jeudi 31 janvier 2013


INTELLIGENCE INTERCULTURELLE EN AFRIQUE FRANCOPHONE


Est-il préférable d'expatrier, de détacher ses propres salariés, ou de recruter au plan local en Afrique francophone ?
 

Par Patrice PASSY
Formateur en gestion des problématiques Interculturelles (ISEAM - DGC)
La stratégie de développement à l'international des entreprises françaises, qu'elle soit motivée par la volonté de conquête de nouveaux marchés dans la zone franc [1], ou la recherche d'économies sur les coûts de production, s'accompagne toujours d'interrogations autour de la mobilité des salariés : est-il préférable d'expatrier, de détacher ses propres salariés, ou de recruter au plan local ?
 
Car le choix d'envoyer un salarié à l'étranger n'est pas neutre ! C'est une décision qui touche à la fois l'entreprise, le salarié et sa famille, et dont les conséquences s'étendent bien au-delà des aspects pratiques liés à un "simple" transfert de son lieu de travail.
 
La mise en place d'une politique interne volontariste de mobilité internationale sera bien évidemment guidée en premier lieu par les opportunités de marché de l'entreprise, sa capacité d'investissement, sa culture et ses intérêts à moyen et long terme à l'étranger.
 
Au plan strictement RH, c'est le nombre de salariés potentiellement concernés, à court terme, par une expatriation à l'étranger, qui délenchera la décision de mettre en oeuvre une procédure de mobilité internationale voire une stratégie d'envergure.
 
Mais, pour mettre en place des mesures opportunes, il faut maîtriser tous les enjeux de la mobilité internationale, en sachant se poser, au préalable et pour chaque pays concerné, les bonnes questions : 
  • Comment évoluera la relation de travail pendant la mission à l'étranger ?
  • Quelle sera l'organisation du travail et son contrôle, selon quelles règles ?
  • Quelle sera la couverture sociale du salarié et éventuellement de sa famille ?
  • Selon quelles règles sera déterminée la résidence fiscale du salarié ? 
  • Quel sera l'impact sur son niveau d’impôt ?
C'est en apportant des réponses précises à ces différentes questions qu'il sera possible d'établir les avenants aux contrats les plus sécurisants pour chacune des parties.
 
La réalisation de "fiches pays" précisant l'ensemble des procédures et modalités pratiques d'expatriation, et tenant compte de tous les enjeux fiscaux et sociaux dans chaque pays, pourra venir outiller judicieusement le service RH.
De la même manière, accueillir un salarié français n'est pas plus simple puisque cela suppose de se demander :
  • Quel est le type de titre de séjour adapté à la situation, compte tenu de la complexité des formalités d'immigration dans les pays d'Afrique francophone ?
  • Quel est le statut à privilégier entre le détachement et l'expatriation, à la fois en droit du travail et en protection sociale, en fonction des contraintes des parties et des réalités de la situation ? 
  • Certaines dispositions de la loi françaises sont-elles applicables ?
L'objectif des différentes formations inter et intra-entreprises que nous proposons en management des diversités franco-africains est de donner les clefs de compréhension des mécanismes inhérents à la mobilité internationale : se poser les bonnes questions, au bon moment, et y apporter des réponses expertes, actualisées et personnalisées.
 
L'intérêt est double : 
  • anticiper au mieux les revendications des salariés et les contentieux,
  • inscrire la mobilité internationale dans la logique de développement de l'entreprise et dans une véritable politique de gestion des compétences et des carrières.
Le poids des entreprises françaises en Afrique 
 
Il est souvent accepté ou contesté que la France a besoin de l’Afrique, à tout le moins, elle y a beaucoup d’intérêts via nombre de ses grandes entreprises.
L’on peut bien le mesurer avec une présence significative de Chambres de Commerce et d’Industrie Française à l’étranger (CCIFE). Il y en a dans 7 pays différents. « Fondée en 1907, l'UCCIFE [Union des Chambres de Commerce et d’Industrie Française à l’Étranger] regroupe 107 Chambres de Commerce et d'Industrie françaises à l'Etranger (CCIFE) qui constituent le premier réseau privé d'entreprises Françaises dans le Monde, représenté dans 77 pays et réunissant 28.000 entreprises, dont 50% d'entreprises étrangères. ». Sur la centaine de CCIFE que l’on recense dans le monde, il y en a 20 en Afrique. De plus, sur les 25 385 membres (uniquement 18 000 entreprises) de ces CCIFE, il y a 8246 sur ce continent. C’est plus que partout ailleurs, comme en témoigne le tableau ci-bas.

le Franco-Béninois Lionel Zinsou, Président de PAI PARTENERS indique, que l'Afrique est le seul continent où la France réalisait un excédent commercial. Il invitait par ailleurs à ne pas confondre la montée en puissance actuelle de la Chine qui est indiscutable à la réelle importance des intérêts occidentaux en Afrique. En effet, à cause ou grâce à leur ancienneté, les stocks de capital [mines, pétrole, produits agricoles, immobilier, etc.] dont ils sont propriétaires sont de loin supérieurs à ceux des Chinois. La France n’y échappe pas.
De plus, le Conseil français des Investisseurs en Afrique (CIAN), qui compte 100 sociétés adhérentes nous aide à évaluer le poids de ces entreprises françaises en Afrique. Ces 100 sociétés adhérentes, ont 80 000 collaborateurs sur le continent et produisent un chiffre d’affaires de 40 milliards d’euros, ce qui serait « seulement » l’équivalent des ¾ du chiffre d’affaires des entreprises françaises sur le continent. Sur les 54 pays africains, les membres du CIAN sont présents de façon permanente dans 49 (plus de 1000 établissements). À chacun de voir si la France n’a pas besoin de l’Afrique sur le plan économique.
 
Les entreprises françaises représentent l'essentiel de l'activité économique du secteur formel en Zone franc.
Les pays africains de la Zone franc représentent une destination d'implantation importante en Afrique pour les entreprises françaises




[1] Afrique de l’Ouest
Pour la zone UEMOA (Union économique et monétaire de l’Ouest Africain) : 7 pays (Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo) avec une devise commune (Franc CFA lié directement à l’euro), un système comptable et fiscal commun (OHADA) et des experts-comptables habilités à travailler dans les autres pays de la sous-région.


Afrique Centrale
Pour la zone CEMAC (Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale) : 5 pays (Congo, 
Gabon, Guinée-Equatoriale, République Centrafricaine et Tchad) avec une devise commune (franc CFA lié directement à l’euro), un système comptable et fiscal commun (OHADA) et des experts-comptables habilités à travailler dans les autres pays de la sous-région.



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