentir, de penser et d'agir dans le monde qui n'est plus adaptée aux nouveaux contextes qui ont été créés pour nous (colonisation puis décolonisation), qui s’imposent lourdement à nous du fait de la mondialisation. 

On n’arrête pas les progrès de la bêtise en Afrique francophone

Nous africains francophones sommes engagés dans une course folle qui a donnée naissance  à une nouvelle expression “ on n’arrête pas les progrès de la bêtise ”, une signification non plus confiante et admirative, mais panique, au quotidien: déstructurante.  
Nous vivons aujourd’hui l’échec des projets de développement de nos aînés  du moins leurs crises aiguës.  La gestion des projets de la cité depuis des décennies s’est infléchie en une sorte de processus national de corruption incontrôlable et voici que se pose, d’une manière déconcertante pour nous autres de la nouvelle génération, le problème des limites à poser à la bêtise collective et à la guerre des retards. 

Quelle limite aux systèmes de corruption érigés actuellement en mode de gestion des affaires de la cité en Afrique francophone ? 

Ainsi resurgit, au sein même des classes politiques africaines, la valeur que le système de corruption avait congédiée pour émerger et s’épanouir : l’intelligence des crises et la gestion des crises de nos intelligences

Comment faire, nous qui avons vu (élite, diaspora, décideurs politiques, entrepreneurs…) le fonctionnement des autres chez eux, pour donner place à l’intelligence, dans notre façon d’être et de faire  ?

    La génération au pouvoir actuellement, en mélangeant les rôles et les intérêts, a volontairement entretenu les confusions. La première exigence va donc être simplement: déconstruire toutes les confusions héritées, construites, entretenues et inconscientes. Pour les futurs prétendants au pouvoir (nouvelle génération de politique, nouvelle élite, nouvel entrepreneur, nouvelle société civile…), en prenant l’exemple d’un artiste (l’homme politique doit être un artiste),  il ne peut pas y avoir une œuvre d’art qui ne ferait que répéter les œuvres anciennes, qu’appliquer des recettes, que se conformer à des modèles. l’œuvre n’aurait pas, alors, droit au titre d’œuvre d’art. Une œuvre d’art ne vaut d'être qu’en étant création, c’est-à-dire qu’elle invente ou qu’elle découvre un monde. Il peut y avoir une discussion d’ordre esthétique sur la question de savoir s’il faut mettre l’accent sur l’invention ou sur la découverte. Il me semble qu’on a un peu perdu de vue l’aspect de dévoilement, de mise-à-jour dans l’œuvre d’art, mais, en l’occurrence, c’est un autre débat.

       Émergence économique ou néo-décolonisation ou encore découverte d'une nouvelle Afrique multichoix et non seulement francophone, il faut que l’œuvre d’art soit création et je pense à cette phrase de Merleau-Ponty : “ L’être est ce qui exige de nous création, pour que nous en fassions l’expérience. ” Cette création, est notre capacité à produire notre propre intelligence. Ça doit être le fruit de notre conduite des multiples crises que la gestion des urgences à géométrie variable du monde africain nous donne comme entrée en matière politique. 

Qu’est-ce qu’une intelligence des crises ?

       En l’espèce, une crise est à la fois un danger et une opportunité. L'étymologie renvoie à "Krisis" en grec qui veut dire décision et en latin "crisis" est le moment décisif d'une maladie. Dans le langage courant le mot crise a conservé ce sens : c'est un moment de tension critique pouvant déboucher sur une issue positive ou négative. Toute l’Afrique francophone des sans voix est en crise, l’élite est en crise, l’Etat est en crise, l’espérance est en crise, le devenir est en crise…
       
L’intelligence consiste  à créer des liens entre des éléments que rien ne lient au départ. L’intelligence est quelque chose de très subtil ; elle n’a pas d’ancrage définitif. Elle voit le jour que lorsque vous comprenez l’ensemble du processus de l’esprit... L’intelligence naît avec la connaissance de soi, et vous ne pouvez comprendre que dans votre rapport à l’univers des êtres, des choses et des idées. L’intelligence n’est pas comme le savoir : elle ne s’acquiert pas. Elle naît dans un surgissement d’immense révolte, autrement dit quand toute peur est absente et qu’un sentiment d’amour est là. 
J’entends souvent dire que nos sociétés sont en crise profonde, j’ai recensé pour ma part les éléments constitutifs de cette Crise :
  1. Affaissement  des systèmes de valeurs et des aspirations idéales
  2. Crise de l’agir et du vivre ensemble
  3. Gestion malhabile des compétences et de perspectives 
  4. Déficit démographique et absence de perspectives politiques
  5. Usures des dictatures et dictateurs
  6. Absence d’idéologie politique
  7. Absence d’Etat stratège
  8. Crise de confiance en soi, grave crise de confiance en l'homme politique
  9. Absence de vision conquérante du monde
  10. Crise des motivations : les moteurs et fondements du passage aux actes
  11. Manque de réponses intellectuelles africaines autonomes  aux problèmes endogènes et exogènes africains
  12. Manque de socle commun de croyances et de représentations sociales
      Cette crise a connu une brusque accélération grâce à la mondialisation, je vais finir par voir en elle des effets bénéfiques, une brusque accélération disais-je du préfixe multi dans l’Afrique francophone de 2013…en voici le résumé :
  • multi-partenaire, multi-génération, multi-choix, multi-confession, multi-valeur, multi-conflit, multi-déficit, multi-guerre, multi-faim, multi-urgence, multi-besoin, multi-attente, multi-maladie, multi-révolte, multi-usure, bref le préfixe multi est en ébullition dans une Afrique dont l’inexistence du préfixe hyper (hyper-compétitif, hyper- intelligent, hyper-marché…) donne à la crise des intelligences une intensité particulière. Dur, dur d’être africain ! N’est-ce pas ?
      On a construit pour nous les impossibles du monde des possibles africains "http://ppassy.blogspot.fr/2011/12/2012-le-drame-africain-le-da-la.html" et notre intelligence sociale en a consolidé les aspects négatif et déstructurant. En clair nous éprouvons visiblement des difficultés à comprendre et développer « des sociétés » pour mieux vivre ensemble et réussir ensemble.  Nos réponses ne sont pas satisfaisantes dans ce monde où les accélérations du préfixe multi mettent à nu notre difficulté ou manque d’intelligences à découvrir, créer ou résoudre des problèmes de plus en plus violent, exigeant en termes d’intelligence, rigueur, discipline, qualité, innovation, adaptation, dépassement afin d'acquérir les connaissances nécessaires pour s'adapter à notre environnement et supporter ses modifications. 

Des raisons à cela : 

La défaite de l’intelligence 
       Depuis la fin des années 60, l’Afrique francophone est devenue une société du spectacle. Une société du spectacle est une société où l’on a oublié le passé et dont la fabrique d’avenirs est en panne, il n’y plus qu’un présent perpétuel qui interdit toute pensée, toute utopie structurante et toute sensation. Le quotidien des peuples devient une juxtaposition des intérêts individuels et dont la journée consiste à se battre pour gagner contre les intérêts des autres. Quelle catastrophe !!! 
     Cette société a stérilisé tous les talents, corrompu tous les disponibles et gangrené toutes les énergies. Cette société est spectaculaire parce qu’il n'y a plus rien à voir dans la ligne des pères des indépendances. J’ai la faiblesse de reprocher à notre temps une chose : c’est de ne pas être moderne au sens de Cheikh Anta Diop, d’être incapable de tout classicisme, de tout rapport à une identité historique et à un avenir stratégiquement définit... C’est peut-être par là qu’il faudrait reprendre cette question si mobilisatrice d’intelligences : de la Nation. Ici en l’espèce (avant que les fédéralistes ne s'excitent) la Nation comme espace, en même temps que (et peut-être avant que) la Nation comme culture, patrimoine, lieu d’expression et de mutualisation des intelligences.

Pourquoi la Nation ? 

      Parce que c’est à la fois un territoire et un héritage. Et ces deux choses aujourd’hui sont en péril à cause de nos aînés, de la gestion malhabile de la cité, des avenirs et des perspectives.  
     2013…Il semblerait que nous entrions dans un monde sans frontières (nos guerres sont là pour nous le rappeler) et, quant aux héritages, ils ne nous obligent plus, le délitement de nos sociétés, l’effritement de nos valeurs, nos confusions identitaires et notre difficulté de positionnement dans un monde de plus en plus mouvant m’incite fortement à le dire. 
       Certes, la néo-décolonisation (nouveau concept que nous proposons dans un livre en cours de rédaction) se refuse à les congédier, elle les convoque au contraire, mais comme valeurs à mettre en opposition; elle nous propose les valeurs démocratiques occidentales. En fait pour les non-initiés, il faut comprendre ces valeurs occidentales comme: la “ mobilisation comptable de tout ce qui est  richesse économique potentielle ”
        Nous avions tous applaudis bêtement François Mitterrand, quand il a conditionné l’aide au développement à la bonne gouvernance. Juin 1990 au sommet franco-africain, le président Mitterrand innove : « La France liera tout son effort de contribution aux efforts qui seront accomplis pour aller vers plus de liberté. ». Comme nos dirigeants ont été en face à des incapacités construites par eux-mêmes, ils n’ont pas compris que pour épouser les évolutions du monde à la fin des années 80, la France avait donc posé deux verrous stratégiques qui ont instaurés,  le contrôle de la démocratie, en clair installent le déficit démocratique français dans sa zone de confort économique. Pour en savoir plus : http://ppassy.blogspot.fr/2011/10/etat-franco-africain-strategie-et.html 

Mais revenons aux faits, malheureusement pour des raisons évidentes je ne vais pas être long (liste non exhaustive de notre défaite de la pensée)


I-Depuis 8 ans, le bureau d'études britannique Quacquarelli Symonds (QS) établit un classement mondial des universités. C’est l’un des trois classements globaux existant à ce jour, avec celui publié par le mensuel britannique Times Higher Education et le fameux classement établi par l’université Jiao Tong de Shanghai. 
Problème : Aucune université d’Afrique francophone de rang mondial sur un rating de 200 universités, seule l’université d’Alexandrie (Egypte) pointe à la 147ème place. Aucun bloc de compétences, ni de connaissances… Aucun « grand campus ».

Conséquences : 
  1. Le continent recèle des ressources naturelles nombreuses et variées, dont beaucoup sont encore inexploitées, malgré le pillage de nombreuses autres durant l’époque coloniale. On peut, à ce propos, mentionner les énormes potentiels d’énergie sous différentes formes (fossile, hydraulique, éolienne, solaire…), les minerais précieux voire stratégiques, l’agriculture notamment irriguée, l’élevage, etc. D’un autre côté il y a la nécessaire préservation de celles qui sont surexploitées par les pays développés comme les ressources halieutiques. Cette mise en exploitation rationnelle de ces potentialités économiques nécessite, comme cela a été reconnu dans la stratégie de mise en œuvre des orientations du NEPAD, d’importantes ressources humaines. Celles-ci ont toujours fait défaut, ce qui a jusqu’ici compromet le développement du continent. Faute de ces ressources humaines adéquates et suffisantes, l’Afrique continue de subir d’énormes pertes économiques dans l’exploitation de ses ressources, en se cantonnant à la place d’exportatrice de ses richesses à l’état brut. 
  2. Il s’y ajoute que l’inexistence de compétences appropriées, qualitativement et quantitativement, accentue le caractère inégal des échanges dans le contexte actuel de la mondialisation, contribuant ainsi à aggraver les pertes économiques
  3. L’observation de la vie politique africaine permet de constater que, dans la plupart des pays, le pouvoir politique se trouve souvent entre les mains de dirigeants les moins diplômés, parfois les moins performants et pire qui n’ont pas été les mieux préparés à l’exercer, au profit des masses laborieuses et du développement des pays. Le souci primordial des tenants de ces pouvoirs issus de coups de force, militaire ou électoral, est de tout mettre en œuvre pour neutraliser ou éloigner tous ceux qui ont la capacité à contester, sur des bases et des données objectives, leurs positions. La situation peut se résumer dans le fait que beaucoup de dirigeants africains continuent de tout mettre en œuvre pour pousser à l’exil tous ceux qui pourraient leur contester le pouvoir. Parmi ceux-ci, les cadres universitaires sont, naturellement, parmi les plus nombreux et les mieux visés. Du fait de cet exil sélectif, il y a dans la plupart des pays africains deux classes sociales extrêmes, les riches qui deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Une importante classe sociale, la classe moyenne, fait défaut. Cette classe, en plus de son apport intellectuel, est aussi un facteur économique important.
Quelques exemples 

L'intelligence des crises, l'exemple  le bassin du Congo, qui est le bassin versant du fleuve Congo, en Afrique. Il couvre 4 millions de km² où vivent 93,2 millions d’habitants, avec des densités très variables selon les zones. 
Curiosité : Aucune Académie de l’eau, du bois, aucun  Institut Technologique Forêt-Cellulose Bois-construction-Ameublement.

Existant : Institut inter Etats d’enseignement supérieur et de recherche dans les domaines de l’eau, l’énergie, l’environnement et les infrastructures. Créé il y a 35 ans et émanant de 14 États africains francophones. Une quarantaine d’enseignants chercheurs permanents et une quinzaine de professeurs associés originaires de plus de 16 pays. 
Problème : Cet institut n’a pas pu promouvoir l’excellence dans les sciences et l’ingénierie et leurs applications afin de stimuler leur développement. Il n’a pas produit la masse critique de scientifiques et d’ingénieurs de grand talent dont l’Afrique francophone a besoin pour accélérer son développement. 

Intelligence des crises : le cas des ressources stratégiques et matières premières 
Les faits : exemple le Golfe de Guinée
« Le Golfe de Guinée disposerait d’un des plus grands gisements sous-marins de pétrole connus au monde, soutiennent de nombreux spécialistes. Avec 24 milliards de barils de pétrole de réserves prouvées, cette partie du continent, qui est une synthèse de l’Afrique occidentale et de l’Afrique centrale, est de loin la première région pétrolière africaine, avec des pays comme le Nigeria, l’Angola et la Guinée équatoriale, qui figurent au peloton de tête des producteurs de pétrole du continent. Rien d’étonnant que sur les 9 millions de barils de pétrole produits quotidiennement en Afrique, cinq millions de barils, donc plus de la moitié, proviennent du Golfe de Guinée… »
Problèmes: Aucune académie du pétrole…capable de promouvoir l’excellence dans les sciences et l’ingénierie et leurs applications afin de stimuler l’exploitation du pétrole de manière maîtrisée et autonome.  Ce qui existe, n’a pas pu produire la masse critique de scientifiques et d’ingénieurs de grand talent dont l’Afrique francophone a besoin pour accélérer son développement.

vendredi 22 novembre 2013

Partenariat économique et développement : Comment faire face à l’importance croissante de l’influence normative en Afrique ?

Patrice PASSY
Directeur associé de DB CONSEILS
Conseil en Intelligence Economique et Communication d’influence
Ancien conseiller de Premier Ministre

13 ans d’expérience internationale (Paris, Bruxelles, Shanghai, Vienne, Johannesburg, Abidjan, Brazzaville, Pointe-Noire, Cotonou, Kinshasa, Douala, Dakar….)

La guerre des normes en Afrique

       L’Afrique en général est aujourd’hui régie par des règles et normes presque intégralement européennes et internationales, qui évoluent sans cesse. Ces régulations de toutes natures déterminent les marchés africains et fixent des types de gouvernance de leur organisation. Les normes en Afrique ne sont jamais innocentes, que leurs auteurs cherchent à devancer la concurrence, à la freiner, ou à exporter des contraintes, elles participent à l’atteinte des objectifs fixés par la guerre économique que se livrent les puissances du monde dans leur course au leadership en Afrique. Les régulations peuvent faciliter les affaires des multinationales ou au contraire, limiter les accès à des pays dans leur zone de confort économique (la zone franc par exemple). Elles transportent des approches techniques, financières, juridiques, de gestion et d’éthique qui favorisent ou défavorisent les autres intervenants sur ce marché. L’influence sur ces règles du jeu internationale est une composante essentielle quoique peu visible de la compétitivité de leur entreprise et des États. Elle est aussi une composante du soft power, des puissances économiques, cette attractivité des États qui peu à peu pénètre les esprits-cibles et forge les opinions nationales. 

Promouvoir la protection de ses matières premières, protéger l’accès à ses marchés, contribuer à définir un socle de travail commun pour mieux conquérir de futurs marchés, orienter les débats en faveur de ses propres enjeux dans les accords de partenariats économiques et financiers, promouvoir sa culture au sein de l’exception culturelle française: utilisée à bon escient, la normalisation constitue un précieux outil d'intelligence économique, à la fois offensif et défensif.
La montée en puissance de la mondialisation a permis l’émergence et la diffusion de problématiques économique, géoéconomique, géostratégique, environnementale, financière, normative dans les sociétés africaines. L’émergence de la « question de la marchandisation du monde » dans l’espace public des sociétés africaines est au XXIe siècle ce qu’était la « question sociale » au XIXe siècle en Europe, à savoir le nœud conflictuel où se concentrent toutes les contradictions du développement économique et social des pays africains. Considérée globalement, la prise en compte des enjeux normatifs mondiaux par les pays africains semble aller de soi au sein des exécutifs, au point d’être rarement mise en débat tant sur le plan technique que stratégique. Cependant, l’actualité des normes juridiques (la CPI par exemple) des normes financières (la crise des subprimes, normes ISO), institue autour des normes et le sens caché de leurs enjeux un axe central d'intelligence ou un hub de management autour duquel les intelligences africaines doivent s’investir afin de faire face à la guerre des retards normatifs africains. L’urgence est là, et les conséquences sont fâcheuses sur tous les plans et pour plusieurs générations.

L’importance croissante de l’influence normative en Afrique dans les rapports de partenariats économiques, juridiques, écologiques, militaire, financiers…

Elle découle d’évolutions clés :
  • l’élaboration des régulations internationales fait l’objet de compétition au même titre que les produits. D’ailleurs, pour certains, les normes sont des produits. Tous les marchés y sont soumis y compris les marchés domestiques africains ;
  • l’impasse actuelle du multilatéral, en particulier concernant l’OMC, les accords de libre-échange entre États ou zones sont des outils stratégiques de diffusion de règles et de normes ;
  • la norme et la règle, y compris très techniques, véhiculent des stratégies non seulement commerciales, mais aussi de puissance, des politiques et des modèles, notamment venus depuis une trentaine d’années de conceptions dites libérales anglo-saxonnes qui relèvent avant tout de la culture libérale
  • l’arrivée des BRICS et autres nouvelles puissances sur ces terrains, est une bonne nouvelle à long terme car elle ouvre le jeu des négociations pour les pays africains. En même temps, la norme comme la règle ont toujours pour objet de sécuriser les échanges, de faciliter l’interopérabilité du commerce et, en principe, de protéger le consommateur tout en lui assurant le meilleur service
Avec le développement des échanges, l’Afrique croule sous le poids des normes internationales et la demande de normes et règles est en croissance constante et de plus en plus d’acteurs publics et privés participent à leur élaboration sans prendre conscience des enjeux cachés. Les États africains sont des acteurs faibles et pas singuliers dans cette compétition. Les enjeux de réglementaires et normatifs peuvent être considérés comme une opportunité pour l’Afrique en  2013, l’occasion de rebattre les cartes de l’éternel face-à-face avec l’Europe et parfois l’affrontement entre la BRICS, l’Europe et les Etats Unis. Sachons aussi que la compétitivité coût de l’Afrique va devenir une réalité avant 2050, elle sera fondée sur sa capacité de production de normes dans la protection de son patrimoine économique ainsi que de ses matières premières.
     Les conclusions de nos entretiens avec les acteurs politiques et économiques vont toutes dans le même sens : l’Afrique, secteurs public et privé confondus, ne dispose ni de compétences remarquables ni de savoir-faire pointus dans plusieurs domaines clé de son développement. Elle n’a donc pas développé d’expertise dans la compréhension et l’analyse des enjeux des partenariats économiques (les Accords de Partenariats Economiques nous le rappellent douloureusement), ni associé ses élites dans la production des connaissances stratégiques participants à la mise en place d’une intelligence économique et d’influence à long terme, portant notamment sur la normalisation et l’action sur les règles du jeu. 

   Les acteurs économiques et politiques africains dans leurs accords de partenariats marquent  trop peu d’intérêts à la guerre des normes qui se déroule dans ces pays. La normalisation en Afrique doit être associée de manière cohérente aux autres stratégies commerciales, aux actions d’influence étatique ou africaine, à la défense de nos intérêts dans les accords de libre-échange, à l'action régulière au sein des organisations internationales, à la préparation de la sécurité économique de nos marchés domestiques, et aussi à la conquête des marchés internationaux, donc de nos emplois. Il faudra que nos responsables privés et publics accordent à ces questions l’importance que leur donnent depuis longtemps leur meilleur allié traditionnel.

mardi 19 novembre 2013

         DE L'INTELLIGENCE INDIVIDUELLE A LA RÉUSSITE COLLECTIVE  EN FRANCE : RÔLE ET ENJEUX DES RÉSEAUX
Un réseau, c’est moins qu’une société sécrète, mais davantage qu’un groupe d’amis. Ce sont des gens que l’ambition, ou l’entraide, l’intérêt, ou encore le besoin d’information parfois même le désir sincère d’être utile pousse à se côtoyer. Les membres de la diaspora ont atteint un niveau de compétences et de liens qui  les obligent à "sortir", "dire", "faire" pour être et exister en France.

Comment ?

Que ce soit pour vous aider à dénicher un emploi ou pour « vous trouver des papiers ou un appartement » ou vous sous-traiter des clients pendant la période des vaches maigres, un réseau de contacts, un réseau professionnel est indispensable, aujourd'hui plus que jamais pour les diasporas noires. Or, l’élite décisionnelle afro-française et les entrepreneurs franco-africains évoluent avec moins de bonheur que leurs homologues français dans ce type de relation. Pourtant, ils ont tout à gagner. Sachons que, les qualités sociales africaines toujours appréciées en France à savoir ; l’hospitalité, la fraternité, l’interconnaissance, la prédominance du groupe sur l’individu, l’esprit de camaraderie, le respect de l’autre, la force de caractère, l'intelligence des rapports humains, etc… sont un puissant levier pour un tissage des réseaux d’intérêts professionnels, communautaires et intercommunautaires.

Le réseautage, ça s'apprend !

"Réseauter, dit Lise Cardinal, c'est établir des liens, de façon intentionnelle et stratégique, qui permettent d'ouvrir de nouvelles avenues." Ceux ou celles qui intègrent un réseau le font pour toutes sortes de raisons:
  • Pour se faire des amis importants, devenir président ou ministre (ces lieux ou attributs de pouvoirs génèrent souvent un capital de rêves important chez nos cadres…),
  • faire carrière, militer, s’enrichir, conspirer, se fréquenter, s’entraider,
  • obtenir des renseignements de première main, bénéficier de privilèges financiers,
  • défendre leurs droits d’étrangers, ou de propriétaires,
  • se faire connaître d'un maximum de gens etc.
C'est quoi, un réseau ?
Un réseau, précise-t-elle, permet de s'entourer d'alliés avec qui partager des trucs, des connaissances, des expériences, même des préoccupations et des situations difficiles. Un réseau, c'est fait pour aller plus loin, plus vite. Il y a les réseaux "officiels" - chambres de commerce, clubs de toutes sortes, groupes de soutien et d’influence, les réseaux personnels, infiniment plus variés, qui regroupent toutes les personnes qu'on connaît assez bien pour les tutoyer: voisins, coiffeuses, ministres, amis des périodes difficiles, amis de nos frères, collègues de travail, parenté, etc.

La force d’un réseau ou les clés de sa durée :

C’est la discrétion de son fonctionnement, la qualité du contenu et l’adhésion du groupe aux objectifs fixés.

Le système doit fonctionner sur des bases égalitaires, non hiérarchisées, mais au contraire horizontales, transversales. 

Pour disposer d’appuis internes importants et variés dans le réseau, il faut patienter, ratisser large, tout en demeurant fermé afin de préserver la cohésion du groupe. La culture de l'immédiateté "tout... tout de suite" très présente dans les milieux d'affaires africains doit céder le pas à la culture des petits laboratoires et des petits ponts que nos amis chinois nous invite à apprécier à sa juste valeur.

N’en déplaise aux opportunistes, aux girouettes, aux affairistes. Signalons que le fait de connaître du « monde » ne veut pas dire que l’on dispose d’un réseau d’amis. Il est naïf de le penser surtout de le claironner partout, pas à château-rouge, à châtelet, dans une fête pseudo mondaine, ni à dans la l'Assemblée Nationale, en tout cas.

Pour que cette force se traduise en action, il vous faut régler 6 préalables à savoir:
  1.  Le respect des engagements, une meilleure gestion du temps, des délais et des contraintes.
  2. Le respect de l’autre, la valeur de l'autre ne se mesure pas par ce qu'il A, mais par ce qu'il EST. Les illusionnistes sont légion à Paris, Londres, Bruxelles et dans les capitales africaines, ne vous laissez pas abuser.
  3. La tolérance, toute crise est une opportunité pour prendre les bonnes décisions au bon moment, l'intolérance liée au sexe, à l'origine, la couleur, l'argent, le diplôme est une grave erreur de positionnement, d’identité, de prise de parole et de communication.
  4. La loyauté, elle est définie par rapport à un système relationnel qui relie un individu à un autre ou à un groupe. Dans le cadre d'une communauté d'intérêts, il s'agit d'une fidélité inconditionnelle à respecter les règles de fonctionnement et d'organisation d'une famille. Les affairistes sans foi ni loi, les anarcho-profito-situationnistes n'ont pas droit de citer.
  5. La vision stratégique, au départ un réseau est une constellation de projets individuels et de comportements différends, la vision stratégique  annonce les intentions d’une communauté quant à ce qu’elle entend accomplir. « Une vision stratégique est une représentation du futur souhaité, à la fois rationnelle et intuitive, englobante et prospective » (Caron et Martel, 2005 :6). Elle ne se décrète pas, elle va donc être le fruit d’une réflexion collective menée par l’ensemble des composantes de la communauté.
  6. La confiance mutuelle. La crise globale de confiance est la plaie béante des communautés africaines et afro-françaises. Je déplore sa rareté dans les réseaux existants, et pourtant la confiance mutuelle est parmi les plus grands dons qu’un être humain peut recevoir. Toute structure qui se propose de faire des grandes œuvres doit prêtre capable de mettre en place des règles de procédures pour faire face aux faiblesses humaines, et développer des idées, des œuvres, et des actions qui fondent l'esprit du groupe. L’absence ou le non-respect des éléments cités est souvent à l’origine des dislocations de « sociétés » ou communautés d’intérêts organisées intentionnellement et stratégiquement en vue de s’ouvrir de «nouvelles avenues.»

Pour nous, la France est et reste le champ d’action de nos possibles dans un monde des possibles. 

La complexification croissante de son économie nous oblige à améliorer nos déficits afin de renforcer notre croissance. L’isolement, la barrière linguistique, culturelle a été souvent la source de nos déficits, de "nos non-décollages", le regroupement par intérêt, proximité ou amitié et non par communauté devient une nécessité stratégique, urgente et fondamentale.

Pourquoi a-t-on besoin d'un réseau d’entrepreneurs franco-africains ?
La complexification croissante de l’économie française implique pour nous de créer et maintenir des organisations communautaires et non communautaristes pour s’approprier les bénéfices de cette évolution bien que complexe.

Parce qu’il faut rassembler autour de projets dynamisant par une stratégie de réseau afin de consolider nos acquis, renforcer notre présence et tisser des liens et mettre en place des têtes de pont au sein des nœuds décisionnels utiles à nos besoins émergents.

Parce que parler ne fait pas cuire le manioc !!! AGISSONS.

Parce que les temps sont difficiles, les revendications identitaires prennent de plus en plus de place dans l’espace public français. L’on ne doit plus compter sur l’égalité des chances, mais instruire une méthode et des outils de visibilité pour apprendre à nous valoriser et valoriser nos images.« Ni lobbies parce que dépassant la stricte alliance d’intérêts conjoncturelle, ni structure associatives parce qu’évitant soigneusement toute institutionnalisation, les réseaux ne méritent ni excès de fascination, ni excès de d’indignité. Simplement elle joue un rôle essentiel dans le fonctionnement de la société française ». Cette société nous en sommes une des composantes, c’est pourquoi il faut s’investir, donner de son temps. Donner pour recevoir.

Pourquoi s’investir ?

Parce que le réseau se construit et s’entretient au quotidien. Autrefois apanage des cadres sup’, le « réseau » est désormais le sésame incontournable pour s’ouvrir toutes les portes.

En investissant dans son réseau, on tisse des liens, on rencontre des gens qui, eux aussi, ont leur propre réseau de contacts. Selon mon expérience la plupart des entrepreneurs ont en moyenne 20 contacts réels à partager, pour qui le premier pas, vers l'atteinte d'un objectif est de le faire connaître, au plus grand nombre de gens possible.

Pour réussir avec ce club de rencontres, il nous faut :
  1. Réduire les conflits d’intérêts personnels.
  2. Initialiser la confiance réciproque malgré les ratés.
  3. Se dépasser pour mieux s’investir dans la mise en œuvre des projets.
  4. Croire en l’avenir et avoir confiance en soi.
  5. Développer la modestie et le sens du partage des informations.
  6. Savoir être humble et tolérant
  7. Améliorer ses propres compétences
  8. Réduire au maximum les pulsions de jalousie entre membres et se serrer les coudes.
  9. Etre capable d'investir financièrement pour un avenir commun
  10. Tout le monde ne peut pas être chef, accepter l'autorité des plus brillants retenus par le groupe et se soumettre à l'ordre et la discipline du groupe.
Africaines en réseau ! Une ressource essentielle pour les afro-français

Les femmes africaines n'ont commencé à s'éveiller au réseautage qu'au milieu des années 90, lorsqu'elles ont décidé de prendre leur place dans le monde des affaires. Les tontines, les clubs de femmes, prennent forment et donnent naissance à de nombreuses actions louables, mais insignifiantes  à l’échelle nationale du fait de la faiblesse de leur maillage national. Elles souffrent dans ce genre d'organisation d'une chose : l'inconstance dans l'effort. Un réseau doit être et durer. Un réseau n'est pas une association d'une personne pour son village, sa circonscription ou son "église", un agrégat d'intérêt personnel, c'est une dynamique, soutenue par des idées claires et fortes visant la satisfaction de l'intérêt du réseau qui en retour apporte satisfaction et épanouissement à ses membres. Un réseau est donc un ensemble de nœuds (intérêts multiformes) reliés entre eux par des liens (passerelles d'interconnexion).

Beaucoup de femmes s'aperçoivent en 2013 que talent, compétence et surtout charme ne suffisent plus pour atteindre les échelons supérieurs de la société française et même de leur pays d’origine. Résultat, dans tous les milieux, dans toutes les villes en île de France, dans tous les métiers, les réseaux de femmes fleurissent. Elles sont cadres, anciennes des grandes écoles, franc-maçonnes, rosicruciennes, dirigeantes de société, scientifiques, créatrices d'entreprise, banquières, hauts fonctionnaires, magistrates, architectes, avocates, ancienne prostituée, femme de ménage, femme au foyer, milieu associatif. 

Elles ont bien compris que point de salut sans mécanique de réseau. A ce jour, le bilan, faute de vision stratégique est loin d'être satisfaisant. L'absence de stratégie de l'araignée a souvent été la source "des retards d'allumage".  Le droit de réponse est ouvert.

Comment bâtir son réseau ?

C’est à la fois complexe et long
Généralement l’on n’aime pas ce qui long, sûrement par manque de culture d’investissement. Très souvent l’on veut tout, tout de suite, la culture de l’immédiateté est à l’origine de nos choix erronées et des décisions non stratégiques. Il est cependant, impossible de tirer profit d'un réseau si on en ignore l'étendue.
  • On commence donc par faire l'inventaire de nos contacts.
  • On dresse, au besoin plusieurs listes selon leurs intérêts et la vision stratégique dégagée et les champs d'activité: économique, travail, politique, loisirs, famille, ami cible, etc.
Ce simple exercice mener de manière méthodique vous permettra de mesurer les forces et les faiblesses du futur réseau. L’esprit mouton c’est-à-dire le suivisme (le péché mignon des entrepreneurs de la diaspora) ou l’effet de mode (qui exprime notre difficulté à prendre des risques, à les prévoir, les gérer puis les assumer) n’est pas recommandé dans cette démarche.

Il faut :
  • prendre le temps d’édicter les règles du vivre et d’agir ensemble afin de définir la vision stratégique du réseau.
  • Donner à ces rencontres un contenu suffisamment désintéressé ou intéressé susceptible de mobiliser ou de fédérer, etc. Si vous êtes de nature peu sociable, votre réseau risque d'en souffrir.
Comment remédier à la situation sans changer de personnalité ?
Rappelons-nous qu'à la base d'un réseau, on trouve plus de solidarité, d’échange et de coopération que d'opportunisme.

Première exigence
Selon moi un réseau ça commence avec les voisins, ses frères, la diaspora, ses promos, sa région…Il importe d'intégrer un groupe avec lequel on a des affinités et à l'intérieur duquel on a du plaisir à évoluer. Pour que ça tienne, il faut une haute idée du but et des moyens pour y parvenir.

Etre membre ne suffit pas.
  • Pour que ça marche, il faut, comme dans n'importe quelle relation, s'impliquer, consacrer du temps, participer activement et se faire connaître, bien entretenir ses relations, soigner son image. Raison de plus de bien choisir son réseau.
Devenir membre d’un réseau, est-ce vraiment nécessaire pour un entrepreneur ?
  • Nécessaire oui, car toute réussite est une construction méthodique, passionnée, qui s’exécute dans la durée et la conviction. Quand il est efficace, le réseau d’affaires a un impact direct sur le dynamisme d’une entreprise. Il permet un contact direct avec des clients, des partenaires ou des financeurs potentiels. Il est l’occasion de renforcer les motivations des porteurs de projets, de confirmer ou d’infirmer des intuitions sur un marché, de mieux comprendre un environnement économique donné.
L’immédiateté est incompatible avec la construction que nous proposons de son propre organigramme de sa réussite individuelle. Cela exclu l’impréparation, l’absence de stratégie, de méthode et exige le respect des règles du vivre ensemble.

Deuxième exigence
  • La culture du secret. Toute structure semi-fermée fonctionne sur la base d’une bonne gestion du secret. Ce dernier conditionne le bon déroulement de l’action des membres du réseau, il garantit son activité, il est le gage de la prudence et de l’intégrité d’exécution des choix qui y sont décidés. Il permet aussi de circonscrire la transmission des codes et la communication du sens. Cela tout simplement pour garantir l’efficacité du réseau, mais aussi sa durée. Les intérêts entre chefs d’entreprises sont tout aussi imprévisibles qu’évolutives, le secret devient devant cette logique de fait un facteur d’unité, de liaison et d’identification dans la tourmente des intérêts et de la faiblesse humaine.
Face à cela une règle d'or s'impose
  • Si l'on veut en bénéficier des biens fait d’une telle mise en commun des intérêts, l’on doit assister à un minimum d'activités organisées par ce « collectif de substitution », participer activement à la mise en œuvre des stratégies établies expliquent Sophie Coignard et Marie Thérèse Guichard.
Ce n’est que de cette façon, que la nécessité d’un réseau se fait comprendre notamment pour :
  • Se créer un réseau de contacts professionnels.
  • Développer une clientèle.
  • Rencontrer des gens pratiquant d'autres métiers que le sien (Rencontrer ces gens à répétition permet à la longue de solidifier le réseau).
  • Aller chercher de l'information sur les métiers qui vous intéressent pour ainsi se tenir au courant de l'actualité en la matière.
Pour conclure

L’observation attentive de nos environnements et de l’histoire franco-africaine, nous permet de rappeler que nous sommes intégrés dans un système qui nous échappe, dont les grilles de lecture, les codes de communication et d’expression, les principes d’organisation, ainsi que les représentations collectives nous rappellent, même aménagés par les faits et les évolutions qu’aucune société ou communauté n’a réussi grâce aux aides, et à la bonne volonté des autres. 
La France a cessé d'être un supermarché des aides et allocations, elle a besoin de nous, de nos idées, pour continuer à être le moteur de nos possibles. A condition de s’organiser pour se créer de « nouvelles avenues ». La France à ceci de merveilleux c’est qu’elle nous fournit le choix des possibles et les conditions légales d’y parvenir, c’est là sa mission, qu’elle remplie bien d’ailleurs. A nous de nous créer notre monde des possibles comme le disait Popper.


Patrice PASSY
Consultant en Intelligence Economique et communication d’influence
Initiateur des événements de réseautage et des conversations stratégiques franco-africaines

Directeur associé de DB CONSEILS

vendredi 15 novembre 2013



 http://www.gicamtv.org/non-classe/patrice-passy-941


Intelligence Economique

Session de formation
Thème: Diplomatie économique et diplomatie d’entreprise dans la conquête des marchés de la sous-région
"Nouveaux pôles d'influence, de  performance et de compétitivité pour l’entreprise camerounaise"
du 05 au 07 novembre 2013
Conseil en Intelligence Économique
Directeur Associé de DB CONSEILS


dimanche 10 novembre 2013

Rapport d'information fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) par le groupe de travail sur la présence de la France dans une Afrique convoitée,

10 PRIORITÉS ET 70 MESURES POUR RELANCER LES RELATIONS DE LA FRANCE AVEC LES PAYS AFRICAINS FONDÉES SUR DES INTÉRÊTS COMMUNS DANS UN
PARTENARIAT RÉNOVÉ

Première priorité : 
Tenir un autre discours sur l’Afrique et définir une stratégie ambitieuse et cohérente : il s’agit de quitter le « vieux récit » sur une Afrique du passé, comprendre et mettre en valeur les mutations économiques en cours, développer un narratif plus juste des liens unissant la France à des pays africains qui ne sont pas seulement partie prenante de notre histoire, mais aussi
des éléments clés de notre avenir.

1) Définir la relation de la France aux pays africains d'abord en fonction de nos intérêts partagés : des millions de Français qui sont d'origine africaine, ou vivent ou ont vécu en Afrique, des intérêts économiques et stratégiques, un enjeu pour la sécurité de la France comme de l’Afrique.

2) Se départir des préventions postcoloniales et assumer le fait que l’Afrique n’est pas seulement partie prenante de notre histoire, mais aussi un élément clé de notre avenir.

3) Établir une stratégie africaine de la France sous la forme d’un Livre blanc sur l’Afrique en associant des membres représentant le Parlement, les administrations, les opérateurs, les ONG intervenant en Afrique et des personnalités qualifiées françaises, étrangères et notamment africaines.

4) Créer un programme de soutien « pour une écriture franco‐africaine d’une histoire partagée » afin de promouvoir le travail d’équipes mixtes francoafricaines sur l’étude de notre histoire commune.

5) Poursuivre l’ouverture des archives sur la période coloniale.

Deuxième priorité : Améliorer le pilotage de la politique africaine et la cohérence des actions menées sur le terrain. Devant le constat d’une politique éclatée à tous les niveaux, le groupe de travail souhaite renforcer le pilotage de la politique africaine. En dehors du Livre blanc dont l’objectif est de fédérer toutes administrations sur des objectifs communs, il propose :

6) De créer un ministère de la coopération internationale et du développement de plein exercice rassemblant les services concernés du ministère des affaires étrangères et du ministère des finances.

- 10 - L’AFRIQUE EST NOTRE AVENIR
7) D’instaurer une structuration régionale de notre dispositif diplomatique avec la nomination d’ambassades chefs de file régionaux et la mise à jour régulière de «stratégies‐régions» validées au niveau interministériel.

8) D’étudier la possibilité dans certains pays de mutualiser notre dispositif diplomatique avec certains partenaires européens afin de constituer des ambassades communes.

9) De mettre en place une cellule de haut niveau en charge de la gestion civilo‐militaire des situations de crise afin d’assurer une véritable coordination entre les responsables du développement et de la sécurité là où la France est présente. Cette cellule aura pour fonction de coordonner les actions de prévention des crises ou de gestion des situations post‐crises afin de favoriser le rétablissement des services publics et privés essentiels au fonctionnement normal d’un pays.

Troisième priorité : Renforcer nos liens économiques avec l’Afrique qui décolle.
Le groupe de travail estime qu’il faut désormais accentuer notre regard sur les opportunités économiques qu’offre le décollage d’une partie du continent africain. Pour cela, il propose de :
10) Structurer une démarche internationale par géographies et par secteurs qui correspondent aux besoins des marchés africains, renforcer nos moyens de soutien aux entreprises dans les pays les plus dynamiques tels que l’Afrique du Sud, le Nigéria, la Côte d’Ivoire, et le Kenya, mais également l’Éthiopie, le Ghana, le Botswana, la Tanzanie ou le Mozambique

11) Développer la pratique du portage des PME par les grands groupes présents sur le continent dans une démarche adaptée aux réalités africaines.

12) Développer des stratégies de conquête des marchés africains par le bas de la Pyramide et créer avec Proparco un fonds d’investissement en partenariat public privé sur ce type de stratégie « le bas de la Pyramides » impliquant des nouvelles technologies et des entreprises françaises.

13) Mettre fin à l’hémorragie des services économiques en Afrique, établir des stratégies régionales avec l’ensemble des services intervenant dans le domaine économique, renforcer les synergies entre Ubifrance, les Missions économiques, les Chambres de Commerce et d'Industries (CCI), en France et à l'étranger (Uccife), les conseillers du Commerce extérieur de la France (CCEF), Oséo, Coface, Pacte PME International, et les Opérateurs spécialisés du commerce international (OSCI). Soutenir les postes dépourvus de service économique ou de soutien commercial.

14) Inscrire dans le COM de l’AFD un mandat dans le cadre de sa mission au service du développement de dialogue avec les entreprises privées et les bureaux d’études français et de promotion de l’économie française autour de l’expertise.

10 PRIORITÉS ET 70 MESURES 
15) Fixer à PROPARCO des objectifs de co‐investissement avec des entreprises françaises et soutenir son développement en renforçant ses fonds propres et lui garantissant une plus grande autonomie organique par rapport à l’AFD.

16) Plaider au sein de l’OCDE et du G20 pour une clause de réciprocité sur l’ouverture des marchés financés par l’APD afin de pousser les pays émergents à délier leurs financements ou, le cas échéant, à exclure leurs entreprises des appels d’offres financés par l’APD.

17) Renforcer les exigences environnementales et sociales dans les dossiers d’appel d’offres pour les marchés financés par la coopération française afin de permettre aux bénéficiaires de ces financements d’éliminer, au stade de la pré‐qualification et de l’évaluation des offres, des entreprises ou des propositions qui ne seraient pas conformes techniquement sur le volet responsabilité sociale et
environnementale et de sanctionner une entreprise qui ne respecterait pas ses engagements lors de l’exécution de son marché.

18) Faire établir par le Comité pour les métaux stratégiques (COMES) et le SGDSN une étude des intérêts de la France en Afrique en matière d’approvisionnement stratégique et prendre en compte les conclusions de cette étude dans la définition de notre stratégie africaine.

19) Engager le processus formel d’adhésion à l’initiative sur la transparence dans les industries extractives (ITIE).

20) Engager la transposition par la France des dispositions des directives comptables concernant certaines obligations pour les entreprises extractives européennes de publier pays par pays et projet par projet les revenus tirés de l’exploitation des ressources extractives versés à des Etats et définir une stratégie d’exemplarité des entreprises publiques françaises intervenant dans ce domaine en
Afrique.
21) Soutenir les initiatives et les programmes des banques multilatérales de développement dans le domaine des industries extractives.

22) Renforcer notre coopération en faveur du renforcement de capacité au profit des programmes de l’UEMOA et notamment du Programme Économique Régional (PER).

23) Veiller à ce que la conclusion des Accords de partenariat économique (APE) ne nuise pas à l’intégration régionale, inviter la Commission européenne à faire preuve de plus de souplesse dans les négociations d'accords de partenariat économique régionaux afin de déboucher sur un aboutissement positif et un renforcement de la coopération européenne en faveur de l’intégration.

- 12 - L’AFRIQUE EST NOTRE AVENIR

Quatrième priorité : Contribuer à la stabilité et la sécurité du continent.
Le groupe de travail demande le maintien, en accord avec les États concernés, des points d’appui existants en Afrique pour les forces déployées dans la bande sahélo-saharienne et sur les façades est et ouest africaines afin de contribuer activement à la sécurité de ce continent. Il souhaite que des actions de coopération structurelle et opérationnelle permettent la consolidation des capacités militaires et des architectures de sécurité sous‐régionales africaines dans le cadre de l’Union africaine et, le cas échéant, la mise en oeuvre des résolutions des Nations unies et la protection des ressortissants français. Il propose que ces déploiements soient adaptés afin de disposer de capacités réactives et flexibles en fonction de l’évolution des besoins. Il préconise que soit dédiés de façon visible quatre pôles à la coopération avec les quatre organisations régionales, à Libreville avec la brigade  centre de la CEEAC, à Dakar avec la brigade de l’ouest de la CEDEAO, à la Réunion avec la brigade sud de la SADC et à Djibouti face l’IGAD afin d’afficher aux yeux des opinions publiques africaine et française le sens africain de la présence militaire française sur ce continent. Cette priorité se traduit donc par 7
mesures :

24) Maintenir huit points d’appui militaire en Afrique : Abidjan, Dakar, la zone (Mali, Niger, Burkina‐Faso), Libreville, Ndjamena, Bangui, Djibouti, et l’île de la Réunion.

25) Dédier quatre points d’appui militaire à la coopération avec les 4 organisations régionales, à Libreville avec la brigade centre de la CEEAC, Dakar avec la brigade de l’ouest de la CEDEAO, la Réunion avec la brigade sud de la SADC et Djibouti avec l’IGAD, afin d’afficher clairement la volonté française de participer à l’architecture de sécurité africaine.

26) Ouvrir les pôles de coopération français à des participations de partenaires européens et internationaux à l’instar de ce qui a été fait pour les écoles nationales à vocation régionale (ENVR).

27) Dépasser la distinction entre OPEX et forces prépositionnées au profit d’un dispositif global où les effectifs de chaque base évoluent en fonction des besoins avec un repositionnement autour du Sahel et dans les pays accueillant une forte présence de ressortissants français.

28) Doter chaque point d’appui de moyens de coopération structurelle et opérationnelle aussi bien en bilatéral qu’au niveau régional ainsi que la possibilité d’une projection en cas de crise.

29) Renforcer les crédits de la direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD) et développer les ENVR avec des financements croisés de l’ensemble des ministères concernés et un recours croissant aux financements européens, multilatéraux, voire à des partenariats avec des pays qui partagent notre vision de l’Afrique, comme le Canada, ainsi qu’à des financements des pays
africains qui en ont les moyens.

10 PRIORITÉS ET 70 MESURES - 13 -

30) Renforcer les moyens de suivi et de coopération avec l’Union africaine en redéployant des effectifs vers l’ambassade d’Addis Abeba et en consacrant de l’assistance technique ou des projets bien ciblés de renforcement de capacité.

Cinquième priorité : Promouvoir le pluralisme politique.
Tout en conservant à l’esprit les exigences de stabilité du continent, le groupe de travail estime que, sur le long terme, la démocratie, les droits de l’homme, le pluralisme, et l’éthique sont des facteurs d’épanouissement des populations et de cohésion sociale et politique. C’est pourquoi il propose dans le prolongement du discours de la Baule de renouveler le discours français sur la démocratie en centrant ce discours non sur la procédure formelle d’élections, mais sur la notion de pluralisme et de contre‐pouvoirs. Il souhaite également tirer les leçons pour notre diplomatie des printemps arabes et d’un dialogue trop exclusivement centré sur l’Etat. Pour cela il propose de renforcer le dialogue avec
les sociétés civiles, notamment à travers les ONG et les collectivités territoriales françaises. Ces deux derniers acteurs ont tissé des liens sans équivalent avec les populations et les territoires africains.

Cette priorité se traduit donc par 4 mesures :

31) Intégrer dans les discours français sur l’avenir de l’Afrique un discours renouvelé sur la notion de pluralisme et de contre‐pouvoirs.

32) Aider à la constitution de fondations en faveur de la vigilance citoyenne, des contre‐pouvoirs, des médias, des parlements, et de la « société civile ».

33) Renforcer le dialogue avec les sociétés civiles et poursuivre l’engagement de doublement du montant de l’aide qui transite par les ONG.

34) Soutenir les actions de coopération décentralisée en faveur de l’Afrique et étendre le dispositif de la loi Oudin‐Santini aux ordures ménagères pour financer des actions de coopération dans ce domaine dans une Afrique en urbanisation rapide.

Sixième priorité : Moderniser notre coopération au développement.
Constatant que l’enjeu n’est pas de construire une coopération d’héritage, mais de construire une coopération dont la France et l’Afrique ont besoin, le groupe de travail propose à la fois une réallocation des moyens et une rationalisation du dispositif.
S’agissant des moyens : le groupe de travail estime qu’il faut redresser l’équilibre des contributions bilatérales et multilatérales de façon à retrouver un niveau d’intervention bilatérale sous forme de subventions supérieur à 500 millions à la fin du triennum budgétaire par redéploiement et développement des financements innovants. Il propose également un renforcement des fonds propres
de l’AFD et la suppression du plafond des effectifs d’un établissement qui ne - 14 - L’AFRIQUE EST NOTRE AVENIR bénéficie d’aucune subvention de fonctionnement et finance son activité grâce à
son résultat bancaire.

Sur le plan institutionnel, en dehors de la création d’un ministère de plein exercice, qui exercerait la responsabilité des programmes budgétaires, qui sont actuellement gérés, l’un par Bercy, l’autre par le Quai d’Orsay, le groupe de travail propose de simplifier l’organisation du réseau de coopération, de poursuivre la réforme de 1998 et de la mener à son terme, en poursuivant les transferts de
compétence opérationnelle au profit de l’AFD et en mettant fin à la double compétence des SCAC et des agences de l’AFD, afin de renforcer la cohérence des actions à mener et de réduire le coût du réseau.

Cette priorité se traduit donc par 14 propositions :

35) Confier à un ministère de la coopération internationale et du développement la responsabilité des programmes 110 et 209 et les services qui les gèrent.

36) Simplifier l’organisation du réseau en mettant fin à la double compétence des Services de coopération et d’action culturelle (SCAC) et des agences de l’AFD et réduire ainsi son coût en s’appuyant principalement sur les agences de l’AFD sous l’autorité des ambassadeurs.

37) Poursuivre les transferts de compétence opérationnelle au profit de l’AFD de façon à ce que les Fonds de solidarité prioritaire (FSP) (hors domaine strictement régalien (police et justice)) soient gérés par l’AFD.

38) Mutualiser des fonctions support entre les représentations des instituts de recherche pour le développement dans un même pays des opérateurs du développement.

39) Resserrer le réseau des opérateurs de recherche pour le développement autour de représentants régionaux, responsables d’une agence.

40) Mieux intégrer les besoins opérationnels dans la programmation des organismes de recherche pour le développement.

41) Redresser l’équilibre des contributions bilatérales et multilatérales de façon à retrouver un niveau d’intervention sous forme de subventions supérieures à 500 millions à la fin du triennum budgétaire.

42) Accroître la part de la taxe sur les transactions financières (TTF) française affectée à la coopération.

43) Achever le processus d’adoption de la taxe sur les transactions financières européenne et s’assurer qu’une partie sera consacrée à la solidarité internationale.

44) Poursuivre le travail de conviction pour l’adoption d’une transactions financières au niveau mondial.

45) Consacrer le rééquilibrage de l’aide bilatérale en partie à de l’aide projet sous forme de dons destinés aux pays pauvres prioritaires et en partie aux financements d’expertises en amont des projets.

10 PRIORITÉS ET 70 MESURES - 15 -

46) Procéder à un renforcement comptable des fonds propres de l’AFD.

47) Intégrer un nouvel accord sur une diminution de la distribution des dividendes dans le prochain contrat d’objectifs et de moyens.

48) Supprimer la détermination en valeur absolue des effectifs de l’AFD.

Septième priorité : promouvoir l’expertise technique française.

L’Afrique bénéficie aujourd’hui d’un afflux de capitaux privés et publics, si bien que l’avantage comparatif de bailleurs de fonds relativement modestes comme la France est aujourd’hui la diffusion à travers ces financements d’une expertise pertinente, performante, compétitive et adaptée aux enjeux de
développement de l’Afrique. Cette expertise est un enjeu de développement et d’influence. Elle permet de déployer dans ce continent des normes, des habitudes et des valeurs qui peuvent nous lier aux pays africains et favoriser les échanges à la fois intellectuels et commerciaux. Or, dans ce domaine, la France avance en ordre dispersé aussi bien en matière de financement que d’opérateurs.

Le Groupe de travail propose de :

49) Créer un fonds dédié à l’expertise internationale géré par l’AFD et destiné à des opérateurs privés ou publics français qui rassemblent l’ensemble des financements dédiés à l’expertise à l’international, mieux articuler les instruments d’aide liée et définir une stratégie géographique et sectorielle pour les assistants techniques.

50) Regrouper dans un groupement d’intérêt public tous les opérateurs d’expertise technique publics.
Par ailleurs, le groupe de travail propose en matière de coopération au développement :

51) D’établir un bilan de nos modes d’intervention dans les pays fragiles à faible maîtrise d’ouvrage et de définir une méthodologie adaptée.

52) De relancer les dispositifs de capital investissement dans les PME en redynamisant le Fonds d’investissement et de soutien aux entreprises en Afrique (FISEA).

53) De créer une alliance avec les pays africains en vue des prochaines négociations sur le climat.

54) De développer des coopérations triangulaires en collaboration avec des partenaires sans passé colonial (Canada, Australie…), avec les émergents démocratiques (Afrique du Sud, Brésil, Inde), comme avec la Chine.

- 16 - L’AFRIQUE EST NOTRE AVENIR

Huitième priorité : Renforcement de notre action en faveur de la francophonie.
Le groupe de travail constate qu’il n’y aura pas de dividendes démographiques automatiques si nous ne formons pas des maîtres d’école dans les pays francophones. C’est pourquoi il estime qu’il faut absolument établir un véritable diagnostic sur l’état de la Francophonie en Afrique et renforcer notre
participation au partenariat mondial pour l’éducation, et promouvoir des partenariats public‐privé en faveur du développement de systèmes de formation professionnelle francophone qui répondent directement aux besoins des pays africains. Cette priorité se traduit par 5 propositions :

55) Renforcer sa participation au Partenariat Mondial pour l’Education.

56) Promouvoir des partenariats public‐privé en faveur du développement de système de formation professionnelle en Afrique.

57) Créer une université francophone pilote à l’image de l’université Paris‐Sorbonne‐Abou Dhabi.

58) Encourager le développement de thèses en cotutelle franco‐africaine.

59) Développer des universités numériques en coordination avec les partenaires francophones.

Neuvième priorité : rétablir une cohérence entre notre politique d’influence et notre politique migratoire
Il y a eu ces dix dernières années une incohérence entre notre politique d’influence, qui visait à former et à tisser des liens forts avec les élites africaines, et notre politique migratoire qui a détourné de la France non seulement des étudiants, mais également des artistes et des hommes d’affaires. Le groupe de travail propose d’assouplir le code de l’entrée et du séjour des étrangers de façon à instaurer des visas pluriannuels calqués sur la durée des études, à permettre l’exercice d’une première expérience professionnelle pour les étrangers juste diplômés d’un établissement d’enseignement supérieur français, et enfin d’accorder un visa illimité aux étudiants ayant obtenu un doctorat en France.

Ces réformes doivent être accompagnées notamment d’une redynamisation de la politique d’accueil des personnalités d’avenir, de la gestion du réseau des anciens élèves des lycées français à l’étranger.
S’agissant de l’immigration économique, ou de celle en provenance de zones désertées par le développement ou soumises à des régimes autoritaires comme l’Erythrée, le groupe de travail souligne que la solution de long terme réside dans le développement harmonieux de l’Afrique, mais qu’en attendant, il faut renouer le dialogue avec les pays d’origine sur les questions migratoires et
adopter des positions et des politiques cohérentes au niveau européen.

10 PRIORITÉS ET 70 MESURES - 17 -

60) Modifier le code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA) visait à favoriser les conditions d'gers toexercice des premières années d'expérience professionnelle –expérience qualifiante– pour les étranut justendiplômés d'un établissement d'enseignement supérieur français.

61) Instaurer des visas pluriannuels, calqués sur la durée des études.

62) Élaborer dans chaque ambassade un plan d’accueil des demandeurs de visas.

63) Redynamiser la politique d’accueil de personnalités d’avenir

64) Développer le dispositif « Quai d’Orsay/Entreprises »

65) Entreprendre une gestion dynamique du réseau des anciens élèves des Lycées français à l’étranger et des anciens boursiers etc.

66) Relancer le dialogue avec les pays d’origine sur les questions migratoires, avec la constitution de groupes de suivi paritaires et définir des positions et des politiques cohérentes au niveau européen.

67) Redéfinir une stratégie de promotion du développement solidaire.

Dixième priorité : Définir une stratégie africaine de la France dans les instances multilatérales et européennes.
Le groupe de travail estime qu’il faut convaincre nos partenaires européens qu’une Afrique de 2 milliards d’habitants à 14 km du sud de l’Europe avec autant d’opportunités et de risques devrait être une préoccupation centrale de l’Europe. Il souligne que la France n’a pas de stratégie globale dans les instances européennes et multilatérales, ce qui l’empêche évidemment d’avoir une stratégie
concertée sur les questions africaines :

68) Définir une stratégie africaine de la France dans les instances européennes.

69) Définir une stratégie française en faveur de l’Afrique dans les instances
multilatérales.

70) Promouvoir la voix de l’Afrique dans la gouvernance mondiale.

En conclusion, le groupe de travail a la conviction qu’une partie de l’avenir de la France est en Afrique.