STRATÉGIE ET INTELLIGENCE POLITIQUE
Thème 3
2012 : LES NOIRS DE France EN PANNE DE CONTRIBUTIONS POUR LA RÉPUBLIQUE
« Réfléchir aujourd'hui pour agir demain »
Par Patrice PASSY
Conseil en Intelligence stratégique et communication d’influence
Conseil en Intelligence stratégique et communication d’influence
2011…Si le but principal de nos évènements de réseautage est de « réfléchir pour agir demain », c'est parce que nous souhaitons grâce à nos Conversations Stratégiques construire notre avenir en France, plutôt que d'attendre les prévisions des autres. Notre expérience de la France politique et économique, nous a vite fait comprendre que les ressources sur lesquelles nous construirons cet avenir doivent être imaginées au cours de nos constructions, au lieu d'être gérer comme un héritage, un don post colonial. Soyons en convaincus chers membres de la communauté économique franco-africaine, chers afro-français, chers bi-nationaux, chers amis de la France : les clés de nos succès ne sont pas dans les ressources disponibles aujourd'hui, mais dans notre détermination stratégique à en trouver de nouvelles, fruit de notre travail acharné, de la puissance de nos convictions et de la nouvelle volonté d’émerger lourdement en France.
IL EST TEMPS DE RELANCER NOS CONVERSATIONS STRATEGIQUES POUR 2012 ET SURTOUT 2017
Cette nouvelle dynamique communautaire comporte à mon humble avis quatre axes de travail :
- évaluation ex ante de notre présence depuis 1960,
- analyse stratégique et définition d'une vision stratégique de notre communauté
- les stratégies de développement des moyens d'actions et financiers
- maillage national des réseaux et organisations d’événements de réseautage pour la naissance et le maintien de la cohésion du groupe.
But revendiqué : reconfigurer le « partage du sensible » qui va définir et orienter nos actions communautaires sans étouffer les aspirations individuelles
POURQUOI ?
1. Parce que face aux enjeux de notre République et à ceux des diasporas africaines, notre vision stratégique concernant l'avenir proche et lointain tarde à prendre forme et aussi se faire connaître. Tout déficit à l’heure des rabotages tout azimut est dangereux. Une « communauté déchet » n’a pas de chance pour tenir longtemps debout, dans la guerre des identités que la mondialisation a de manière subséquente enclenchée.
2. Parce que la fonction stratégique des élites et des acteurs politiques issue des diasporas africaines est inconnue des décideurs nationaux. Or il y a de plus en plus urgence face aux enjeux multiformes, complexes auxquels la République est confrontée.
Exemple : la France dispose d’une politique africaine pour ses ex-colonies, en revanche celle-ci ni collectivement, ni individuellement n’existe pas dans les ex-Républiques Sœurs d’Afrique. Un travail collectif peut être monté en puissance pour mieux informer et modifier la nature même des rapports entre la France et l’Afrique francophone. Critiquer les mécanismes et les travers de la Francafrique est certes louable, mais sans effets réels, car les intérêts colossaux entre les différentes structures n’aiment pas les incertitudes, les démocrates "non amis de la France", etc. Quelle réflexion-action sur l’immigration africaine, quelles actions concrètes relatives aux rapports entre la banque de France et les Banques centrales africaines ? De nombreux africains vont être admis à la retraite en France dans 10 ans, alors qu’ils n’auront pas suffisamment cotisés, une misère annoncée se profile dans moins de 10 ans, quelle stratégie de lobbying pour ces retraités de 3e zone qui vont pour la plupart se retrouver dans la rue sans minima sociaux et prestations sociales. Comment redéfinir la politique criminelle dans les banlieues ? Marine Le Pen et le Noir de France, dialogue interculturel en 2012. Les APE (Accords de Partenariat Economique) vont décimer les économies africaines avant 2030 pour les réduire dans un cycle d’esclavage économique avancé, quelle contribution des élites afro-françaises ? Silence…la guerre des retards se perd sur le terrain de la pensée, des idées, et de la connaissance, chers lecteurs. Avoir un sous-sol riche ne suffit pas.
3. Parce que notre communauté économique aveugle, aphone et non stratège, est sans prospective constante sur la durée et dans l’adversité. Ces absences et non présences, nous fixent toujours en périphérie et non au centre des stratégies nationales. L'enjeu est de taille, car il s'agit pour réussir notre dynamique communautaire, de transformer en profondeur nos habitudes et lacunes culturelles, qui renvoient à une forte dichotomie entre, la réalisation d'un projet communautaire (individuel ou collectif) et la gestion des contraintes, des impératifs liés à l'efficacité de ces actions à mener. Deux logiques souvent contradictoires et rarement bien menées par les acteurs économique et politique de la communauté.
Parler ne fait pas cuire le manioc, AGISSONS...!
Mais cette fois-ci faisons-le avec méthode pour être efficace et visible. Il est bon de savoir que :
Ø Sans analyse stratégique et anticipation, il est difficile de comprendre la marche de l'économie française dans l’Europe, et ses enjeux. Par voie de conséquence, il nous sera impossible d'établir des cadres stratégiques d'organisation communautaire.
Ø Sans compréhension des enjeux, il est impossible de prendre conscience des effets direct et indirect liés à la complexification croissante de l'économie européenne sur notre communauté. La guerre des idées est terriblement violente et sans affect dans le monde d’aujourd’hui, toute communauté qui se nourrit des idées des autres est vouée à l’esclavage intellectuel. Il reste très peu de temps, avant le fossé ne soit irréversible, et il n’y a plus de raisons d’être absent dans la République des idées.
Ø Sans compétences, sans maitrise des savoirs, de l'économie de la connaissance, nous ne serons que des consommateurs sans prise sur notre finitude et notre réel. Il est à noter, que nous ne faisons que consommer bêtement les « habitacles conçus » par les autres pour nous depuis près de 200 ans.
Critiquer, se plaindre, manifester ne font jamais cuire le manioc…et la communauté a toujours faim. AGISSONS…!
Dernier point : il faut resserrer les rangs. Finie l'époque des rangs dispersés. « Tout le monde veut être un baobab en France » soit, mais sans racines profondes chez les gaulois et dans sa communauté, c'est une course vaine au succès éphémère. Un ministre de la diversité ne produira jamais un effet de levier. Dans cette France de réseaux et de corporations, que personne ne s'imagine une réussite individuelle spontanée en France. En France, la réussite n'est pas et ne sera jamais pour toi et moi, une génération spontanée, il faut se construire et construire en France, cela est valable pour tout le monde, surtout pour les apprentis sorciers, les anarcho-profito-situationnistes et les griots éhontés.
En occident, la culture judéo-chrétienne rend mal aisée toute demande d’aide, c’est le signe de son échec, de son incapacité, les afro-français ont érigé la demande d’aide en stratégie de survie et de reconnaissance de son imbécilité. En face, on vous répondra par le sourire et les allocations…nous n’avons pas les mêmes valeurs.
En 2011…demander de l’AIDE chaque jour, ne fait pas cuire le manioc. AGISSONS… !
Que faire ?
La force de notre « toile d’araignée nationale » sera dans sa capacité à accroitre sa liberté d'action en multipliant les sources de financements donc d'autonomie, les contacts, les actions et propositions pour concentrer finalement ses efforts en un point donné, en fonction des objectifs du moment.
Dès lors, il est évident que la forme de la toile (qui ? quand ? où ?) sera fonction du projet (pourquoi ?) et de l'environnement pertinent (comment ?). A ce jour les projets concertés et pertinents comme réponses aux attentes de la République manquent ou se font attendre. N’ayez pas peur, la France vous aime, elle n'attend de vous que des stratégies toile d’araignée nationale pertinentes.
Parler ne fait pas cuire le manioc, AGISSONS...!
Ne pas agir en homme de pensées et penser en homme d'action nous enseigne le philosophe Bergson.
Problèmes à résoudre avant d’agir
1. Il est clair qu'en ce qui concerne la communauté économique franco-africaine, la dénomination vient en premier par rapport au réel. Parce qu'une communauté n'existe comme telle que par sa construction sociale et par la mise en place d'un travail de représentation du groupe. C'est le principal facteur bloquant la mise en place d'une stratégie réseau pertinente.
2. La difficulté à mettre en commun nos intérêts multiples ne serait-ce qu'en fonction des échéances de 2012 ou des contraintes externes est notre principal point faible. Telle est notre quotidien, s'y étendre serait cruel.
Nous avons relevé plusieurs facteurs bloquant, fragilisant, et infériorisant.
a. Nous (les afro-français) nous sommes enfermés dans le piège du discours justificatif, revendicatif, nous aimons faire allégeance à tous, sauf à nous-mêmes. La colonisation est passée par là, un colonisé a souvent des troubles d’identité, de positionnement et de prise de parole, cela se traduit par un manque de confiance en soi. La solution se trouve toujours dans les mains du maitre, donc, on continue à faire confiance à ce qui vient d’ailleurs jamais de soi-même. En Afrique francophone, chaque fois qu’une difficulté majeure jaillit, c’est à Paris que se trouve la solution. Du chef de l'Etat jusqu'au jeune désœuvré, tous à l'unissons vous feront comprendre que la solution du blanc est plus rassurante. Les solutions internes sont toujours torpillées de l’intérieur, la raison : le manque de confiance. Au cours de mes missions de conseils en Afrique francophone (Cote d'Ivoire, Sénégal, Bénin, Congo-Brazzaville, Congo-Kinshasa), votre adjoint "blanc" que vous payez, sera le premier à qui on va serrer la main. Passons ! En France, « le blanc » est bien meilleur que mon frère, sa solution va forcément être juste. Résultat : autant s’associer à lui que de se souder à un sénégalais, congolais, malien, ivoirien, camerounais, le reste est bien connu. Comme si cela ne suffisait pas, nous avons fait montre en France à chaque douleur, de notre incapacité à dissuader et/ou attaquer par l'information et la communication d’influence de manière offensive ou défensive, chaque fois que la communauté ou l'un de ses membres est mis en cause. Toute action n’atteint son but que, lorsqu’une association bien française s’en charge. Pourquoi ?
Nous vous espérons nombreux à nos futures conversation stratégique de 2012 (le temps de régler les aspects financiers) pour vous donner les éléments de compréhension.
Nous vous espérons nombreux à nos futures conversation stratégique de 2012 (le temps de régler les aspects financiers) pour vous donner les éléments de compréhension.
b. Il y a un fait important, la rétention de l'information à titre personnel ou communautaire. L'information n'est pas encore comprise comme un outil de travail, d'animation, de rassemblement, mais un enjeu du pouvoir. La conséquence est le cloisonnement entretenu entre collecte, traitement, analyse et diffusion des informations utiles à la mise en place des actions communautaires.
c. Les chinois disent : » parler ne fait pas cuire le riz ». Cette propension étonnante que nous avons au cours de nos réunions, forums, colloques à disserter sur les opinions et non sur les faits, donne malheureusement, la priorité à la théorisation et aux idées abstraites, oubliant l'essentiel, c'est-à-dire proposer des solutions quantifiable et mesurable visant à résoudre les problèmes quotidiens pour lesquels la République des idées attend nos projets clés en main comme participation au processus national d’échanges et de mutualisation d’intérêts et d’actions.
A chaque fois que cette question est posée : Où sont vos projets ?
- Réponse : un silence gêné, des rires idiots ou des murmures dans la salle.
- Quand, le projet a le bonheur d'exister, à la question subséquente comment comptez-vous vous organiser ?
- Généralement on construit des châteaux dans le désert du Sahara ou, on déroule une phraséologie nébuleuse en guise de réponse.
Faire que parler ne rassemble personne…AGISSONS…!
d. Notre incapacité à développer une confluence d'intérêts communautaire est patente.
Conséquence :
- faible capacité de lobbying,
- impossibilité de levée de fonds,
- faible capacité de mobilisation,
- gestion malhabile de l'information stratégique,
- inaptitude à se valoriser et à valoriser une nouvelle image de nous-mêmes.
- A cela s'ajoute un manque de communication intercommunautaire, d'interaction, de coordination entre les différentes organisations et actions communautaires.
- N'oublions pas l'absence de management des compétences, aucune gestion ordonnée des pôles d'intégration, de compétence et d'émulation communautaire.
e. La permanence des conflits d'intérêts personnels est la principale cause, ainsi que la transposition sur le sol français des conflits régionaux ou ethniques africains.
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L'intérêt général n'est pas encore une source de motivation, d'efficacité, d'entraide et de réussite. Pour avoir mal compris l'individualisme et ses exigences en démocratie, les anarcho-profito-situationnistes font voler en éclats tout effort de construction communautaire.
f. Il est curieux de constater notre gestion malhabile du secret et parfois son ignorance. Or, toutes les communautés en France ont besoin de secret. Au commencement il suffit de se taire sur votre organisation stratégique. A force de se pavaner, de se plaindre, d'être jaloux de la réussite de son frère, de vouloir plaire à l'Autre et d'étaler nos divisions au grand jour dès que possible, nous avons commis l'impardonnable : être une communauté sans secret. Le secret est une arme, un enjeu, une protection, un rapport de force, un pouvoir. Pour en savoir plus, inscrivez-vous à la prochaine Conversation Stratégique.
Pourquoi sommes-nous la communauté la moins imperméable ?
La principale cause est la porosité de notre socle commun de croyances et de représentations symbolique et identitaire. A cela s'ajoute pour des raisons historiques, une absence de processus de valorisation et de coproduction des connaissances du fait d'une vision non collective de la finalité du monde, de l'information collective, et de nos actions communautaire.
La dissolution de l'individu dans la communauté occulte toute culture des responsabilités, éteint le sens et le goût de l'effort dans la durée. Aucune communauté ne s'est construite autour de l'aide, de la compassion, du bon vouloir de l'Autre.
Face à ce qui précède, notre exigence la plus profonde devient : donner un sens à notre présence en France. Créer une dynamique nouvelle, tant d'échecs éloigne et nous éloigne des Autres, nous ne sommes pas les damnés de la France, sachez-le.
Il s'agit dès à présent d'apporter un contenu clair, en d'autres termes que nos élites, nos acteurs économiques et politiques puissent fournir une explication qui rende intelligible ou réaliste notre sens signifiant. Le sens signifiant en l'espèce est le cadre référentiel décrivant les fondements de nos actions futures (besoins de la communauté dans la République, attentes de la République envers nous, eh…oui). Le sens signifiant est aussi un cadre de décisions et d'orientation (but de l'intervention, pratique de nos actions, les effets d'ensemble.) et enfin le cadre normatif (règles du vivre et de l'agir ensemble dans nos communautés en conformité avec la loi républicaine).
A nous, face au discours qui fait justification à tout, qui s'estime prouvé par tout ce qu'on lui oppose, D'EMERGER ET DE SE POSITIONNER…Merci
A nous, face au discours qui fait justification à tout, qui s'estime prouvé par tout ce qu'on lui oppose, D'EMERGER ET DE SE POSITIONNER…Merci
Prochain billet : les stratégies d’émergence et de positionnement des NOIRS dans la République de 2012.