D'après le FMI, la Chine est récemment devenue la première puissance économique mondiale. Après avoir acquis, au fur et à mesure des années, le statut d'acteur privilégié des plus grandes économies de la planète, au nombre desquelles l'Union européenne notamment, la République populaire accède ainsi à la première place. Détrônant de facto les Etats-Unis ? Quelques nuances sont semble-t-il nécessaires.
Le nier serait se mentir : l'annonce du Fonds monétaire international (FMI) selon laquelle la Chine est la première puissance économique de la planète, détonne par rapport à la morosité de bon nombre d'études actuelles sur l'économie sino-communiste, et, par-là même, étonne. Mais le cacher serait galvauder la réalité et la fuir. D'autant plus que cette nouvelle est à nuancer à plus d'un titre ; la Chine est la première puissance économique mondiale en terme de produit intérieur brut (PIB), et non de budget. Aussi les Etats-Unis restent-ils premiers dans un certain nombre de domaines, notamment le militaire.
La Chine première croissance économique mondiale
Pour en arriver à ce constat, le FMI s'est appuyé sur la comparaison des pouvoirs d'achat des deux pays. En effet, les prix variant de l'un à l'autre et les taux de change étant volatiles, l'institution internationale ne pouvait recourir qu'à une méthode de distinction des PIB rapportés aux échanges de marché et aux pouvoirs d'achat nationaux, également appelée parité de pouvoir d'achat (PPA). Dès les années 2000, il était d'ailleurs écrit que l'année 2014, celle du cheval en Chine, serait une année où la République populaire ferait la course économique en tête.
L'International comparison program (ICP), institution dépendant de la Banque mondiale, avait ainsi relevé, en 2011, que l'économie chinoise représentait 87 % de l'économie américaine, contre 43 % en 2005. D'après le FMI, il y aura même un fossé gigantesque entre la croissance économique des deux Etats sur la période 2011-2014, la République populaire de Chine (RPC) enregistrant une hausse de 24 % contre 7,6 % pour les Etats-Unis. Par conséquent, à la fin de l'année, la première damera le pion aux seconds en termes de PPA, et la RPC devrait atteindre 16,48 % du PIB mondial.
La Chine est devenue un « grand » de l'économie mondiale
Si le FMI s'attend à ce que les écarts s'intensifient dans les années qui viennent – tablant sur un gain de 20 % de croissance économique mondiale d'ici à 2019 –, l'institution reconnaît qu'il faudra du temps avant que la valeur de marché brute de la Chine rattrape celle des Etats-Unis – qui la distancent d'environ 6 500 milliards de dollars. La part chinoise dans la croissance internationale est donc indéniable, mais le propos est semble-t-il à relativiser.
Ainsi la consommation des ménages chinois, l'un des marqueurs d'une économie solide et bien-portante, a considérablement diminué en 2014, comme l'attestent les derniers chiffres de l'inflation publiés récemment. Alors qu'elle était de 2,5 % en mai dernier, l'inflation annuelle a chuté à 1,6 % en octobre. Plus inquiétant encore peut-être que cette désinflation, l'indice des prix à la production (IPP), qui a également faibli, semble révéler une diminution de la demande mondiale. Pourtant, le principal moteur économique de la Chine a toujours été ses exportations, que ce soit à destination des Etats-Unis comme de l'Union européenne (UE), ses deux premiers partenaires commerciaux.
Le FMI, qui vient pourtant de déclarer la Chine première économie mondiale en termes de PPA, assure que l'Empire du Milieu est en proie à une surchauffe très prochaine. Son explication ? La RPC est entrée dans la cour des « grands » de l'économie mondiale. Alors qu'elle a connu une croissance phénoménale lors des deux dernières décennies, la Chine connait à son tour des lendemains qui déchantent et commence à subir les effets de la crise mondiale. Grandir a un prix, même en économie.
Thierry Leprince
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