RDC : Compétitivité Économique
des Entreprises et Intelligence Stratégique de l'Etat Congolais
Par Patrice PASSY
Conseil
en Intelligence Economique
De
quoi s’agit-il ?
Il
s’agit de parler d’un sujet peu évoqué dans les milieux économiques congolais
du fait des difficultés économiques que rencontre le pays. Ce tissu de
difficultés est pour nous l’occasion de dynamiser la réflexion sur la
compétitivité nationale congolaise et l’intelligence stratégique de l’Etat qui
doit accompagner les activités des entreprises congolaises dans la sous-région.
La compétitivité est l’aptitude pour une
entreprise, un secteur ou l’ensemble des entreprises d’une économie à faire
face à la concurrence effective ou potentielle. Au niveau microéconomique, la compétitivité d’une entreprise
désigne sa capacité à occuper une position forte sur un marché. L’évolution des
parts de marché de cette entreprise est dès lors fondamentale pour apprécier la
compétitivité. Au niveau
macroéconomique, la compétitivité d’une économie nationale est la capacité
de son secteur productif à satisfaire la demande intérieure et étrangère, avec
en arrière-plan l’objectif de permettre une progression du niveau de vie des
résidents du pays concerné. Les parts de marché d’une économie nationale
peuvent également être mesurées (exportations nationales rapportées à un total
mondial ou limité à un groupe de pays comparables) et elles constituent un bon
indicateur de compétitivité. Mais à moyen-long terme, une baisse des parts de
marché d’un pays ne traduit pas nécessairement un recul de sa compétitivité :
ainsi le recul des parts de marché de pays anciennement industrialisés
(Angleterre, France) paraissait-il inévitable au XXe siècle, avec l’émergence
de nouveaux acteurs : la part de la France dans les exportations mondiales est
passée de 10 % à la fin du XIXe siècle à 5 % aujourd’hui. La compétitivité
(d’une entreprise ou d’une économie nationale) est classiquement désignée de
deux façons différentes selon l’origine des facteurs de cette compétitivité : «
par les prix » ou « par les coûts ». La recherche d’une compétitivité par les
prix se réalisera en général par une politique d’économies d’échelle ou encore
le développement du progrès technique visant à réaliser des gains de productivité.
La diminution des coûts de production peut cependant se passer de gains de
productivité (baisse du coût du travail ou baisse du coût des matières
premières), et une compétitivité par les coûts en résulte. Pour une économie
nationale, la qualité des spécialisations à une certaine date est décisive pour
la compétitivité future : la diversification « marchés » (depuis plus de 10 ans
pour les économies occidentales : Europe de l’Est et Asie) et la diversification
« produits » (on observerait une « baisse en gamme » des exportations
françaises contrairement aux exportations allemandes) doivent être pertinentes.
Enfin, la sous-évaluation réelle d’une monnaie nationale offre mécaniquement
une meilleure compétitivité par les prix (cas du Yen japonais pendant toutes
les années 1980 et 1990). La compétitivité d’une économie nationale est aussi
fonction du niveau d’imposition, de la qualité de la production au sens large,
du tissu de PME et de la nature des réseaux de transports de l’économie
concernée, etc.
Compétitivité
Économique des Entreprises et Intelligence Stratégique de l'Etat Congolais
La
RDC avec près de 68 millions d'habitants offre une situation paradoxale,
marquée par un engagement tiède des services de l'État et une offre abondante
d'informations et d'expertises (3e pays d'Afrique au sud du Sahara en termes de
volume de production d'information), le plus souvent d'origine publique, et
revers de la médaille, une sous-utilisation de ces données par les acteurs
économiques. Cette sous-utilisation s'explique par :
- les multiples cloisonnements existants : cloisonnement entre les cabinets politiques et l'administration, cloisonnement entre administrations, entre ministères, entre organismes, entre secteurs public et privé.
- l’information reste encore un enjeu de pouvoir d’où le phénomène de rétention-diffusion de l’information selon les intérêts privés.
- l’information n’a pas encore été comprise comme un facteur stratégique et un levier complémentaire de compétitivité des entreprises.
En
2011, la RD-Congo, 3eme pays producteur d'informations spécialisées n'est que
le 15e utilisateur, nous nous situons dans une économie de l'offre. Nous
relevons que ces cloisonnements sont la conséquence d’une lente confluence des
intérêts, des rôles et des incompétences qui empêche le développement des
synergies publics/privés. Cette situation au stade actuel de l’économie
congolaise, ralentie la définition d’une architecture nationale de protection
du patrimoine économique de l’État. Cependant, en 2011, la RDC dispose de tous
les moyens institutionnels et privés, pour construire un modèle de
compétitivité économique opposable aux pays tiers de la sous région,
susceptible de permettre, la redéfinition des priorités collectives qui intègrent
bien entendu, les contraintes budgétaires du moment, la réalité
environnementale, culturelle et économique des PME-PMI congolaises. Pour
réaliser cette redéfinition des priorités collectives, une forte impulsion
politique est nécessaire, soutenue par de nouveaux textes législatifs et un
nouveau état d’esprit. Mais cela ne peut être envisagé que, grâce à une
démarche à l’envers, c'est-à-dire investir dans les démarches amont
(l’information pour le développement), plus dans les actions aval auxquels le
FMI et la Banque mondiale nous ont habitué à savoir : des aides à la survie
économique. Cette démarche exige un dépassement, celui du modèle d’organisation
classique actuel en cours en RDC.
Pourquoi
?
Le
Congo au regard des évolutions et de la complexité croissante des économies au
niveau sous régional, a besoin d’une vraie politique de convergence d’intérêts
entre le public et le privé, autour d’objectifs stratégiques identifiés par
l’État stratège, appelée politique d’intelligence économique. L’État sous
l’autorité du chef de l’État Joseph KABILA, doit dans un environnement de
guerre économique, grâce au comité interministériel, définir son contenu :
sécurité économique, compétitivité des entreprises, influence sous régional et
formation des élites. De manière non cohérente, le libéralisme semble s’être
imposé comme le modèle de développement épousant, le programme gouvernemental.
Cependant, pour que les acteurs économiques souffrent moins des multiples
pesanteurs congolaises, il faut réussir à concilier deux secteurs :
- un secteur privé qui se doit de devenir dominant et un secteur public puissant mobilisé pour soutenir l’activité privée générateur de richesses et de croissance.
D’où
l’idée du cabinet DB CONSEILS de proposer, la création d’une Conseil
National de Sécurité Économique (CNSE) pour résoudre le problème handicapant,
qui est d’un côté, un système publique sclérosé et de l’autre un secteur privé
étouffé fiscalement et administrativement. Le CNSE substantiellement différent
du Conseil National de Sécurité existant mais complémentaire dans les faits,
vise à faire coïncider le développement des entreprises du portefeuille, les
intérêts de la FEC ainsi que ceux des autres acteurs économiques avec la
préservation des intérêts de la puissance dont le périmètre des intérêts
stratégiques restent encore à définir en 2013. D’où la nécessité de rappeler à
l’État, l’obligation de faire sa mutation en 2014, pour passer de l’État gestionnaire
à l’État stratège.
Trois
axes majeurs doivent soutenir cette synergie public/privé, sans oublier la
mutation de l’État.
I - Axe de la
démarche
La
prise en compte du facteur économique comme instrument de puissance de l’État.
Il s’agira de mettre en place un cœur stratégique que l’on désigne sous le
vocable de « connivence d’intérêts ». Ce
dernier sera composé d’un pool industriel, d’une banque de ressources, d’un
pool bancaire, d’une technopole que l’État doit faire naitre après les « 5
chantiers ». Le tout articulé dans un processus économique globale et
transversale que nous avons dénommé le « Congo en Chantiers », programme
politique et économique subséquent au « 5 chantiers » du Président de la
République.
II - Axe des
structures
Un
comité interministériel sous l’autorité du Premier Ministre serait de chargé de
mettre en place un processus stratégique avec pour mission de définir:
- le périmètre stratégique des intérêts de l’État
- le périmètre stratégique des intérêts des grands groupes industriels et bancaires
- une cartographie de grands travaux économiques
- une cartographie des besoins des entreprises et des compétences locale
- un « talent mapping » de la diaspora congolaise dans le monde s’avère obligatoire
- une ingénierie financière adaptée aux besoins, contraintes et possibilités du Congo
A
l’issue de ses travaux, un rapport sera remis au Président de la République, ce
comité donnera naissance au Conseil National de Sécurité Nationale doté d’un
système de financement innovant, favorisant la création d’un Fond Stratégique
National (FSN) pour la mise en chantier des grands travaux économiques.
III - Axe de la
méthode
- Sensibiliser et informer les PME-PMI au patriotisme économique
- Fédérer les institutions et les organisations professionnelles autour de l’intérêt national
- Mettre en place une campagne de communication sous la forme d’une plate forme multimodale d’accès à l’information stratégique (guichet unique de l’information) utiles aux décideurs économique et politique
- Mener une veille stratégique sur les principales évolutions et défis auxquels est confrontée l’économie congolaise
- Développer l’influence de la RDC dans les organisations sous régionales dans un premier temps….
Si notre plus grand
désir est de participer au réveil du géant, il est temps de passer de la
compétence individuelle des congolais à l’intelligence collective du Congo,
pour garder dans la sous région notre liberté, notre cohésion sociale et notre
capacité à peser les économies de la SADC ainsi que celles de la CEMAC. Mais
sachez que parler ne fait pas cuire le manioc…agissons !
3 commentaires:
je répond au nom de Donatien LUBOYA KASONGO, chercheur dans le domaine d'intelligence économique et stratégique. j'ai eu à poster sur le site mémoireonline mon travail de fin d'études académiques intitulé: "Intégration de l'intelligence économique dans les pratiques managériales des entreprises congolaises" et j'aimerais avoir vos coordonnées pour des contacts et des séances de travail dans ce field
me contacter sur dolkydonat@gmail.com; dolkydonat@yahoo.fr 00243811880022 00243992734392
suis ravi
Depuis 8 ans...
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