L’économie de la connaissance : genèse du concept
Contrairement à comme ce que
donnait à penser la référence à la notion de « nouvelle économie »,
popularisée dans les années 1990, l’avènement de l’économie de la connaissance
résulte d’un processus de long terme plutôt que d’une discontinuité brutale.
Ses origines ont aussi été fortement territorialisées : les pays les plus
développés, et singulièrement les Etats-Unis, en ont été les principaux
acteurs. L’idée que certaines activités immatérielles liées à la recherche et à
l’éducation jouent un rôle de plus en plus déterminant dans la croissance des
économies contemporaines doit ainsi beaucoup aux travaux d’économistes
américains comme Kenneth Arrow, Fritz Machlup ou Gary Becker dans les années
1960 ou à ceux des théoriciens de la croissance endogène comme David Romer dans
les années 1980. Il ressort de leurs analyses que la connaissance un type de
bien particulier, un « bien public ».
Elle est difficilement
contrôlable et appropriable par l’entité qui le produit et l’usage ne la
détruit pas, pas plus qu’il n’a de coût additionnel. Or la combinaison de ces
deux propriétés pose un problème d’ »utilisation optimale » :
comment concilier un usage sans limite avec la nécessité de doter ceux qui
produisent la connaissance de moyens pur en contrôler la circulation ? Ce
« dilemme de la connaissance » implique de concevoir des
« arrangements institutionnels », qui ont pour fonction de produire
la connaissance et de l’allouer de façon efficiente. On eut ainsi avancé l’idée
que c’est parce qu’ils ont réussi à mettre en place des arrangements
institutionnels particulièrement efficaces que les Etats-Unis ont imposé leur leadership.
C’est entre les années 1930 et
la première décennie du XXIe siècle que l’économie américaine s’est muée en une
économie de la connaissance. Cette mutation s’est opérée plus tôt et a été plus
radicale que dans le reste du monde. Impulsée, dans un premier temps, par une
intervention directe des pouvoirs publics dans l’orientation et le financement
d’une politique nationale de recherche et de développement, elle a ensuite
principalement résulté de l’encouragement à l’innovation et des dynamiques
locales qu’ont suscité les synergies entre universités et entreprises.
DB CONSEILS résume pour vous, les caractéristiques de base pour parler d'économie de la création en Afrique francophone: le désir, l’outil, le marché
La création, qu’elle prenne
place dans les industries de la création ou dans l’innovation, repose sur une
logique de remise en cause de règles établies, et de prise de risque
importante. Les principales caractéristiques des économies de la création
peuvent être résumées en trois mots :
le désir, l’outil, le marché.
Le
terme de marché renvoie à une concurrence poussée à son paroxysme : les
industries de la création, comme l’entrepreneuriat innovant, impliquent une
abondance de propositions, celles des manuscrits envoyés aux éditeurs ou des
livres publiés, celle des projets d’entreprises soumis aux différents types
d’investisseurs ou des entreprises effectivement
créées. Dans un cas comme dans l’autre, de cette surabondance n’émergera qu’un
nombre très limité de réussites. C’est là une caractéristique structurelle de l’économie
de la création. Le dynamisme à l’œuvre peut être qualifié de
« schumpétérien » c’est-à-dire relevant pus que d’une destruction
créatrice, d’une création destructrice : un créateur est dans une logique
de différenciation, et de remise en cause des codes établis, donc de
« dépréciation » des créateurs établis.
L’idée de désir traduit le
primat de l’individu et de la subjectivité dans ces activités. Les projets
naissent de désirs, désirs d’expression ou d’entreprendre, et n’ont d’autre
justification que celle de la conviction subjective de leurs porteurs : un
réalisateur qui croit en son film ou un entrepreneur en son idée. Aucune
rationalisation à priori de leur projet, s’il se veut créatif ou innovant,
n’est possible. C’est la propriété définie par l’économiste américain Richard
Caves sous le terme de nobody knows
property. La conséquence est que ces économies sont portées à la
starification, les créateurs ayant fait leurs preuves étant perçus comme des
garanties de succès de leurs nouveaux projets. Cette caractéristique accroît la
difficulté d'accès aux moyens de production et de diffusion des nouveaux
créateurs, et ne favorise donc pas spontanément le dynamisme créatif.
Cette importance de l’accès aux
moyens renvoie au troisième mot-clé : l’outil. Il caractérise l’ensemble
des ressources qui permettent à ces désirs de se réaliser, ou, tout au moins, à
perdurer. Le pinceau du peintre, mais aussi la peinture, la toile et les lieux
d’exposition. L’économie créative n’est pas celle qui réalise tous les désirs,
mais qui facilite l’accès à l’outil de création pour le plus grand nombre, de
sorte que le mécanisme d’hyper-concurrence fonctionne. Celle dans laquelle le
peu de barrières à l’entrée pour des porteurs de désir fait que de l’idée à sa
tentative de réalisation, il n’y aura qu’un pas.
Émergence économique en Afrique francophone: Absence des environnements des possibles
KIGALA - RWANDA |
La clé du fonctionnement de la Silicon Valley repose avant tout sur la génération d’un environnement des possibles. Les idées naissent peut-être un peu plus qu’ailleurs, mais surtout elles sont réalisées plus qu’ailleurs.
Le territoire créatif, au sens
de porteur d’un dynamisme endogène, est celui
qui permet à cette dynamique de s’épanouir. C’est-à-dire qui permette aux
désirs les plus audacieux, souvent aussi les plus fragiles, de croire en leurs
chances d’accéder aux ressources nécessaires à leur réalisation. Celui dans
lequel deux jeunes entrepreneurs qui rêvent à une startup se lancent car ils savent qu’ils trouveront des coéquipiers
motivés, des financements, des équipes, et des oreilles attentives pour la
diffusion de leurs productions.
Les industries de la création
« Industries de la création » est la traduction de creative industries. La notion d’industrie y prend le sens anglo-saxon de « secteur ». Ce sont les secteurs qui reposent sur la créativité individuelle, et qui présentent des caractéristiques similaires dans leurs modalités de fonctionnement. Le DCMS, ministère de la culture, des médias et du sport britannique, les a définies de manière extensive par une liste de 11 secteurs : arts, cinéma, jeux vidéo, architecture, publicité, design, radio et télévision, presse, édition, musées, joaillerie. Des secteurs comme la parfumerie et la haute cuisine ne sont pas incluses dans cette définition, mais se rattachent aux industries de la création puisqu’ils en présentent les mêmes caractéristiques : forte incertitude et importance des talents.
L’engouement autour de la notion de territoire créatif intrigue. Certes, elle s’inscrit dans un paradigme plus général, lui-même largement accepté : celui d’une économie de la connaissance en train de se dessiner. L’économie de la connaissance peut être vue comme un agrégat de secteurs considérés comme stratégiques pour les économies occidentales : innovation, éducation, économie numérique, industries de la création … elle peut aussi être vue comme un nouveau régime économique dans lequel le territoire se substitue à la grande entreprise comme unité de base du dynamise. Dans l’économie de la connaissance, des projets se forment, et sont mis en œuvre via la réunion ad hoc des ressources qu’ils nécessitent.
Le territoire assure la disponibilité de ces ressources : une main d’œuvre qualifiée, des technologies, des financements… les deux grands modèles historiques du cinéma hollywoodien illustrent cette opposition : à la grande époque des studios, ceux-ci détenaient des équipements de tournage (studios physiques, décors, costumes …) et salariaient à l’année les différents intervenants, artistes et techniciens. Dans le fonctionnement actuel, des organisations se constituent pour la réalisation d’un film particulier, en réunissant un grand nombre de personnes disponibles sur le territoire
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