La méthode : LE SILENCE (nouveau paradigme politique)
Ceci est le résumé de nos conversations stratégiques fermées du mois de mai 2015. http://ppassy.blogspot.fr/2015/05/les-conversations-strategies-fermees-de.html
Le silence « Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence. » d’Euripide
Le silence constaté par tous les africains face aux « régimes dits démocratiques » est la plus grande révélation des "sans voix" en cette période de marchandisation croissante de TOUT en politique. Plus rien ne compte dans ces démocraties importées, si ce n’est que l’argent, le paraître et le béni-oui-ouisme. L’argent facile (rente, prostitution politique, intrique, montage financier bidon, corruption généralisée etc. Continuer la liste est cruelle… !).
Vous l’avez compris, nous sommes dans l'univers du moindre effort dans lequel, le sens des valeurs a été inversé, la culture de l’immédiateté, la culture du pesa ga (donne-moi), la culture de la main tendue, la culture de la facilité (sexe, argent et pouvoir) a vite eu raison du sens du service public, du sens de la parole donnée, du sens de l’effort, de la loyauté, du courage politique, du respect de ses convictions, du patriotisme économique, de la fraternité, de l’amour de soi. Ce qui est choquant c'est de constater que même l'amour de son propre pays a disparu de l’intelligence politique de l'élite.
Saviez-vous qu’il n’y a plus d’adversaire politique en « démocratie à l’Africaine », il n’y a que des ennemis. Pourquoi êtes-vous ennemi ? Parce que vous commettez l'impensable, à savoir : penser autrement. Or en Afrique francophone dans le silence de son courage, un ennemi, on le tue, pardon…disons on le neutralise. Le respect de l’autre peine à s’ériger en valeur, ainsi que la vie de l’autre et du respect de ses opinions.
Les raisons du silence du peuple
Choqué, vilipendé, moqué, trahi, méprisé, tenu à distance par cette élite qui se croit tout permis, le peuple s’est muré dans le SILENCE. Car habile est le peuple qui garde le silence. Ce silence nous le savons angoisse sérieusement l’homme politique. Face au silence, le politique se pose depuis le début des années 90, la question suivante: « On étouffe les clameurs, mais comment se venger du silence ? » Alfred de Vigny.
Pourquoi ?
Parce que, malgré leur force apparente, tous les régimes forts ont des faiblesses, des inefficacités internes, des rivalités personnelles, ethniques, des inefficacités institutionnelles et des conflits entre organisations et services. À la longue (10 ans, 20 ans, 30 ans au pouvoir), ces faiblesses tendent à rendre le régime moins efficace, moins réactif et plus vulnérable aux changements ou à une résistance délibérée. Ces régimes forts ne réussissent plus à accomplir tout ce qu’ils veulent. Ceci ne signifie pas que le communisme de mouvement va se réaliser sans risques et sans victimes humaines. Tous les types d’entreprises libératrices entraînent des risques.
Les nouvelles batailles à mener par les jeunes générations de décideurs vont être gagnées faute d’armes et de moyens par le SILENCE. Gandhi[1] a utilisé la non-violence comme moyen de vaincre la violence du colon britannique. Il est TEMPS de faire du silence organisé et structuré, une arme de changement dans le communisme de mouvement. La défiance politique est la tactique souvent utilisée par les oppositions actuelles avec des effets très limités et sans capacités de mobilisation et de dynamisme déstructurant.
Pour la simple raison que les oppositions africaines n’ont jamais trouvé la bonne réponse à la QUESTION :
- peut-on mobiliser, conscientiser un peuple, discipliner une opposition qui a sept fois FAIM ?
- Peut-on mobiliser une classe politique dont la corruption, comme un cancer a métastasé, puis étoffé tous les leviers de l’action politique (réflexion, mobilisation, convictions, l’idéologie, financement, etc…).
Mais quoi de neuf avec le silence en 2015 ?
Le communisme de mouvement ou le communisme du changement à pour arme stratégique le silence. Le silence organisé et structuré est une tactique souterraine née de la mauvaise gestion des thématiques sociales des peuples, d’un désir profond et de liberté. Car le communisme de mouvement se veut être une organisation horizontale, non hiérarchique, a-partisane, sans programme, et sans dirigeant. Certes en apparence pas efficace pour faire avancer les exigences du peuple…mais elle est la première fissure dans la violence que lui oppose les « régimes dits forts » depuis des années. Elle permet de gagner la première de toutes les batailles, celle de l’image, de l’unité (élément essentiel dans un mouvement populaire) en disposant ainsi d’une solide fondation : la motivation populaire.
Nous sommes dans une société de l’image et l’information sans frontière permet de voir et d’attirer l’attention, les effets du silence peuvent être spectaculaire et paralysant. La pertinence de cette démarche est donc à raffiner comme un produit pétrolier, c’est-à-dire de manière complexe pour une plus grande et large consommation.
Qu'est ce que c'est le communisme de mouvement ?
Le communisme de mouvement n'est pas un état de choses qu’il convient d’établir, ni un idéal auquel la réalité devra se conformer. Le communisme de mouvement signifie pour eux (la nouvelle génération des jeunes leaders africains), le mouvement réel qui abolit l'état actuel des choses. La désobéissance civile quant à elle, pour les fanatiques de la comparaison, ne prône pas le renversement du système, mais sa « correction ». La guerre civile n’a jamais apporté le changement du système souhaité par le peuple, juste un remplacement des cupides par d’autres hyper-voraces. La jeunesse africaine francophone est arrivée à un constat : les systèmes politiques (dictature, démocratie) ont failli lourdement et sont créateurs d’injustices, d’instabilités et de vulnérabilités. Il y a certes une demande démocratique de la jeunesse qui réclame des réponses urgentes aux thématiques sociales, un avenir clair et bien fléché. Mais est elle bien consciente que la démocratie importée ou conditionnée, confrontée à la réalité de l’exercice du pouvoir en Afrique francophone, a montré très tôt ses limites.
Comment faire du silence une nouvelle capacité de contester un régime en crise d’usure ?
Actuellement, l’organisation verticale des modes d’expression politique, cantonne la parole pour le plus grand nombre qu’au moment des votes. Ce mode d’expression a fait long feu et le principe démocratique d’un gagnant et d'un perdant en Afrique est dès le départ inapproprié, clivant et source de tensions lourdes et récurrentes. Il faut non plus s’approprier de la démocratie qui est en fait la source de tous les maux politiques actuellement, mais inventer un nouveau mode d’expression (euh oui..., nous devons être capable d’inventer et c’est plus que possible aujourd'hui. La Chine n'est ni démocratique, ni communiste, elle a trouvé sa voie autour de 8 idées fortes.)qui ne divise plus, ni ne sépare, ne prépare pas à la guerre, mais de manière collégiale et tournante, assure à tous sur la base d’un système complexe à parfaire, au cours des expériences, l’accès de tous à la gestion de la cité. Nous allons aborder la question le moment venu.
La démocratie importée avec sa mascarade d’élections ne doit plus jamais être retenue comme mode d’expression de la voix du peuple, elle ne suffit plus à rendre compte des aspirations du pays réel, du peuple. Le silence dans le communisme de mouvement est donc le refus de la hiérarchie, de la délégation des pouvoirs et de la démocratie représentative. Le silence qui, à ce jour, ne s’exprime qu’en désordre par le refus d’aller voter, par l’abstention, doit être mûri, réfléchi, construit par une nouvelle idéologie comme réponse culturelle endogène et technique autour des valeurs correctives nées de nos échecs, de nos retards, de nos mauvais débuts et faux départs. La démocratie ou la dictature n’étant plus à même d’assurer des conditions de vie minimales pour tous, de compenser l’injustice, pourquoi accepterait-on ces organisations verticales ?
Le silence oblitère tout dans un pays. Le silence coupe tout émetteur d’un récepteur. Sans récepteur toute communication politique est rompue et le marketing politique inopérant. Hors qui peut gouverner longtemps loin du temps ? Or le temps est une donnée politique centrale. C’est là sa force. S’il est pour certains un aveu conscient des peuples de ses incapacités du moment, il traduit surtout pour tout observateur averti, un désaveu populaire. En l'espèce, il est une période propice aux rencontres sans buts, ni intérêts, aux constats, aux diagnostics, à l'expérimentation de l'appareil de solutions, une préparation à l’insurrection des consciences. En d’autres termes une période favorable à la préparation d’un mouvement populaire. Que les seuls excès des élites, soulèveront comme une vague déferlante sur leurs incapacités, excès, violences, pauvretés essaimées grâce à leur démocratie importée.
Le silence est l’âme des peuples trahis, le signe d’un peuple qui souffre des incapacités de ses élites. Mais il ne demeure pas moins, le remède à tous les maux causés par les élites au pouvoir de plus en plus irresponsable et irrespectueuse de l’âme du peuple. C’est ainsi que la vérité future sera faite du silence des morts de demain. Le silence relevé face aux élections, aux constitutions déglinguées, aux sept faims d’Afrique francophone est certes une complicité imposée, un aveu d’impuissance et d’incapacité, mais il doit être plus perçu en cette période, comme le dernier refuge de la vraie liberté du peuple, la liberté de penser, d’imaginer, de préparer, de se préparer au sacrifice suprême pour sa libération…
Le silence signifie que le peuple n’a pas d’espace d’expression, pas de place dans la société de débauche, de luxure, de facilité, et d’antivaleurs que la culture du béni oui ouisme (de Dakar, Lomé, Niamey, Bamako, Conakry à Libreville…) veut imposer au vrai peuple qui se lève tôt, qui travaille dur pour élever leur enfants, dans la dignité et la fierté de leur identité. D’où l’idée d’occuper le seul espace disponible devenu l’espace public et sécurisé par excellence : le silence du peuple.
Le silence devient ainsi un lieu de rassemblement, de reconnaissance, un lieu d’échange de codes et de tradition. Un lieu source de mémoire, une école de la patience et un cadre d’organisation. Cette stratégie à la fois involontaire, inconsciente et consciente est essentielle. Elle est le premier étage du communisme de mouvement qui au fil des répressions, des injustices, des inégalités et des intimidations va développer: LA PUISSANCE ÉMOTIONNELLE constituant ainsi le socle des « overdoses révoltantes ».
Il exprime l’intérêt général des sans voix, traduit l’idée simple que le citoyen n’a plus son mot à dire sur des choix politiques qui concerne sa propre vie et sont devenus l’apanage des politiques mal préparés à la gestion de la cité et des experts étrangers sans compétence interculturelle ni maîtrise des liens organiques des sociétés cibles de leur expertise.
Le silence face à la violence d’État
À ce jour la violence est du côté de l’État, car à chaque manifestation de rue, le peuple compte dans le silence de sa patience, ses morts (mort de faim, des violences policières, armées, de rêves inassouvis...). Depuis l’imposition de la démocratie en Afrique francophone, l’élite est rentrée en guerre ouverte contre le peuple. Cette réponse répressive face aux sept faims des peuples d’Afrique est la marque d’une élite qui a peur, qui se protège des « gueux » qu’elle a elle-même engendrée. Une guerre pour maintenir l’obéissance passive du peuple (le peuple DOIT avoir peur de l’homme fort), alors que les effets secondaires de la mondialisation (nouveaux rapports marchands, information sans frontières, évolution des mentalités, partage des connaissances, mutualisation des communications…) imposent à l'élite l'organisation vers l’obéissance active (qu’est-ce que je gagne dans ce que tu promets, quel est mon intérêt dans ton élection ? répond le peuple en écho).
Ce silence a permis tout de même de dévoiler la violence cachée et souvent instrumentalisée de la démocratie importée dans les États d’Afrique francophone. Nous constatons que la démocratie importée et la dictature, n’aiment pas le silence du peuple, il l’achète à présent à coups de millions lors des campagnes présidentielles.
Mais est-ce suffisant ?
Le silence du peuple coûte trop cher pour le muer en soutien populaire ?
Le silence souvent critiqué des peuples africains ou même bêtement qualifié de résignation, est en fait un acte politique individuel inhérent à la rupture du lien entre l’élite et le peuple. Il traduit l’ « état de santé » entre le peuple et l’homme fort au pouvoir. Le silence dans les campagnes, les banlieues des grandes villes, dans les régions oubliées par le « régime fort » est l'expression d'une prise de distance du peuple envers celui qui a trahi toutes les raisons de son arrivée au pouvoir. C’est aussi une manière subtile et moins douloureuse de faire savoir qu’il y a une dissonance (ne plus se reconnaître dans la parole portée par ses dirigeants sans pouvoir faire entendre sa voix discordante, ne plus consentir à certaines actions conduites par l'ordre social auquel on appartient plus).
Cet acte politique marque le fait que la délégation de pouvoir, le consentement qu'on octroie à des représentants sont révocables. Car, les principes, les valeurs, les « impératifs moraux » supérieurs auxquels on tient(liberté, travail, égalité, justice, dignité humaine, respect de l’autre...) sont bafoués. C'est donc une forme exigeante de la vision endogène du partage du pouvoir (voire radicale, sans compromission) que prônent le silence des peuples d’Afrique francophone.
Quand les thématiques sociales sont en jeu, lorsqu'on assiste à un déferlement des antivaleurs dans une société, le peuple se réserve le droit de « retrait de la société des vainqueurs d’élections» en appliquant au pouvoir jouissif: le silence comme réponse aux campagnes et discours démagogiques.
Dans cette perspective, le silence apparaît comme l'ultime moyen (non institutionnel) de résistance pour gérer une dissonance entre ce à quoi, le peuple croit profondément et ce qui est politiquement mis en pratique dans la société, alors même qu’il est exclu de la « conversation » qui lui aurait permis d'exprimer son désaccord, de faire valoir son point de vue, son « dissentiment ».
Dans le communisme de mouvement, il n'y a pas de pouvoir et d'opposition, car il y a bien longtemps que le peuple a compris que l’opposition n’est pas le peuple, non plus la voix du peuple. Elle est un « conglomérat d’anarcho-profito-situationniste » qui comme un groupe de charognards s’acharne sur les miettes laissées par le pouvoir. Un conglomérat d’opportunistes sans crédibilité, ni épaisseur politique, sans conviction, ni intelligence politique pour faire face à la gestion des complexité née des rapports et enjeux du moment ainsi que de la lourdeur des efforts à consentir.
Dans le communisme de mouvement, il n'y a pas de pouvoir et d'opposition, car il y a bien longtemps que le peuple a compris que l’opposition n’est pas le peuple, non plus la voix du peuple. Elle est un « conglomérat d’anarcho-profito-situationniste » qui comme un groupe de charognards s’acharne sur les miettes laissées par le pouvoir. Un conglomérat d’opportunistes sans crédibilité, ni épaisseur politique, sans conviction, ni intelligence politique pour faire face à la gestion des complexité née des rapports et enjeux du moment ainsi que de la lourdeur des efforts à consentir.
Le silence du peuple est donc le recours, interne dans une « société démocratico-violente », de ceux qui se sentent dépossédés d'une voix dans leur histoire. Le silence des peuples est en quelque sorte le moyen d'expression ultime des « inaudibles », de celles et ceux qui sont exclus des « conversations stratégiques de la Nation », qui ne sont pas reconnus socialement, ni invités aux réjouissances nationales. Au final, parce qu'il met en exergue les dérives de la démocratie importée, qu'il dénonce la « trahison » des élites du « régime fort, le silence serait le fondement même du communisme de mouvement en Afrique francophone. Il serait au fil des perfections et des apprentissages en quelque sorte sa « bonne conscience », son expression éthique.
Le mode de croissance du silence est particulier en ce sens qu’il se nourrit à la fois des erreurs, injustices, et meurtres des élites et des rancœurs, des sept faims du peuple. Il n’a besoin d’aucun budget, ni de personnel, ni de membres, il est diffus et tapis au fond des peuples qui souffrent et attendent l’élément déclencheur. Il n’est mobilisable par aucun opportuniste politique, il a son autonomie propre et à sa propre vie comme dans un système social. Le communisme de mouvement va donc être sa forme raffiné et exploitable…
Pour en savoir plus sur nos conversations stratégiques fermées, cliquez sur ce lien...http://ppassy.blogspot.fr/2015/05/les-conversations-strategies-fermees-de.html